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Works John Chrysostom (344-407) In Matthaeum homiliae I-XC Commentaire sur l'Evangile selon Saint Matthieu
HOMÉLIE XV

9.

Ainsi donc ne vous affligez, ni ne vous découragez point, puisque les apôtres même « ont été aux uns une odeur de mort, et aux autres une odeur de vie. » (II Cor. II, 16.) Pourvu que vous ne donniez aucun sujet aux calomnies, vous serez exempts de faute, et les invectives ne feront que redoubler votre gloire. Que votre vie éclate en vertu et en sainteté, et après cela méprisez tous les calomniateurs. Car il est impossible qu’une grande vertu n’ait pas toujours beaucoup d’ennemis. Mais elle est hors d’atteinte à tous leurs efforts; et en la combattant ils ne servent qu’à la rendre plus illustre.

Que ces considérations, mes frères, nous portent à n’être attentifs qu’à une seule chose, qui est de bien régler toute notre vie. Ce sera ainsi que nous pourrons éclairer ceux qui sont assis dans l’ombre de la mort, et les attirer à la lumière et à la vie de Dieu. La force de cette lumière est telle, qu’elle peut non-seulement éclairer les hommes en cette vie, mais les conduire même jusqu’en l’autre, pourvu qu’ils-la suivent. Lorsqu’ils verront le mépris que nous avons pour tout ce qu’il y a sur la terre, et notre attente continuelle des biens du ciel, ils seront incomparablement plus touchés de nos actions, que de tout ce que nous leur pourrions dire. Car quel est l’homme, si stupide qu’on le suppose, qui, envoyant une personne plongée un peu auparavant dans l’amour des plaisirs et des richesses, se délivrer tout d’un coup de cet esclavage, s’élever à Dieu comme si elle avait des ailes, être prête à souffrir la faim, la pauvreté, et toutes sortes de travaux, et courir aux périls, à la mort, et à tout ce que les autres regardent comme effroyable, quel est, dis-je, l’homme qui ne regarde ce changement comme une preuve certaine des biens invisibles d’une autre vie? Que si l’on voit au contraire que nous nous embarrassions dans les soins et dans l’amour des choses d’ici-bas , comment pourra-t-on croire que nous soupirions après la félicité du ciel ? Qui pourra excuser notre lâcheté, lorsque le respect et la crainte que nous devons à Dieu, n’aura pas eu sur nous la même force qu’a sur les sages du monde, l’amour de la gloire?

On a vu quelquefois ces philosophes superbes renoncer à toutes les richesses, et mépriser la mort, seulement pour s’acquérir de l’estime parmi les hommes. Ils ont fait toutes ces choses, n’ayant pour fruit et pour espérance que la vanité. Mais quelle excuse nous reste-t-il à nous autres, qui attendons une récompense si ineffable, et qui avons reçu de si grandes lumières, si nous ne faisons pas même ce que ces philosophes ont fait, et si au lieu d’user de ces grâces pour notre salut, nous nous perdons nous-mêmes, et les autres avec nous? Un païen qui pèche est beaucoup moins coupable qu’un chrétien qui tombe dans la même faute. Et la raison en est claire, puisque toute la gloire qu’attendent ces premiers, est une gloire corruptible et périssable, et que la nôtre au contraire est aujourd’hui, par la grâce de Dieu, reconnue et respectée même par les impies. C’est pourquoi lorsque les païens veulent nous faire ,un grand reproche, et nous couvrir de confusion, ils nous disent : vous faites cela vous, un chrétien? Ce qu’ils ne diraient pas sans doute, s’ils n’avaient une grande idée de notre religion.

Ne savez-vous pas combien Jésus-Christ vous a donné de préceptes, et combien est pur ce qu’il vous commande? Comment pourrez-vous obéir à un seul des commandements qu’il vous fait, puisqu’au lieu de vous y appliquer, vous courez de tous côtés pour recueillir l’argent de vos injustices; vous ajoutez usure sur usure; vous vous occupez à un commerce et à un trafic indigne de vous, vous ne pensez qu’à acheter des troupes d’esclaves, des vases d’argent, des terres, des maisons, et des ameublements à l’infini? Encore plût à Dieu que vous en demeurassiez-là! Mais lorsqu’à ces bassesses, vous joignez encore l’injustice; que vous ajoutez à vos terres les terres de vos voisins, que vous enlevez les maisons des autres;que vous opprimez le pauvre; et que vous augmentez la misère de ceux qui meurent de faim, comment serez-vous dignes de mettre seulement le pied sur le seuil de cette église?

Mais peut-être que vous faites quelques aumônes aux pauvres. Je le sais: mais je sais aussi combien il se mêle de corruption dans ces aumônes. Car ou vous les faites avec le sentiment d’un orgueil satisfait; ou pour vous acquérir une vaine gloire parmi les hommes, et ainsi ces bonnes oeuvres sont sans récompense. N’êtes-vous donc pas bien malheureux de vous nuire de la sorte en faisant du bien, et de trouver le naufrage dans le port? Ainsi pour éviter ce malheur; lorsque vous faites quelque bien, n’en attendez pas la récompense d’un homme, afin que Dieu même vous la (122) doive. C’est lui qui a dit: « Prêtez sans en rien espérer. » (Luc, VI, 35.) Puisqu’un Dieu qui est si riche, se charge de vous payer cette dette, comment pouvez-vous l’exiger d’un homme, et d’un homme qui est si pauvre? Ce débiteur adorable se fâche-t-il, lorsqu’on exige de lui ce qu’il doit? Est-il pauvre, ou dissimule-t-il de payer sa dette? Ne savez-vous pas que ses trésors sont inépuisables, et sa libéralité infinie et incompréhensible? adressez-vous donc à lui; importunez-le; pressez-le de vous payer, parce qu’il prend plaisir à ce qu’on l’importune de la sorte. Lorsqu’il voit qu’on exige d’un autre ce qu’il doit, il le tient à injure et alors il ne pense plus à payer ce qu’il devait, mais à se venger de l’injustice qui lui est faite. Suis-je un ingrat, vous dit-il alors; ou avez-vous trouvé que je sois pauvre, pour ne vous adresser pas à moi, afin que je vous paye, et pour avoir recours à un homme? vous avez prêté à l’un, et vous exigez de l’autre le payement? A la vérité c’est un homme qui a reçu, mais c’est Dieu qui a commandé de donner. C’est lui qui est votre principal débiteur. C’est lui qui répond de votre argent, qui est votre caution, et qui vous fait naître une infinité d’occasions d’exiger de lui ce qu’il vous doit. Ne quittez donc pas cette facilité que vous trouvez auprès de Dieu à vous faire payer, pour vous adresser à un homme qui n’a rien.

Car pourquoi me considérez-vous moi, ou quelque homme que ce soit, quand vous faites une action de miséricorde? Est-ce moi qui vous ai commandé de la faire? Est-ce moi qui vous en ai promis la récompense? N’est-ce pas Dieu même qui a dit: « Celui qui a compassion du pauvre, donne son argent à usure à Dieu? » (Prov. IX, 17.) Puis donc que c’est Dieu qui vous est redevable, adressez-vous à lui. Vous dites qu’il ne vous payera pas toute votre dette en cette vie. Mais c’est pour votre avantage, qu’il diffère de vous la payer ailleurs. Dieu ne fait pas comme les hommes qui se hâtent de rendre seulement ce qu’on leur avait prêté. Il pense à assurer et à multiplier votre principal. C’est pourquoi il veut qu’ici vous lui donniez beaucoup à usure, et il vous réserve un trésor ailleurs.

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