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Works John Chrysostom (344-407) In Matthaeum homiliae I-XC Commentaire sur l'Evangile selon Saint Matthieu
HOMÉLIE XVI

1.

Qui pouvait avoir eu cette pensée? ou qui l’avait pu accuser de cela pour qu’il se soit cru obligé d’y répondre? Il n’y avait rien dans toutes ses paroles qui pût donner lieu à ce soupçon. Le commandement qu’il faisait d’être doux, humbles, miséricordieux, d’avoir le coeur pur et de combattre pour la justice, n’indiquait point qu’il voulût détruire la loi, mais faisait voir tout le contraire. Pourquoi donc parle-t-il de la sorte? Ce n’est pas sans intention et sans raison. Il allait établir des lois plus parfaites que celles de l’Ancien Testament et dire: « Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens: vous ne tuerez point (21); » et moi je vous défends le moindre mouvement de colère. Il allait tracer une voie et une conduite toute céleste et toute divine. Afin donc que cette nouveauté ne surprit pas ses auditeurs et ne leur donnât point lieu de s’élever contre ce qu’il disait, il commence d’abord par ces paroles: « Ne pensez pas que je sois venu détruire la loi ou les prophètes. Je ne suis pas venu les détruire, mais les accomplir (17). Quoique les Juifs n’observassent pas la loi et que leur conscience leur reprochât de la violer tous les jours par leurs actions déréglées, ils ne laissaient pas néanmoins d’en être extraordinaire. ment jaloux et ils voulaient que la lettre et les paroles en demeurassent inviolables, sans qu’il fût permis à personne d’y rien ajouter. Ils ont souffert néanmoins des additions que leurs prêtres y ont faites, non pour la perfectionner, mais pour la détruire. C’est par ces additions qu’ils ruinaient le commandement que Dieu fait d’honorer ses parents et plusieurs autres choses semblables. Comme donc Jésus-Christ ne venait point de la tribu sacerdotale et que les additions qu’il allait faire à la loi, n’allaient point à détruire la loi, mais à la rendre plus parfaite, prévoyant que ces deux choses troubleraient les Juifs, il prévient leurs esprits par cette parole, avant que de leur annoncer des vérités si sublimes et si relevées.

Ce qu’il avait à craindre en leur parlant, c’était qu’ils ne s’imaginassent qu’il eût dessein d’abolir l’ancienne loi. C’est cette maladie de leur esprit qu’il veut guérir ici d’abord, comme il lâche de le faire encore ailleurs. Car comme les Juifs croyaient qu’il était l’ennemi de Dieu, (126) parce qu’il ne gardait pas le sabbat, il a bien voulu leur ôter ce soupçon, tantôt par des raisons proportionnées à sa divinité, comme lorsqu’il dit: « Mon Père, depuis le commencement du monde jusqu’aujourd’hui ne cesse point d’agir, et moi j’agis aussi avec lui. » (Jean, V, 17.) Tantôt par d’autres pleines d’une admirable condescendance, comme lorsqu’il leur apporte l’exemple de la brebis qui est en danger de périr au jour du sabbat et qu’il montre qu’on viole la loi pour empêcher une bête de mourir. Il y joint encore l’exemple de la circoncision qu’on donnait aussi au jour du sabbat. C’est pour cette même raison qu’il use souvent de termes si humbles, afin d’ôter aux hommes tout sujet de le regarder comme un ennemi de Dieu.

C’est dans ce dessein qu’ayant tant de fois ressuscité les morts par sa seule parole, il voulut avant que de ressusciter Lazare , adresser sa prière à son Père. Et pour montrer en même temps que cette déférence ne le rendait point inférieur à son Père, il ajoute aussitôt pour prévenir cette pensée « Je dis ceci pour ce peuple qui nous environne, afin qu’ils croient que c’est vous qui m’avez envoyé. » (Jean, 11,42.) Ainsi par un mélange admirable, il ne se conduit pas car toutes choses comme ayant une souveraine puissance, afin de guérir ainsi leur faiblesse, et il ne prie pas aussi son Père toutes les fois qu’il fait des miracles, afin de ne donner sujet à personne de le soupçonner de faiblesse et d’impuissance, mais il allie divinement sa grandeur avec son humilité et son humilité avec sa grandeur.

Il use encore de ce même tempérament en diverses rencontres, avec une sagesse admirable. Car, agissant dans les plus grandes choses par lui-même et par sa propre puissance, il lève les yeux au ciel et il prie son Père dans celles qui sont beaucoup moindres. Lorsqu’il remet les péchés, qu’il révèle les secrets des coeurs, qu’il ouvre le paradis, qu’il chasse les démons, qu’il guérit les lépreux, qu’il calme la mer, qu’il ressuscite une infinité de morts, il le fait en commandant. Mais lorsqu’il fait d’autres actions beaucoup moindres, comme de multiplier des pains, il regarde alors vers le ciel. Lors donc qu’il s’adressait à son Père et qu’il priait, il faisait bien voir que ce n’était pas par faiblesse et par impuissance. Car comment celui qui faisait les plus grandes choses par son autorité propre, eût-il eu besoin de prier pour en faire de plus petites? Mais comme j’ai déjà dit, il agit de la sorte pour fermer la bouche à ses ennemis et pour arrêter leur insolence.

Raisonnez de même lorsque vous voyez dans l’Evangile que Jésus-Christ parle humblement de lui-même. Il gardait cette conduite dans ses paroles et dans ses actions pour plusieurs raisons, parce qu’il voulait empêcher qu’on ne le crût étranger à Dieu ou pour instruire et guérir nos âmes : ou pour nous donner un grand exemple d’humilité, ou parce qu’il était revêtu de notre chair, ou parce que les Juifs n’auraient pu comprendre les vérités, s’il les leur avait dites toutes ensemble ; ou enfin pour leur apprendre, en se rabaissant de la sorte, à fuir la présomption et la vanité dans tous leurs discours.

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