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Works John Chrysostom (344-407) In Matthaeum homiliae I-XC Commentaire sur l'Evangile selon Saint Matthieu
HOMÉLIE XVII

4.

« Il a été dit encore: Quiconque veut quitter sa femme, qu’il lui donne un écrit par lequel il déclare qu’il la répudie (31). Mais « moi je vous dis que quiconque quitte sa femme, si ce n’est en cas de fornication, la fait devenir adultère, et que quiconque épouse celle que son mari aura quittée, commet un adultère (32) .» Jésus-Christ ne passe à ces ordonnances plus hautes qu’après avoir purifié tout ce qu’il y avait de plus grossier. Car il nous apprend encore ici une autre espèce d’adultère. Il y avait une loi qui permettait à un homme qui avait conçu de l’aversion pour sa femme pour quelque sujet que ce fût, de la quitter et d’en prendre une autre, pourvu qu’on lui donnât un écrit par lequel il déclarait qu’il la répudiait, afin qu’il ne fût plus permis à cette femme de le reprendre pour mari, et qu’au moins cette ombre de mariage subsistât. Car si le législateur n’eût apporté cette restriction, et qu’il eût simplement permis à un homme de répudier sa femme pour en prendre une autre, et de reprendre ensuite la première, ç’aurait été une confusion effroyable : les hommes auraient pris ainsi les femmes les uns des autres, ce qui aurait été une suite continuelle d’adultères.

C’est pourquoi cet écrit de répudiation était une admirable invention de la sagesse de Dieu; car cette loi s’opposait encore à un autre mal bien plus grand. Si Dieu eût contraint les Juifs de retenir leur femme chez eux, lors même qu’ils la haïssaient, ils eussent pu se porter quelquefois jusqu’à la tuer. Telle était l’humeur brutale de cette nation. S’ils ne pardonnaient pas à leurs enfants, s’ils tuaient les prophètes, s’ils répandaient le sang comme l’eau, combien auraient-ils moins épargné leurs femmes? C’est pourquoi Dieu souffrait un moindre mal, afin d’en empêcher un plus grand. Car Jésus-Christ fait assez voir que ce n’était pas là l’intention principale de Dieu, lorsqu’il dit : « Moïse vous a permis cela à cause de la dureté de votre coeur (Matth. XIX, 8), » pour vous empêcher de tuer vos femmes dans vos maisons, en vous permettant de les chasser. Mais comme il avait déjà condamné la colère et défendu non-seulement l’homicide, mais encore le moindre mouvement de haine, il lui était plus aisé d’établir cette loi touchant les femmes. Il apporte toujours les paroles de l’ancienne loi pour faire voir comme elle s’accorde avec la nouvelle. Car sa doctrine n’est pas une destruction, mais une extension de la loi de Moïse, et, bien loin de la violer, il l’accomplit et la perfectionne.

Remarquez aussi qu’il s’adresse toujours aux hommes : « Celui qui quitte sa femme la fait devenir adultère, et quiconque épouse celle que son mari a quittée, commet un adultère. » Lors même que le premier de ces deux n’épouse point une autre femme, il se rend coupable par cela seul qu’il rend sa femme adultère. Et le second, en prenant la femme d’un autre, commet encore un adultère. Et ne me dites point que cet homme a chassé sa femme. Quoiqu’il l’ait chassée, elle ne cesse pas d’être sa femme. Et de peur qu’en rejetant tout sur le mari, il ne rende la femme trop insolente, il lui ferme aussi à elle la porte d’un second mariage, en disant: « Quiconque épouse celle que son mari a quittée, commet un adultère. » Ainsi il rend en quelque sorte la femme sage malgré elle, en empêchant tout autre de l’épouser, en ne (144) souffrant pas qu’elle cherche les occasions d’irriter son mari contre elle. Car se voyant dans la nécessité, ou d’être toujours avec le mari qu’elle a pris d’abord, ou, si elle est une fois répudiée, de demeurer toute sa vie sans secours et sans assistance, elle se sent comme forcée d’aimer son mari.

Il ne faut pas s’étonner que Jésus-Christ ne parle point en particulier à la femme. Ce sexe est trop faible, et Jésus se contente, en effrayant les hommes, de retenir en même temps les femmes dans leur devoir. Il imite un père qui, ayant un fils débauché, lui épargnerait la honte d’une réprimande, et se contenterait de menacer ceux qui l’auraient jeté dans la débauche, leur commandant de ne le plus voir, et de ne se trouver jamais avec lui.

Si cela vous paraît onéreux, souvenez-vous de ce que le Seigneur a dit d’abord dans les huit béatitudes, et vous le trouverez aisé. Comment, en effet, un homme doux et ami de la paix, comment celui qui est pauvre d’esprit et charitable, répudiera-t-il sa femme? comment celui qui réconcilie les autres serait-il lui-même en guerre avec sa femme? Mais Jésus rend encore cette loi douce et facile d’une autre manière, puisqu’il laisse à l’homme une occasion légitime de répudier sa femme si ce n’est, » dit-il, « en cas de fornication. »Sans cela tout aurait été dans le trouble. Car si Jésus-Christ avait commandé de retenir sa femme après qu’elle se serait abandonnée à un autre, le monde aurait été plein d’adultères.

Vous voyez donc la liaison que ce commandement a avec les autres. Celui qui ne voit point d’un oeil impudique la femme de son prochain, ne commettra pas d’adultère avec elle; et ainsi on ne donnera occasion à personne de répudier sa femme. C’est pourquoi il ne craint point, après cela, d’intimider si fort le mari, en le menaçant d’un grand péril s’il répudie sa femme, et en le rendant coupable de l’adultère où il l’expose. Car de peur qu’on n’entendît de la femme cette parole : « Arrachez votre oeil, » il prévient cette interprétation abusive, lorsqu’il déclare qu’il n’y a qu’un sujet légitime où l’on puisse la répudier.

« Vous avez encore appris qu’il a été dit aux anciens: Vous ne vous parjurerez point; mais « vous vous acquitterez envers le Seigneur des serments que vous lui aurez faits (33). Et moi je vous dis de ne point jurer du tout (34). » Pourquoi Jésus-Christ passe-t-il le commandement qui défend le larcin, pour venir à celui qui regarde le parjure et le faux témoignage? C’est parce que quelquefois celui qui craindrait de dérober ne craindrait pas de se parjurer, et qu’au contraire celui qui craindra le mensonge et le parjure, ne se laissera jamais aller au larcin. Ainsi en détruisant le parjure il détruit le vol, puisque c’est du vol que naît le parjure.

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