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Works John Chrysostom (344-407) In Matthaeum homiliae I-XC Commentaire sur l'Evangile selon Saint Matthieu
HOMÉLIE XIX

3.

Après avoir blâmé ceux qui abusent de la prière, en leur reprochant le lieu qu’ils affectent et leur intention corrompue, et fait voir qu’ils sont plus dignes d’être moqués que d’être exaucés, il enseigne ensuite une excellente manière de prier, à laquelle il attache une grande récompense: « Entrez, dit-il, dans un « lieu retiré de votre maison. » Vous me direz peut-être, ne faut-il point prier dans l’église? Oui, il le faut, mais dans la même disposition de coeur que si vous étiez en un lieu secret. Car Dieu considère toujours le but et la fin qu’on se propose, puisque quand vous entreriez dans le lieu le plus retiré de votre logis, et que vous fermeriez la porte sur vous, si vous le faisiez par vanité, toute cette retraite ne vous servirait de rien. C’est donc avec grande sagesse que Jésus-Christ ajoute ce mot, « afin qu’ils soient vus des hommes. » Quoique vous preniez soin de fermer la porte de votre cabinet, il veut que vous en preniez encore plus de fermer celle de votre coeur et de votre intention. Car on doit toujours combattre et rejeter la vaine gloire, mais particulièrement en priant. Que si lors même que nous sommes exempts de cette passion, nous ne laissons pas d’être égarés et distraits dans nos prières; que sera-ce si nous y apportons une intention si corrompue? Comment nous écouterons-nous nous-mêmes? Et si nous, qui prions et qui sommes dans le besoin, ne nous écoutons pas dans la prière, comment voulons-nous que Dieu nous écoute? Cependant, après tant de menaces que Jésus-.Christ fait ici, il se trouve des personnes qui ont si peu de honte et de retenue dans~les prières, que, si elles sont cachées de corps, elles tâchent de se faire entendre de tout le monde par des exclamations, des soupirs et un fatras de paroles qui les rendent la risée des autres. Un homme trouverait mao. vais qu’on vînt en pleine rue le prier de la sorte, et il repousserait celui qui le ferait. Lorsqu’au contraire quelqu’un prie modestement et comme il convient, tous ceux qui peuvent lui donner sont plus portés à le faire,

Apportons donc à la prière, non la posture du corps, ru les cris de la bouche, mais la ferveur de l’esprit et le cri du coeur. Ne faisons point un bruit qui nous fasse remarquer, ni qui incommode nos frères; mais prions modestement, avec un coeur brisé, devant Dieu, et des larmes répandues en sa présence. Que si vous me dites que vous ne pouvez retenir vos cris dans la douleur dont vous êtes saisi; Je vous réponds que rien n’est plus propre à ceux qui sont touchés de douleur que de prier de la manière que je viens de dire. Moïse, percé de douleur, priait en silence, et Dieu entendit le cri de son coeur, lorsqu’il lui dit: « Pourquoi criez-vous vers moi? » (Exod. XX, 13.) Anne, mère de Samuel (I Rois, I, 12), pria de même sans qu’on entendît sa voix; et il obtint de Dieu tout ce qu’elle voulait, parce que son coeur criait vers lui. Abel aussi criait devant Dieu, non seulement dans son silence, mais même étant mort (Gen. IV, 13), et sou sang élevait au ciel une voix plus puissante et plus forte que le bruit des trompettes. Criez vous-même comme ces saints et je ne vous en empêcherai pas. « Déchirez votre coeur,» comme (160) dit le Prophète, « et non pas vos vêtements. u (Joét, me) « Criez au Seigneur, comme David (Ps. CXXIV), « de la profondeur » où vous vous trouvez, du fond de votre coeur, et faites que rotre oraison soit une chose secrète, et soit un m~st ère. Ne voyez-vous pas que devant les rois tout est en silence, et que tout tumulte cesse? Vous entrez ici dans un palais bien plus terrible que ceux des rois de la terre, dans le palais du roi du ciel, gardez-y donc une parfaite modestie. Vous avez part au choeur des anges; vous entrez en société avec les archanges et vous joignez vos chants à ceux des séraphins mêmes. Ces habitants du ciel témoignent une frayeur modeste, et offrent à Dieu, avec crainte et tremblement, des hymnes saints et des concerts ineffables. Mêlez-vous avec eux lorsque vous priez, et tâchez d’imiter leur retenue et leur modestie toute céleste. Car ce n’est pas un homme que vous priez, mais Dieu qui est présent partout, qui vous entend avant même que vous lui parliez et qui voit ànu tous les secrets de votre coeur. Si vous priez de la sorte, vous en recevrez une grande récompense.

« Et votre Père qui voit ce qu’il y a de plus secret, vous en rendra la récompense devant tout le monde (6).» Il ne dit pas, vous donnera, mais «vous rendra. » Car il veut bien se rendre votre débiteur et c’est un grand honneur qu’il vous fait. Mais comme il est invisible lui-même, il veut aussi que votre prière soit secrète et invisible; il marque ensuite la manière dont nous devons prier.

« Ne soyez pas grands parleurs dans vos prières comme font les païens, qui s’imaginent qu’à force de paroles ils obtiendront ce qu’ils demandent (7). » Lorsqu’il a parlé de l’aumône, il s’est contenté d’en retrancher la vanité sans spécifier de quoi il faut faire l’aumône, c’est-à-dire d’un bien acquis par un juste travail, et non pas par l’avarice ou par les rapines. Cela était si clair que personne n’en pouvait douter, et il l’avait déjà assez marqué lorsqu’il appelait « bienheureux ceux qui auraient faim et soif de la justice. » Mais lorsqu’il parle de l’oraison, il ajoute quelque chose de plus en retranchant le trop de paroles. En parlant de la vanité des aumônes, il avait rapporté l’exemple des hypocrites, il rapporte ici celui des païens, afin de confondre partout ses auditeurs par la bassesse des personnes avec qui il les compare. Il se sert de ce moyen pour nous corriger, parce qu’il n’y a presque rien qui nous touche plus que lorsqu’on nous compare à des personnes méprisables.

Jésus-Christ appelle ici « grands discours » toutes les demandes que nous lui faisons, qui ne nous sont pas utiles, les dignités, les honneurs, l’avantage sur nos ennemis, l’abondance des richesses, et en un mot tout ce qui ne nous sert pas pour notre salut.

« C’est pourquoi ne vous rendez pas semblables à eux; parce que votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez (8).»

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