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Works John Chrysostom (344-407) In Matthaeum homiliae I-XC Commentaire sur l'Evangile selon Saint Matthieu
HOMÉLIE XXXIV

4.

Méprisons donc la mort, mes frères, quoiqu’il ne se présenta pas encore d’occasion de la souffrir, puisqu’elle n’est à notre égard qu’un passage à une meilleure vie. — Mais le corps, dans le tombeau, se réduit en poudre ?— Raison de plus pour se réjouir de. ce que la mort est détruite, de ce que la mortalité, et non la substance de notre corps est anéantie. Quand vous voyez jeter dans la fournaise une statue pour la refondre, vous ne tenez pas le fait pour une destruction, mais pour une restauration avantageuse.

Jugez de même de la destruction de votre corps, et cessez de vous affliger. Si le corps devait toujours demeurer dans cet état pénible où la juste punition de Dieu l’a réduit en cette vie, ce serait alors qu’il faudrait pleurer.

Mais ne serait-il pas plus avantageux, me direz-vous, que nos corps passassent à cette, immortalité sans passer par la corruption et la pourriture? Je ne vois pas, si cela était, quelle utilité en pourraient retirer n les vivants ni les morts. Jusques à quand donc, idolâtres de votre corps, jusques à quand serez-vous ainsi attachés à. la terre? jusques à quand aimerez-vous l’ombre et les ténèbres d’ici-bas ? Car que vous servirait-il que vos corps demeurassent toujours entiers, ou quel désavantage au contraire n’en résulterait pas pour vous?

Si nos corps n’étaient point réduits à cet anéantissement, il s’ensuivrait le plus grand des maux, l’orgueil chez un grand-nombre. Que s’il s’en est trouvé qui ont voulu passer pour des dieux, quoique leurs corps fussent mangés dés vers et consumés de pourriture, que n’auraient-ils point fait s’ils eussent été incorruptibles? D’ailleurs les hommes n’eussent pu croire qu’ils n’eussent été qu’un peu de terre. Nous le voyons maintenant et nous avons peine à le concevoir; combien donc en aurions-nous douté davantage si nous n’en avions pas ce témoignage de nos propres yeux? En troisième lieu les hommes auraient eu une attache bien plus grande pour les corps, et en seraient devenus bien plus charnels et bien plus grossiers. Car s’il s’en trouve encore aujourd’hui qui veulent bien souffrir la puanteur des sépulcres pour se. tenir auprès des personnes qui leur ont été chères durant leur vie, que n’auraient-ils point, fait, si les corps fussent demeurés entiers et incorruptibles après la mort? De plus, si nous n’avions été réduits à cet anéantissement dans cette vie, nous aurions moins désiré la félicité de l’autre. Ceux qui croient aussi que le monde est éternel se seraient servis de l’incorruptibilité de nos corps pour appuyer leur erreur, et pour en conclure que le monde n’aurait point été créé. Nous pouvons ajouter encore que, si le corps n’était entièrement détruit après la mort, nous n’aurions pas assez compris quelle est la vertu de l’âme, et comment c’est elle qui fait tout dans notre corps.

Enfin, si Dieu n’avait disposé les choses de cette manière, il se serait trouvé des personnes tellement possédées de passion pour leurs proches qui seraient morts, qu’abandonnant les villes, ils seraient venus demeurer auprès de leurs tombeaux, pour jouir de la présence de leurs corps, et pour s’entretenir avec eux autant qu’ils pourraient. Car si, maintenant que les corps périssent et se réduisent en cendre, quoi qu’on puisse faire pour les conserver, il y en a néanmoins qui s’attachent tellement à un portrait, et à la seule figure morte de ceux qu’ils aimaient, qu’ils passent leur vie à la regarder; que ne feraient-ils point- s’ils pouvaient conserver et voir devant eux leurs corps tout entiers? Pour moi, je me persuade aisément qu’il s’en serait trouvé qui auraient bâti des temples à ces corps morts, et que, l’art de la magie se mêlant à cette passion furieuse, se serait servi du démon pour faire parler ces morts, comme s’ils eussent été encore vivants, puisque nous voyons aujourd’hui que ceux qu’on appelle nécromanciens entreprennent des choses semblables, et même encore plus criminelles, quoique les corps, après la mort, soient réduits en cendre et en poussière. Et ainsi il ne pourrait naître de cette conservation de nos corps qu’une source d’impiété et d’idolâtrie.

C’est donc pour prévenir tous ces abus et tous ces désordres, c’est pour nous détacher de la terre et pour nous élever au ciel, que Dieu a voulu que nos corps se détruisent et disparaissent (285) aux yeux des hommes. Si celui qui est passionné pour la beauté d’une jeune fille ne peut pas se laisser persuader à la raison, et reconnaître la vanité de ce qu’il estime tant, Dieu veut qu’il en soit convaincu par ses yeux. Il veut qu’il voie tous les jours des femmes du même âge, mieux faites et plus riches que celle qu~il aime, disparaître tout d’un coup, et exhaler une grande puanteur un ou deux jours après leur mort, et être livrées à la corruption, à la pourriture et aux vers. Jugez donc par là, leur dit-il, quelle est cette beauté que vous aimez, et combien est insensée cette passion qui vous possède.

On n’aurait point compris si sensiblement toutes ces choses si l’on n’avait vu les corps se corrompre. Et comme les démons courent aux sépulcres et y font leur demeure ordinaire; ainsi ceux qui auraient été si passionnés pour les corps lorsqu’ils vivaient, les auraient toujours voulu voir après leur mort. Ils auraient habité dans les sépulcres comme les possédés, et devenus bientôt eux-mêmes les sépulcres des démons, ils auraient enfin perdu la vie aussi bien que la raison par une manie si honteuse et si détestable.

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