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Works John Chrysostom (344-407) In Matthaeum homiliae I-XC Commentaire sur l'Evangile selon Saint Matthieu
HOMÉLIE XLVII

4.

Mais voulez-vous que je vous rende cette image vivante, et que vous représentant des actions effectives, je vous fasse voir ce que je vous viens de dire? Jetez les yeux sur saint Matthieu, sur cet admirable évangéliste que nous vous expliquons. Nous savons peu de ses actions; mais ce peu suffit pour nous faire voir un tableau admirable de la vertu. On voit combien il était humble et combien il avait le coeur contrit, puisqu’après même qu’il est devenu apôtre et prédicateur de l’Evangile, il ne laisse pas de s’appeler « publicain. » On voit combien il a aimé les pauvres, puisqu’il se dépouilla tout d’un coup de tous ses biens pour suivre le Fils de Dieu. Sa piété paraît par la sainteté de sa doctrine, et sa sagesse par toute l’économie de son Evangile. Sa charité s’y fait voir par le soin qu’il a eu de toute la terre. L’abondance de ses bonnes oeuvres, parce qu’il doit être un jour sur l’un de ces douze trônes pour juger le monde; enfin son courage et sa patience, « parce qu’il se tient heureux de souffrir pour Jésus, et qu’il sortait de l’assemblée des Juifs avec joie. » (Act. IV, 35.)

Imitons, mes frères, ces grandes vertus, mais particulièrement l’humilité et la charité, sans lesquelles nous ne pouvons être sauvés. Ces cinq vierges folles le font assez voir, aussi bien que le pharisien de l’évangile. On peut entrer au ciel sans être vierge; mais on n’y peut entrer sans être charitable. La charité est la vertu la plus essentielle et la plus nécessaire pour le salut. Elle est le principe de toutes les autres. C’est pourquoi nous avons dit qu’elle tient lieu du coeur dans le corps de la vertu. Mais comme le coeur périt lui-même, s’il ne répand l’esprit et la vie dans tout le corps; ainsi la charité meurt si elle n’agit. Comme une source se corrompt, si son ruisseau cesse de couler, les riches de même se corrompent s’ils retiennent leurs richesses, et s’ils ne les font couler sur les autres.

C’est pourquoi le peuple a coutume de dire d’un riche avare qu’il se perd de grands biens dans sa maison. Il ne dit pas qu’il y a chez lui de grands trésors, mais qu’il s’y perd de grands biens. Et en effet les avares se perdent, et tout ce qu’ils ont se perd aussi. Leurs meubles et leurs habillements dépérissent, leur or se rouille; leur blé se gâte, et leur âme se corrompt et se perd encore plus que toutes ces choses par les chagrins et les inquiétudes qui la dévorent. Si nous pouvions vous représenter ici l’âme d’un avare, elle vous paraîtrait comme un vêtement rongé de vers. Vous verriez qu’elle n’a plus aucune partie qui soit saine, mais que les vices la déchirent, et que le péché la corrompt de toutes parts.

L’âme du pauvre, au contraire, je dis du pauvre qui l’est volontairement et de bon (370) coeur, est bien différente de celle-là. Elle brille comme l’or; elle éclate comme le diamant. elle fleurit comme la rose. Elle n’est sujette ni aux vers, ni à la rouille, ni aux voleurs. Elle n’est point agitée de soins ni d’inquiétudes, mais elle vit sur la terre comme les anges vivent dans le ciel.

Voulez-vous voir quelle est la beauté de cette âme, et quelles sont les richesses de sa pauvreté? Elle ne se fait point obéir des hommes, mais elle commande aux démons. Elle n’a point d’accès auprès des rois de la terre; mais elle en a beaucoup auprès de Dieu. Elle ne combat point sous les enseignes des hommes; mais elle combat avec les anges. Elle n’a point deux ou trois coffres pleins d’or ou d’argent, mais elle est tellement riche que tout le monde ne lui paraît rien au prix de ce qu’elle possède. Elle n’a point de trésor sur la terre ; mais le ciel même est son trésor. Elle n’a point besoin de serviteurs, mais elle est la maîtresse de ses désirs déréglés, et elle domine souverainement sur ses passions, dont les rois même sont esclaves. Car quoiqu’ils portent la pourpre et la couronne, aussitôt qu’une passion est entrée dans leur tête, elle les domine souverainement, et ils n’oseraient lui désobéir en la moindre chose. Elle se rit des richesses, de la royauté et de toutes les magnificences du siècle, comme des châteaux de carte, des poupées, des osselets, et de tous les jouets des petits enfants. Car elle a des ornements vraiment magnifiques et précieux, qui ne peuvent seulement être compris par ceux qui s’amusent à ces bagatelles.

Qu’y a-t-il donc de comparable à ces pauvres évangéliques? Ils marchent déjà dans le ciel, et si le ciel même n’est que comme la base du palais où ils habitent, jugez quel en doit être le faîte et le comble. Vous me direz peut-être qu’ils n’ont ni chevaux ni carrosses? Ils n’en ont point en effet, parce qu’ils n’en ont point besoin. Car que servirait ce vain appareil àcelui qui va bientôt être enlevé dans l’air, et transporté dans les nuées, pour être éternellement avec- Jésus-Christ ?

Pensez à cela, mes frères; pensez-y, mes soeurs. Aimons ces richesses qui sanctifient ceux qui les possèdent. Recherchons ces trésors qui ne périront lamais, que je vous souhaite, par la grâce et par la miséricorde de notre Seigneur Jésus-Christ, à qui est la gloire et l’empire dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

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