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Works John Chrysostom (344-407) In Matthaeum homiliae I-XC Commentaire sur l'Evangile selon Saint Matthieu
HOMÉLIE V.

3.

Mais quand même nos adversaires voudraient s’appuyer sur ces interprètes nouveaux, ce que nous disons subsisterait toujours, puisque l’Ecriture marque ordinairement une vierge par le mot de « jeune fille , » comme elle marque un garçon par le mot de jeune homme ; comme lorsqu’elle dit dans le psaume : « Vous, jeunes hommes, et vous, vierges, louez le Seigneur. » (Ps. 448.) Et l’Ecriture parlant d’une vierge à laquelle on voudrait faire violence dit: «Si cette jeune fille, »c’est-à-dire, si cette vierge « a élevé sa voix pour crier. » (Deut. XXII, 27.)

Mais ce qui précède dans ce prophète, confirme assez ce que nous disons. Car il ne dit pas simplement: « La vierge concevra et enfantera un fils, » mais il dit : « Le Seigneur vous donnera un signe miraculeux, » et il ajoute aussitôt : « La vierge concevra. » Si celle qui devait enfanter n’était vierge, ou qu’elle n’eût conçu que par la voie ordinaire du mariage, où serait le prodige et le miracle que Dieu promet? Un prodige est nécessairement une chose extraordinaire; et l’on ne peut donner ce nom à rien de ce qui arrive dans l’ordre commun de la nature.

« Joseph donc étant réveillé de son sommeil fit ce que l’ange du Seigneur lui avait ordonné et il prit sa femme avec lui (24). » Considérez l’obéissance de ce saint homme, et la docilité de son esprit: voyez la circonspection et la pureté incorruptible de son âme. Lors même qu’il a lieu de soupçonner la Vierge, il ne veut rien faire qui la déshonore; et aussitôt qu’il est délivré de son doute, il ne pense plus à la quitter, mais il la retient avec lui, et devient le ministre et comme le dispensateur de ce mystère.

« Et il prit sa femme avec lui. » Remarquez comme l’évangéliste nomme souvent ainsi la Vierge, parce qu’il ne voulait pas trop découvrir cette merveille, et qu’il en avait dit assez pour ôter le soupçon que Jésus-Christ fût né comme le reste des hommes.

« Et il ne l’avait point connue, jusqu’à ce qu’elle enfanta son fils premier-né (25).» Ce mot, « jusqu’à ce que, » ne vous doit pas faire croire que Joseph la connut ensuite ; mais seulement qu’il ne l’avait point connue avant ce divin enfantement, et que la mère de Jésus était toujours demeurée vierge. L’Ecriture a coutume de se servir ainsi de ce mot, «jusqu’à ce que, » sans marquer un temps limité. Elle dit quand le corbeau sortit de l’arche, « qu’il n’y rentra point jusqu’à ce que la terre fut desséchée (Genès. III, 4); » cependant il n’y rentra point non plus après. En parlant de Dieu elle dit aussi : « Vous êtes depuis l’éternité jusqu’à l’éternité (Ps. LXXXIX, 2) , » sans prétendre lui donner des bornes. De même quand elle annonce la naissance de Jésus-Christ elle dit: « La justice s’élèvera dans ses jours avec une abondance de paix jusqu’à ce que la lune passe (Ps. LXXI, 7), » ce qui ne marque pas néanmoins que la lune doive ensuite cesser d’être.

L’évangéliste donc ne se sert ici de ce mot, que pour lever tout soupçon sur ce qui s’était passé avant la naissance de Jésus-Christ, vous (41) laissant après juger vous-même de ce qui avait pu suivre. Il dit ce que vous ne pouviez apprendre que de lui, c’est-à-dire, que Marie était toujours demeurée vierge jusqu’à son enfantement ; mais il vous laisse à conclure vous-mêmes, ce qui n’est qu’une suite claire et comme nécessaire de ce qu’il dit, savoir, qu’un homme si juste n’a eu garde depuis de penser à s’approcher de celle qui était devenue mère si divinement, et qui avait été honorée d’une fécondité si miraculeuse. Si Joseph eût depuis vécu avec Marie comme avec sa femme, et qu’il eût eu des enfants d’elle comme quelques-uns ont osé dire, pourquoi Jésus-Christ sur la croix, l’eût-il recommandée à son disciple, afin qu’il la prît avec lui comme n’ayant personne qui pût avoir soin d’elle?

D’ou vient donc, me direz-vous, que Jacques et Jean sont appelés dans l’Evangile « frères de Jésus-Christ? » (Matth. XIII, 55.) Ils ont été appelés frères de Jésus de la même manière que Joseph était appelé époux, de Marie. Dieu a voulu couvrir comme de beaucoup de voiles ce grand mystère, afin que ce divin enfantement demeurât quelque temps caché. C’est pourquoi saint Jean les appelle lui-même dans son évangile frères du Seigneur, lorsqu’il dit: « Ses frères ne croyaient pas en lui. » (Jean, VII, 5.) Mais ceux qui ne croyaient pas alors en lui se sont signalés depuis par la grandeur de leur foi. Car lorsque saint Paul monta à Jérusalem, pour conférer avec les autres apôtres des vérités qu’il prêchait, il vint d’abord trouver saint Jacques, dont la vertu était si grande qu’il mérita d’être le premier évêque de Jérusalem. On dit de lui qu’il négligeait tellement son corps que tous ses membres étaient comme morts, et qu’il s’agenouillait et se prosternait si souvent en terre pour faire oraison, que son front et ses genoux s’étaient endurcis comme la peau d’un chameau.

Ce fut lui aussi qui, lorsque saint Paul monta de nouveau à Jérusalem, lui parla avec tant de prudence, et qui lui dit: « Vous savez, mon frère, quelle multitude de juifs se sont convertis à la foi de Jésus-Christ. » (Act. XXI, 20.) Telle était sa prudence et son zèle, ou plutôt la puissance de Jésus-Christ. Ceux qui murmuraient si souvent contre Jésus-Christ vivant l’admirèrent après sa mort jusqu’à mourir eux-mêmes pour lui avec joie; quelle marque visible de la vertu de sa résurrection ! Il a réservé à dessein après sa mort ces grands effets (42) de sa puissance pour s’en servir comme d’une preuve indubitable de ce qu’il était. Car si nous oublions aisément après leur mort ceux même que nous avons le plus admirés durant leur vie: comment ceux qui avaient méprisé Jésus-Christ durant sa vie, l’auraient-ils regardé comme un Dieu après sa mort, s’il n’eût été qu’un pur homme ? Comment se seraient-ils fait égorger pour lui, s’ils n’eussent eu des preuves certaines de sa résurrection?

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