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Werke Johannes Chrysostomus (344-407) In Matthaeum homiliae I-XC Commentaire sur l'Evangile selon Saint Matthieu
HOMÉLIE LIX.

1.

S’il est nécessaire qu’il arrive des scandales, dira peut-être quelque ennemi de Jésus-Christ, pourquoi le Sauveur se contente-t-il de pleurer le malheur du monde, au lieu, de l’aider et de lui tendre la main pour le secourir? Car c’est ce que devait faire un sage prince et un excellent médecin: mais pleurer purement et simplement, le premier venu en ferait autant. Il est facile de répondre à ces langues impudentes. En effet, que pouvait faire davantage Jésus-Christ pour le bien du monde? Etant Dieu, il s’est fait homme pour vous sauver. Il a pris la forme d’un esclave. Il a souffert pour vous les derniers opprobres, et il n’a rien omis de tout ce qu’il pouvait faire pour votre salut. Mais voyant que l’indifférence des hommes ne tirait aucun avantage de tous ces secours, et qu’après tant de remèdes ils demeuraient toujours dans leur infirmité, il déplore leur malheur par ces paroles que nous avons rapportées.

Il se conduit en cette rencontre comme un sage médecin qui, après avoir donné tous ses soins à son malade, voyant qu’il refuse de se soumettre à tout ce qu’il lui peut ordonner se-ion les règles de son art, dirait de lui en pleurant: Malheur à cet homme dans l’état où il est, parce qu’il augmente tous les jours la violence de son mal par le déréglement de sa conduite. Mais il y a cette différence que la plainte de ce médecin ne servira de rien à son malade, au lieu qu’il nous est très-avantageux que Jésus-Christ nous prédise ainsi nos maux, et qu’il déplore notre misère. Car on en a souvent vu qui n’écoutaient pas les avis qu’on leur donnaient, et qui sont enfin rentrés en eux-mêmes, lorsqu’ils ont vu les autres pleurer leur malheur.

C’est dans ce but que Jésus-Christ dit ici:

« Malheur au monde » ! Il tâche ainsi d’exciter les hommes et de les faire sortir de leur profond assoupissement. Il leur témoigne sa tendresse extrême. Il est touché de ce qu’ils s’opposent à ses avis salutaires. Il voit cet endurcissement de leur coeur; et il tâche de le guérir, soit en déplorant leur état présent, soit en leur prédisant ce qu’ils doivent craindre. Mais comment pouvez-vous allier ces deux choses, me direz-vous? S’il est nécessaire qu’il arrive des scandales, comment les peut-on éviter? Je vous réponds qu’il est nécessaire qu’i1 arrive des scandales, mais qu’il n’est pas nécessaire que ces scandales soient pour une occasion de chute et de mort. C’est la même chose que si un médecin disait: Il est nécessaire que vous tombiez dans telle maladie, mais il n’est pas nécessaire que vous en mouriez. Si vous prenez bien garde à vous, vous en guérirez. (463)

Jésus-Christ dit encore ces paroles pour réveiller ses apôtres et pour les rendre plus vigilants. Car, de peur qu’ils ne se relâchassent, comme s’il les eût envoyés pour mener une vie paisible et tranquille, il leur prédit qu’ils auront de grands combats au dedans et au dehors. C’est ce que saint Paul exprime en ces termes: « Des guerres au dehors, des craintes au dedans, et des dangers dans les faux frères». (II Cor. VII, 5) Et parlant aux Milésiens, il leur dit: « Il s’élèvera d’entre vous des hommes qui publieront des dogmes corrompus n. (Act. XX.) Et c’est aussi ce qui faisait dire à Jésus-Christ: « Les ennemis de l’homme sont ses propres domestiques». (Matth. X, 25.)

Quand Jésus-Christ dit: « Il est nécessaire qu’il arrive des scandales », cette nécessité ne détruit point le libre arbitre et ne force point la volonté. Ce n’est point une violence qui se fasse à l’esprit de l’homme, ce n’est qu’une prédiction de ce qui devait arriver. Ainsi saint Luc exprime la même chose d’urne autre manière : « Il est impossible », dit-il, « qu’il n’arrive des scandales » : et si vous me demandez ce que signifie ce mot « de scandales », ce sont proprement les obstacles qu’on met devant les hommes pour les empêcher d’entrer et de marcher dans la voie droite. Ce n’est donc point la prédiction de Jésus-Christ qui fait naître les scandales. Ils n’arrivent pas parce qu’il les a prédits, mais il les a prédits parce qu’ils devaient arriver. Les scandales n’arriveraient point si ceux qui en sont la cause avaient voulu agir autrement. Et s’ils n’avaient point dû arriver, ils n’auraient point été prédits. Mais parce que Jésus-Christ savait qu’il y aurait des esprits corrompus, dont la malice serait incurable, il a prévenu les scandales qu’ils causeraient dans le monde, et il a prédit ce qu’ils devaient faire.

Vous me direz peut-être: si ceux-là se fussent convertis, il ne s’en serait plus trouvé qui eussent scandalisé le monde, et ainsi cette parole de Jésus-Christ n’aurait plus été véritable. Je vous réponds qu’il ne pouvait en être ainsi, parce que s’ils avaient dû se convertir, Jésus-Christ n’aurait pas dit qu’il est nécessaire que les scandales arrivent. Mais parce qu’il prévoyait qu’ils ne devaient point se convertir, il a prédit ce qu’il savait devoir certainement arriver.

Pourquoi donc dira quelqu’un, n’a-t-il pas prévenu et arrêté ces scandales qu’il avait prédits? Mais pourquoi les aurait-il prévenus? Est-ce pour le salut de ceux à qui ces scanda les sont une occasion de chute? Mais c’est par leur propre faute et par leur seule négligence qu’ils se perdent, puisque ces mêmes scandales, bien loin de nuire, servent plutôt à ceux qui craignent Dieu véritablement.

Le bienheureux Job, le patriarche Joseph, tous les justes de l’ancienne et de la nouvelle loi, sont des preuves de ce que je dis: Que s’il y en a d’autres qui se sont perdus par les scandales, c’est parce qu’ils étaient tièdes et lâches. Car si le scandale était par lui-même mortel aux âmes, tous devraient se scandaliser et se perdre. Puis donc que plusieurs échappent à ce péril, ceux qui y périssent en sont eux-mêmes la première cause.

Car les scandales, comme je l’ai déjà dit, réveillent les hommes. Ils les rendent plus circonspects et plus vigilants. Non-seulement ils empêchent de tomber celui qui veillait déjà sur lui-même, mais ils servent même à celui qui était déjà tombé pour se relever et pour marcher ensuite plus sûrement, en se conduisent avec plus de circonspection et de sagesse. Si donc nous. sommes du nombre de ceux qui sont attentifs à leur salut, nous tirerons un grand avantage des scandales, parce qu’ils nous obligeront de redoubler notre vigilance et notre ferveur. Que si lorsque l’ennemi nous assiége, et que les tentations nous attaquent de. toutes parts, nous demeurons néanmoins dans un si grand assoupissement, dans quelle langueur ne tomberions-nous pas si nous étions dans une parfaite paix?

Nous pouvons juger de ce que je dis par l’exemple du premier homme. Si n’ayant vécu que très peu de temps, et peut-être moins d’un jour entier, dans la paix et dans les délices du paradis terrestre, il est tombé dans un si étrange aveuglement, qu’il s’est imaginé qu’il pouvait devenir semblable à Dieu, qu’il a pris celui qui le trompait pour Son bienfaiteur, et qu’il n’a pu obéir à l’unique commandement qu’il avait reçu de Dieu, que n’aurait-il point fait s’il eût été ensuite exempt des peines et des misères de cette vie?

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