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Works John Chrysostom (344-407) In Matthaeum homiliae I-XC Commentaire sur l'Evangile selon Saint Matthieu
HOMÉLIE LIX.

7.

C’est pourquoi je vous conjure, mes frères, de penser à vous. Armons-nous contre ce dragon infernal. Prenons « l’épée de l’esprit » dont parle saint Paul, pour chasser ces pensées honteuses, qui, comme des bêtes cruelles se lancent dans notre âme pour la dévorer. Eloignons de nous le malheur dont Dieu menace la Judée par son Prophète; « Les onocentaures », dit-il, « les hérissons et les dragons s’assembleront dans ces lieux et y sauteront », (Isa., XIII, 21.) Il y a des hommes qui sont bien plus méchants que ces onocentaures, qui ne pensent qu’à danser et à courir çà et là dans le monde comme les bêtes sauvages dans les déserts, et c’est ainsi que vivent la plupart des jeunes gens. Ils ne sont retenus ni par la crainte ni par la raison; ils suivent aveuglément l’ardeur et l’impétuosité de leurs passions, et n’ayant tien d’honnête qui les occupe, ils appliquent, tout leur esprit à faire le mal.

Les pères sont les premières causes de ces désordres, parce qu’ils négligent l’éducation de leurs enfants; Quand ils ont de jeunes chevaux, ils ont grand soin qu’on emploie tout l’art possible pour les dresser. Ils appréhendent fort qu’ils ne deviennent vicieux, et ils veulent qu’on les accoutume de bonne heure au frein et à l’éperon, afin qu’étant prêts au moindre mouvement, ils répondent à tout ce que l’on demande d’eux. Et cependant ils n’ont pas pour leurs enfants le même soin qu’ils ont pour ces bêtes. Ils souffrent que, sans frein, sans loi et sans retenue, ils courent où la fougue de leurs passions les emporte, ou dans les maisons de jeu, ou aux spectacles, ou dans les lieux détestables que la pudeur ne permet pas de nommer, Les pères amuraient pu empêcher ces désordres en choisissant de bonne heure à leurs enfants une femme modeste, et prudente, qui aurait su gagner leur esprit, et qui aurait arrêté la licence de leurs passions par le lien et par l’honnêteté du mariage. Ce débordement de la jeunesse, qui est si grand aujourd’hui, est la source des adultères et de toutes les débauches. Si un jeune homme épousait de bonne heure une jeune fille chaste et prudente, il s’occuperait dans le gouvernement de sa famille, et il aurait soin de sa réputation et de son honneur.

Mais mon fils est tout jeune, me dites-vous, l’engagerai-je sitôt dans le mariage? Je vois cette nécessité et je la déplore. Si Isaac autrefois demeura vierge jusqu’à quarante ans, et ne s’est marié qu’à cet âge (Gen. XXV, 20), il serait bien plus raisonnable d’imiter une conduite si pure dans la loi de grâce. Mais vous nous mettez dans l’impuissance de vous donner ce conseil. Vous abandonnez d’abord vos enfants, et après qu’ils se sont plongés dans le vice et dans toutes sortes d’infamies, vous les mariez, ne considérant pas que le principal point du mariage, c’est d’y entrer avec un corps chaste. Car à moins de cela, quel avantage en tirera-t-on? Mais vous faites tout le contraire, et vous ne mariez vos enfants qu’après qu’ils se sont corrompus de toutes manières, c’est-à-dire lorsque le mariage leur est devenu inutile, J’attends, dites-vous, qu’il ait acquis dans le monde du mérite et de l’honneur, et après cela je le marierai. Ainsi, vous avez grand soin de ses avantages temporels, mais vous n’avez pour son âme que du mépris et qu’une cruelle indifférence.

Voilà la source de tous les désordres et de tous les maux, de ne faire aucune estime du salut de son âme, de la laisser dans l’abandon comme une chose de vil prix, de négliger le principal pour ne s’occuper que de l’accessoire. Ne savez-vous pas que le plus grand trésor que vous puissiez laisser à votre fils, c’est la pureté de son corps? Avons-nous rien de si précieux que notre âme? « Quel avantage », dit Jésus-Christ, « retirera l’homme de gagner tout le monde s’il perdait son âme »? (Matth. XVI, 26.) Mais l’avarice aujourd’hui renverse tout. C’est un tyran qui domine dans le coeur des hommes comme dans sa forteresse, et qui en bannit la crainte de Dieu. De là vient que nous négligeons et notre salut et celui de nos enfants. Nous ne nous mettons en peine que d’amasser et de leur laisser beaucoup de bien, afin qu’ils le laissent aussi à leurs enfants, et ceux-là à d’autres. Ainsi, nous travaillons plutôt afin que d’autres possèdent notre bien, qu’à le posséder nous-mêmes.

Nous traitons nos enfants encore plus mal que nos esclaves; car nous corrigeons ceux-ci, et nous négligeons nos enfants, comme s’ils nous étaient plus indifférents que ceux qui ne (472) nous ont coûté qu’un peu d’argent. Mais c’est trop peu dire, au-dessous de nos esclaves:

nous les rabaissons même au-dessous des bêtes, au-dessous des ânes et des chevaux. Si vous choisissez un cocher, un valet d’écurie, vous prenez garde qu’il ne soit pas sujet au vin, qu’il ne soit pas voleur, et qu’il sache bien panser et bien conduire des chevaux. Et si vous voulez donner à vos enfants un précepteur pour les for,mer et pour les conduire, vous ne vous mettez point en peine de ce choix. Le premier qui se présente vous convient. Et cependant il n’y a point d’emploi, ni plus grand, ni plus difficile que celui-là; car qu’y a-t-il de plus important que de former l’esprit et le coeur, et de régler route la conduite d’un jeune homme? On estime un grand peintre et un grand sculpteur; mais qu’est-ce que leur art au prix de l’excellence de celui qui travaille, non sur la toile ou sur le marbre, mais sur les esprits? Cependant, nous- négligeons toutes ces choses. Nous ne nous mettons pas en peine de rendre nos enfants chrétiens, mais éloquents. Et ce désir même est intéressé. Car la fin que nous nous proposons, n’est pas simplement qu’ils soient éloquents, mais qu’ils s’enrichissent par leur éloquence. Que s’ils pouvaient devenir riches sans être éloquents, nous mépriserions aussi bien l’éloquence que tout le reste.

Considérez donc combien est grande la tyrannie de l’avarice; comme elle corrompt tout, comme elle renverse, tout, et comme elle domine les hommes; qu’elle rabaisse, non-seulement au rang des esclaves, mais des bêtes mêmes. Nous vous l’avons dépeinte telle qu’elle est. Nous avons bien dit des choses contre elle; niais quel avantage en tirerons-nous? Nous la combattons par des paroles, et elle nous combat par des actions. Nous ne cesserons point néanmoins de la décrier et de vous en donner de l’horreur. Si nous sommes assez heureux pour gagner quelque chose par nos exhortations, nous nous sauverons en vous sauvant. Que si nos remontrances vous sont inutiles, nous nous serons au moins acquittés de notre devoir. Je conjure la miséricorde infinie de Dieu de vous délivrer d’une maladie si dangereuse, et de nous donner sujet de nous glorifier des règlements de votre vie, par la grâce de Jésus-Christ, à qui est la gloire et l’empire, dans tous les siècles dés siècles. Ainsi soit-il. (473)

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