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Works John Chrysostom (344-407) In Matthaeum homiliae I-XC Commentaire sur l'Evangile selon Saint Matthieu
HOMÉLIE LXXI.

1.

L’évangéliste nous marque encore ici une raison qui eût dû imposer silence aux pharisiens, et il nous fait voir en même temps quelle était leur audace. Les saducéens avaient été réfutés de telle sorte par le Sauveur qu’ils n’avaient pu lui rien répliquer, et ces pharisiens osent encore néanmoins s’attaquer â lui, lorsqu’ils devaient par tant de raisons réprimer enfin leur insolence. Ils lui envoient un docteur de la loi , non dans le dessein d’apprendre quelque chose de lui, mais seulement pour le tenter. Ils lui demandent: « Quel est le plus grand et le plus important commandement de la loi »? Comme ils savaient que c’était celui-ci : « Vous aimerez le Seigneur votre Dieu », ils croient qu’il leur donnera peut-être lieu par sa réponse de l’accuser d’avoir combattu ce commandement, et de témoigner ainsi qu’il agissait partout en Dieu. C’était là leur dessein dans cette question artificieuse. Mais Jésus-Christ leur voulant faire voir qu’il connaissait leur pensée, et que bien loin de l’aimer, ils nourrissaient contre lui une envie secrète qui les envenimait contre sa personne, il leur dit: « Vous aimerez le Seigneur votre Dieu de tout votre coeur, de toute votre âme, et de tout votre esprit (37). C’est là le premier et le grand commandement (38). Et voici le second qui est semblable à celui-ci : Vous aimerez votre prochain comme vous-même (39) ». PourquoiJésus-Christ dit-il que ce second commandement « est semblable » au premier ? C’est parce qu’il en est comme l’effet et la suite naturelle, et que celui qui aime Dieu, doit nécessairement aimer son prochain : « Celui », dit l’Ecriture, « qui fait le mal, hait la lumière, et il ne vient point à la lumière ». (Jean, III, 10.) Et ailleurs : « L’insensé a dit dans son coeur : Il n’y a point de Dieu ». (Ps. LII, 1.) C’est pourquoi David ajoute aussitôt: « Ils sont corrompus , et sont devenus abominables dans leurs affections ». (Ps. XIII, 4.) Et ailleurs : « La racine de tous les maux est l’avarice, qui a fait errer dans la foi quelques-uns de ceux qui l’ont désirée ». (I Tim. VI, 10.) Et ailleurs : « Celui qui m’aime gardera mes commandements », qui se rapportent tous à ce principal : « Vous aimerez le Seigneur votre Dieu, et le prochain comme vous-même ». (Jean, XIV, 15, 21, 23.)

Si donc aimer Dieu c’est aimer le prochain, puisque Jésus-Christ dit à saint Pierre : « Si vous m’aimez, paissez mes brebis (Jean, XXI, 16)», et si en aimant le prochain on garde les commandements de Dieu, n’ai-je donc pas bien raison de dire : « Toute la Loi et les prophètes sont renfermés dans ces deux grands commandements (40) ». Jésus-Christ fait encore ici ce qu’il vient de faire auparavant. Lorsqu’on lui a adressé une question touchant la résurrection, lia fait plus qu’on ne lui avait (554) demandé; de même ici lorsqu’on ne désire que savoir de lui quel est le premier commandement de la Loi, il y joint aussi le second qui n’était guère moins considérable que le premier, et que Jésus-Christ dit « lui être semblable ». Il leur fait remarquer en passant que toutes ces questions qu’ils lui faisaient, ne venaient que de l’envie et de l’aversion qu’ils avaient conçue contre lui : « Car la charité n’est point envieuse ». (I Cor. XIII, 14.)

Mais pourquoi saint Matthieu dit-il clairement que ce docteur de la Loi vient à Jésus-Christ pour le tenter; et que saint Marc dit au contraire que Jésus-Christ voyant ensuite qu’il avait si sagement répondu, lui dit : « Vous « n’êtes pas loin du royaume de Dieu ». (Marc, XII.) Il n’y a point, mes frères, de contradiction dans ces paroles, puisqu’apparemment cet homme commença d’abord à parler à Jésus-Christ dans le dessein de le tenter, mais ayant depuis assez bien parlé, il mérita par la sagesse de sa réponse d’être loué de la bouche du Sauveur. Car Jésus-Christ ne le loua pas d’abord. li ne le fit qu’après que ce docteur eut dit : « qu’il était vrai qu’en aimant son prochain on faisait plus que si l’on offrait à Dieu tous les sacrifices et tous les holocaustes du monde ». Ce fut alors que Jésus-Christ lui dit : « Qu’il n’était pas loin du royaume de Dieu »; parce que ce docteur, ayant horreur lui-même de cette basse envie qui l’avait porté à le tenter, quitta cette disposition criminelle pour rentrer dans des sentiments d’admiration et de respect. Et c’est cette sorte de conversion qui est l’unique fin à laquelle se rapportent tous les préceptes de la loi, l’observation du sabbat, et les autres cérémonies.

Jésus-Christ loue ce docteur néanmoins avec assez de modération, et il ne le regarde pas encore comme parfait, puisqu’il lui déclare qu’il lui manquait quelque chose. Car en lui disant: « qu’il n’était pas loin du royaume de Dieu », il lui témoignait assez qu’il n’y était pas encore, et qu’il devait travailler à acquérir ce qui lui manquait. Que si Jésus-Christ loue ce docteur seulement parce qu’il reconnaît qu’il n’y avait qu’un seul Dieu, nous ne devons pas nous en étonner. Il faut au contraire juger par là que le Sauveur parlait souvent selon la Pensée et selon la disposition de ses interlocuteurs. Les Juifs, il est vrai, débitaient mille propos injurieux pour le Christ, mais ils n’ont jamais osé dire néanmoins qu’il n’y avait point de Dieu.

D’où vient donc que Jésus-Christ loue ce docteur de ce qu’il a dit qu’il n’y « avait qu’un seul Dieu »? Voulait-il en le louant de cette parole, nier qu’il fût Dieu lui-même aussi bien que son Père? Dieu nous garde de cette pensée: mais comme le temps de découvrir sa divinité n’était pas encore venu, il laisse ce docteur dans son premier sentiment. Il le loue de la connaissance qu’il avait de l’ancienne loi, pour le disposer aussi et le rendre plus propre à recevoir la nouvelle que lui, Jésus-Christ, était venu prêcher dans le monde. D’ailleurs, lorsqu’on dit : « Qu’il n’y a qu’un Dieu, et qu’il n’y en a point d’autre que lui », cela ne doit point s’entendre, ni dans l’Ancien ni dans le Nouveau Testament, dans ce sens que l’on exclue la divinité du Fils; mais seulement comme une marque qu’on rejette toutes les idoles : et je crois que c’est dans cette pensée que Jésus-Christ loua ce docteur, parce qu’il avait dit : « qu’il n’y avait qu’un seul Dieu ». Après donc que le Sauveur a satisfait à la question de cet homme, Jésus-Christ lui en fait une autre à son tour.

« Les pharisiens étant assemblés, Jésus leur fit cette demande : Que vous semble du Christ? De qui doit-il être fils? Ils lui répondirent : De David (41)». Considérez, mes frères, combien de miracles et de prodiges, combien de questions et de réponses Jésus-Christ a faites avant celle-ci, combien il a donné de preuves par ses actions et par ses paroles de son égalité et de son union avec son Père, qu’il a loué même ce docteur de la loi d’avoir dit: « qu’il n’y avait qu’un seul Dieu » ; et que c’est après toutes ces précautions qu’il leur fait enfin cette question. Il semble qu’il veuille leur ôter tout sujet de dire de lui que, malgré tous les miracles qu’il avait opérés, il n’en était pas moins visiblement opposé à Dieu et à sa loi. Il les interroge donc enfin ici pour élever insensiblement leurs esprits, jusqu’à avouer eux-mêmes qu’il était Dieu. Nous avons vu ailleurs qu’en parlant à ses disciples pour savoir leurs sentiments touchant sa personne, il leur demande premièrement ce que les autres croyaient de lui, et qu’il leur dit ensuite : « Et vous qui dites-vous que je suis » ? Mais il n’use pas de cette conduite à l’égard des pharisiens, puisque, s’il leur avait demandé de la sorte ce qu’ils croyaient de lui ils lui eussent (555) infailliblement répondu qu’il était un séducteur et un ennemi de Dieu. C’est pourquoi il leur demande en général ce qu’ils croyaient «du Christ » sans se désigner lui-même.

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