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Œuvres Jean Chrysostome (344-407) In Matthaeum homiliae I-XC Commentaire sur l'Evangile selon Saint Matthieu
HOMÉLIE LXXXVII.

1.

Il semble que le démon alors avait comme donné un signal pour faire conspirer tout le monde contre Jésus-Christ. Soit, l’envie et la jalousie dont les Juifs étaient consumés, les portait à se déchaîner contre lui ; mais les soldats, quelle raison pouvaient-ils avoir de l’insulter ? N’est-ce pas visiblement le démon qui les animait? Ils trouvaient leur plaisir dans ces outrages sanglants, et ils faisaient un jeu de leur cruauté. Au lieu de répandre des larmes et d’être touchés de regret, comme fit ensuite le peuple, ils se conduisirent tout différemment. Ils ajoutèrent injure sur injure, et outrage sur outrage ; soit peut-être pour plaire eux aussi aux Juifs, ou pour satisfaire leur humeur qui d’elle-même était brutale et cruelle. Ils lui insultèrent en cent manières différentes : tantôt ils frappaient sa tête sacrée d’un roseau; tantôt ils lui donnaient des soufflets; tantôt ils le perçaient d’une couronne d’épines, faisant une raillerie de ce traitement si barbare.

Quelle excuse pouvons-nous avoir lorsque nous trouvons les moindres mépris insupportables, après un si grand exemple que nous donne le Sauveur du monde? Car l’insulte et la violence peuvent-elles aller au delà de ce qu’il souffre, et non-seulement dans un de ses membres, mais dans tout son corps? Sa tête est percée d’épines, frappée d’un roseau, et meurtrie de coups de poing. Son visage est couvert de crachats, ses joues de soufflets, tout son corps déchiré par la flagellation, déshonoré par la nudité, et encore plus par ce manteau d’écarlate dont on le couvre, pour lui insulter par de cruelles adorations, comme à un roi de théâtre. Sa main porte un roseau au lieu de sceptre. On ne pardonne pas même à sa bouche et à sa langue, à laquelle on fait sentir l’âpreté du fiel et du vinaigre.

Que peut-on s’imaginer de plus insupportable que tous ces traitements? ne sont-ils pas au-dessus de nos paroles et de nos pensées. Il semble que ces cruels Juifs avaient peur d’oublier quelque genre de cruauté dont ils ne fissent l’essai sur le Sauveur. Après s’être accoutumés à répandre le sang des prophètes, ils répandent enfin celui du Fils de Dieu même. Ils le condamnent eux-mêmes à la mort, quoiqu’ils se couvrent du nom de Pilate. Ils veulent « que son sang retombe sur eux et sur leurs enfants ». Ce sont eux seuls qui lui font toutes ces insultes, qui le lient, qui le mènent à Pilate, et qui le font traiter si outrageusement et si cruellement par les soldats. Pilate n’avait rien ordonné de tout ceci: (66) Ce sont eux qui ont été ses accusateurs, ses juges et ses bourreaux.

Nous lisons ceci publiquement dans l’assemblée de toute l’Eglise, pour empêcher que les païens ne disent que nous vous annonçons les actions miraculeuses de Jésus-Christ, mais que nous vous cachons ses souffrances et ses opprobres. Le Saint-Esprit a tellement conduit les choses, qu’il fait lire cette histoire dans l’Eglise au temps de Pâques, et dans une solennité où tout le monde, jusqu’aux femmes et aux petits enfants, s’y rassemblent. Nous ne cachons rien de ces outrages du Sauveur, au milieu de cette grande assemblée et cependant personne ne doute que Jésus-Christ ne soit Dieu. Nous l’adorons tous, non-seulement à cause de tant de grâces dont il nous a comblés, mais particulièrement pour cet amour si rare qu’il nous témoigne à sa passion; puisqu’il fait voir qu’il a bien voulu se rabaisser pour nous, jusqu’à ce dernier degré d’humiliation, pour nous donner dans sa personne un parfait modèle de la plus haute vertu.

Lisons donc ceci, mes frères, puisque cette lecture nous peut être si avantageuse. Lorsque nous voyons le Sauveur traité avec tant de mépris; outragé par les derniers des hommes; adoré d’une manière si offensante, si cruellement tourmenté dans toutes les parties de son corps, et enfin terminant sa vie par un supplice si infâme : il est impossible, quand nous serions de roche, que nous ne nous amollissions comme la cire, et que nous n’abaissions l’enflure de notre coeur en le perçant d’une componction sainte, et que nous ne soyons pas dans un profond anéantissement. Mais écoutons la suite d’une si tragique histoire:

« Après s’être ainsi joués de lui, ils lui ôtèrent ce manteau d’écarlate, et lui ayant remis ses habits ils l’emmenèrent pour le crucifier (31). Et comme ils sortaient, ils rencontrèrent un homme de Cyrène, nommé Simon, qu’ils contraignirent de porter la croix de Jésus (32). Et ils vinrent au lieu appelé Golgotha, c’est-à-dire, le lieu du Calvaire (33). Et ils lui donnèrent à boire du vin mêlé de fiel, et en ayant goûté il ne voulut point en boire (34). Mais après qu’ils l’eurent crucifié, ils partagèrent entre eux ses vêtements, les tirant au sort (34). Afin que cette parole du prophète fût accomplie : Ils ont partagé entre eux mes vêtements, et ils ont tiré ma robe au sort (35) ». Ils firent alors, à l’égard du Sauveur, ce qui ne se faisait qu’à l’égard des hommes tes plus méprisables, et qui étaient abandonnés de tout le monde. Ils partagèrent entre eux ses vêtements sacrés qui avaient fait tant de miracles; mais qui n’en firent point alors, parce que Jésus-Christ arrêta toute leur vertu. Ils traitent le Sauveur avec tant de mépris, qu’ils épargnent même davantage les deux voleurs qui furent crucifiés avec lui.

« Et s’étant assis près de lui, ils le gardaient (36). Ils mirent aussi au-dessus de sa tête le titre de sa condamnation ainsi écrit : C’est Jésus le roi des Juifs (37). En même temps on crucifia avec lui deux voleurs, l’un à sa droite et l’autre à sa gauche (38) ». Ils le crucifièrent ainsi au milieu de deux larrons, afin qu’il passât comme eux pour un scélérat. Ils lui donnèrent du vinaigre à boire par une dérision cruelle , mais il n’en voulut point boire; et un autre évangéliste, dit que lorsqu’il en eut goûté, il dit « Tout est consommé ».

Que veulent dire ces paroles : « Tout est consommé », sinon que cette prophétie a été accomplie? Ils m’ont donné du fiel pour ma nourriture; et ils m’ont abreuvé de vinaigre dans ma soif». (Ps. LXVIII, 26.) Saint Jean ne dit pas non plus que Jésus-Christ ait bu de ce vinaigre, et il s’accorde fort bien avec saint Matthieu, puisqu’il n’y a point de différence entre goûter fort légèrement quelque chose, ou n’en point boire du tout. Leur fureur ne se termina point encore là. Après cette nudité si honteuse en apparence où ils le réduisirent, après le crucifiement, après le fiel et le vinaigre, ils ne purent encore satisfaire leur cruauté, et lorsqu’ils le virent attaché en croix, ils lui dirent des injures, et ils lui insultèrent de mille manières; ce qui me paraît encore plus cruel que tout le reste.

« Et ceux qui passaient par là le blasphémaient en branlant la tête (39), et en disant: Toi qui détruis le temple de Dieu, et qui le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même : Si tu es le Fils de Dieu, descends de la croix (40). Les princes des prêtres se moquaient aussi de lui avec les docteurs de la loi et les sénateurs, en disant (41) : Il a sauvé les autres, et il ne saurait se sauver lui-même. S’il est le roi d’Israël, qu’il descende présentement de la croix, et nous croirons en lui (42). Il met sa confiance en Dieu : Si donc Dieu l’aime (67) qu’il le délivre, puisqu’il a dit : Je suis le Fils de Dieu (43) ». Ils agissaient de la sorte afin de te faire passer pour un séducteur, pour un superbe, pour un homme vain qui n’avait point eu d’autre but que de tromper les hommes. lis voulaient qu’il finît sa vie dans une infamie publique. C’est pourquoi ils avaient voulu qu’il fût condamné à la croix, et qu’il y mourût devant tout le monde. Ils l’avaient même livré à dessein entre les mains des soldats, afin que leur insolence augmentât encore les outrages dont ils voulaient le combler.

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