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Works John Chrysostom (344-407) In Matthaeum homiliae I-XC Commentaire sur l'Evangile selon Saint Matthieu
HOMÉLIE XI

1.

Comment s’accordent ces paroles avec ce que Jésus-Christ dit que les Juifs n’avaient point cru saint Jean? C’est parce que c’était ne pas croire saint Jean, que de ne vouloir pas recevoir Jésus-Christ qu’il annonçait. C’est ainsi que bien qu’ils parussent écouter extérieurement Moïse et les prophètes , il les accuse néanmoins de ne pas leur obéir; parce qu’ils ne voulaient pas croire en celui dont ils avaient prédit l’avènement: « Si vous croyiez à Moïse, » leur dit-il, «vous croiriez aussi en moi. » (Jean, V, 46.) Et lorsqu’il leur demandait d’où était le baptême de Jean, ils disaient entre eux: « Si nous disons qu’il est de la terre, nous craignons le peuple: et si nous disons qu’il est du ciel, il nous dira; pourquoi ne l’avez-vous donc pas cru? » (Matth. XXI, 26.) D’où nous pouvons conclure qu’ils vinrent bien écouter Jean, et qu’ils reçurent son baptême, mais qu’ils, ne crurent point à ses prédications. L’évangéliste saint Jean montre encore clairement quelle était leur malignité, lorsqu’ils députèrent vers le saint précurseur pour lui demander s’il était Elie, ou s’il était le Christ : et c’est pour ce sujet qu’il marque, que « ceux qui lui avaient été envoyés étaient des pharisiens. » (Jean, I, 24.)

Mais le peuple, me dites-vous, ne croyait-il pas que saint Jean était le Messie? Il est vrai, il le croyait; parce qu’il l’écoutait dans une grande simplicité de coeur et d’esprit. Mais les pharisiens au contraire, en feignant d’avoir de lui cette opinion, voulaient lui dresser un piège pour le surprendre. Comme ils savaient certainement que le Christ devait venir de la ville du roi David, et qu’il était constant d’ailleurs que saint Jean venait de la tribu de Lévi, ils lui firent cette demande avec le dessein artificieux de tirer de lui quelque réponse compromettante dont ils se serviraient pour l’accuser. La suite de leurs demandes fait assez voir qu’ils avaient cette pensée. Car Jean ne leur confessant rien de ce qu’ils s’étaient imaginé, ils trouvent aussitôt un autre sujet de l’accuser, lorsqu’ils lui disent : « Pourquoi donc baptisez-vous, si vous n’êtes ni le Christ, ni Elie, ni prophète ? » (Jean I, 25.)

L’évangéliste nous fait encore assez voir que le peuple et les pharisiens venaient trouver saint Jean dans une disposition bien différente, lorsqu’il marque que le peuple venait à lui pour être baptisé en s’accusant de ses péchés, et qu’il ne dit rien de semblable touchant les pharisiens. Jean, dit-il, voyant que beaucoup de scribes et de pharisiens venaient à son baptême, leur dit: « Race de vipères, qui vous a avertis de fuir devant la colère, qui est prête à tomber sur vous?» O courage prodigieux! ô fermeté admirable! Avec quelle liberté parle ce saint à des hommes altérés du sang de tous les prophètes, et qui avaient dans le coeur le venin des serpents les plus dangereux? Avec quelle constance et quelle (82) hardiesse s’élève-t-il, et contre eux, et contre leurs pères?

Vous me direz peut-être qu’il les reprend en effet avec une grande liberté; mais que la question est de savoir s’il a raison de le faire. Car saint Jean n’avait point vu pécher les pharisiens, et il voyait leur conversion. Ne devait-il donc pas les louer plutôt, bien loin de leur dire des injures, et de leur faire des reproches? Ne devait-il pas les recevoir avec joie, lorsqu’ils quittaient les villes pour venir dans le fond d’un désert entendre prêcher la vérité?

Nous répondons à cela, que ce saint prophète ne s’arrêtait point à considérer l’état présent de ces personnes, mais que Dieu lui avait découvert le fond de leurs coeurs. Comme il savait que la noblesse et la sainteté de leurs pères les enflait d’orgueil, et que la vanité était la cause de leur perte, et de cette extrême négligence où ils étaient tombés; il était nécessaire qu’il coupât d’abord la racine de cette vaine présomption. C’est dans ce même dessein qu’Isaïe les appelle « Princes de Sodome et de Gomorrhe (Isaïe, I, 10); » et que Dieu leur dit par un autre prophète : « N’ êtes-vous pas devant mes yeux comme les enfants des Ethiopiens? » (Amos, IX, 7.) Enfin tous les prophètes tâchent de leur ôter cette fameuse persuasion, et de réprimer cet orgueil qui était pour eux la cause d’une infinité de maux.

On me dira peut-être que les prophètes avaient raison de traiter les Juifs de la sorte, puisqu’ils les voyaient pécher tous les jours; mais avec quelle justice saint Jean le pouvait-il faire; puisqu’il les voyait si disposés à faire tout ce qu’il aurait voulu leur ordonner? Nous répondrons à cela, qu’il les traitait de la sorte pour amollir la dureté de leur coeur. En considérant attentivement ce qu’il leur dit, on remarque que la louange s’y mêle aux reproches. Un sentiment de surprise pour des hommes qui accomplissent enfin; quoique tard, ce qui leur avait toujours paru impossible, est empreint dans ses paroles. Ainsi ces reproches renferment une exhortation, par laquelle il les invite et les dispose à rentrer dans de meilleurs sentiments. L’étonnement qu’il laisse paraître montre assez combien leur malice était grande, et leur conversion inattendue et étrange. Le vrai sens de ses paroles est celui-ci: Comment se peut-il faire qu’étant fils de tels pères, et qu’ayant été formés à si mauvaise école, vous embrassiez aujourd’hui la pénitence? D’où peut venir un si grand changement? Qui a pu amollir la dureté de ces coeurs? Qui a guéri des plaies si incurables?

Et remarquez comment il les épouvante d’abord en leur parlant des feux et des tourments de l’enfer. II ne leur fait point ces menaces ordinaires aux autres prophètes: Qui vous a appris à fuir la guerre, les irruptions des barbares, la captivité, la peste ou la famine? Il leur représente d’autres peines et d’autres supplices qu’on ne leur avait point encore fait comprendre : « Qui vous a avertis, » dit-il, « de fuir devant la colère, qui est prête à tomber sur vous?»

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