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Works John Chrysostom (344-407) Homélies sur les Actes des Apôtres
HOMÉLIE VI.

1.

Ces paroles ne sont point, dans la bouche de saint Pierre , un langage d'adulation ; mais parce qu'il avait vivement pressé ses auditeurs, il prend un ton plus modéré et cite, avec opportunité, un passage du Psalmiste. Il répète aussi le début de son discours, afin de prévenir en eux le trouble de l'esprit, car il va leur parler de Jésus-Christ. Précédemment ils ont entendu dans la paix et le calme la citation qu'il a faite du prophète. Joël; mais le nom de

Jésus les eût soudain offusqués; c'est pourquoi l'apôtre ne l'a pas prononcé. Observez encore qu'il ne dit pas : Obéissez à ma parole, mais Ecoutez ces paroles ; et certainement, il n'y avait là rien qui pût les offenser. Enfin, remarquons qu'il évite de toucher tout d'abord aux mystères les plus sublimes et qu'il commence par ce qu'il y a de plus humble: « Jésus de Nazareth » , dit-il. Pierre nomme donc la patrie de Jésus ; et cette patrie n'était qu'une obscure bourgade; et il ne révèle de lui rien de grand et d'élevé, pas même ce que tout autre prophète en eût annoncé. « Jésus de Nazareth, homme que Dieu a rendu célèbre parmi vous». Ces premiers mots annoncent déjà un grand mystère, et révèlent que Jésus a été envoyé de Dieu. Or, c'est ce que toujours et en toute circonstance le précurseur et les apôtres ont soin de prouver. Ecoutez la parole du précurseur: « Celui qui m'a envoyé baptiser dans l'eau, m'a dit : Celui sur qui tu verras l'Esprit descendre et se reposer, c'est celui-là». (Jean, I, 33.) Tel est aussi le témoignage que Jésus-Christ lui-même se rend tout spécialement, lorsqu'il dit : « Je ne suis point venu de moi-même, mais le Père m'a envoyé ». (Jean, VII, 28.) Et ce langage se retrouve à toutes les pages de l'Evangile.

C'est pourquoi Pierre, le prince du collège apostolique, l'ami du Christ et son ardent disciple, Pierre, à qui les clés du royaume des cieux ont été confiées, et qui a reçu les révélations de l'Esprit, a saisi d'abord ses auditeurs de crainte et d'effroi, et puis il a ranimé leur courage en leur montrant qu'ils n'étaient point exclus des grâces célestes. Enfin, après les avoir ainsi préparés à recevoir le don de la loi, il aborde la grande question de Jésus-Christ. Eh ! comment osera-t-il affirmer sa résurrection en face de ceux mêmes qui l'ont fait mourir? Aussi ne se hâte-t-il pas de dire qu'il est ressuscité, mais seulement que Dieu l'a envoyé vers eux. Et la preuve, ce sont les miracles qu'il a opérés. Encore ne dit-il pas que Jésus les a opérés lui-même, mais que Dieu les a opérés par lui, afin de mieux gagner ses auditeurs par ce langage si empreint de modération. Quant à la certitude de ces miracles, il s'en rapporte à leur propre témoignage. « Jésus », dit-il, « homme que Dieu a rendu célèbre parmi vous par les merveilles, les prodiges et les miracles qu'il a faits par lui au milieu de vous, comme vous le savez vous-mêmes». C'est alors seulement, et comme par incident, qu'il rappelle le crime affreux qu'ils avaient commis, et qu'il s'efforce de les excuser. Mais, en réalité; quoique ce déicide eût été arrêté dans les conseils divins, ils n'en étaient pas moins coupables.

« Ce Jésus », dit-il, « qui vous a été livré par le conseil et la prescience de Dieu, l'immolant par la main des méchants, vous l'avez mis à mort ». Nous retrouvons ici le même langage et presque les mêmes expressions dont Joseph avait usé à l'égard de ses frères: « Ne craignez point, car ce n'est pas vous qui m'avez livré, mais c'est Dieu qui m'a envoyé ici ». (Gen. XV, 5.) Néanmoins, parce qu' il avait dit que la mort de Jésus était arrêtée dans les conseils divins, les Juifs eussent pu répliquer : Nous avons donc bien fait; c'est pourquoi il les convainc d'homicide par cette parole : « L'immolant par la main des méchants, vous l'avez mis à mort ». Il désigne ici Judas et montre que les Juifs n'eussent pu exécuter leur noir dessein, si Dieu ne le leur eût permis et si le traître ne leur eût livré Jésus. Car c'est ce que signifie ce mot « livré », et l'apôtre rejette ainsi tout l'odieux du crime sur Judas qui livra le Sauveur et le trahit par un baiser. Quant à ces mots: « Par la main des méchants », ils se rapportent à la trahison de Judas, ou aux soldats qui crucifièrent le Sauveur, en sorte que les Juifs l'ont,mis à mort, moins par eux-mêmes que « par la main des méchants ». Mais comme les apôtres ont toujours soin de prêcher d'abord la passion de Jésus-Christ, tandis que Pierre ne fait ici qu'indiquer sa résurrection; et quoiqu'elle soit le point fondamental de la religion, il se contente de l'affirmer. C'est que le crucifiement et la mort de Jésus étaient des fats publies; mais il. n'en était pas encore ainsi de sa résurrection. Aussi ajoute-t-il : «Dieu l’a ressuscité après l'avoir délivré des douleurs du tombeau, et il était impossible qu'il y fût retenu ».

Ici.l'apôtre nous révèle un grand et sublime mystère : car ce mot : « Il était impossible », signifie que Jésus-Christ lui-même a permis au tombeau de le renfermer, et que la mort, en voulant le retenir, a souffert des violences aussi extrêmes que les douleurs de l'enfantement. C'est en effet sous cette image que l'Ecriture se plaît à nous représenter les efforts de la mort, et elle nous indique en même temps que le Christ est ressuscité pour ne plus mourir. On peut aussi donner un autre sens à ces paroles : « Il était impossible qu'il fût retenu dans le tombeau », et dire qu'elles signifient que la résurrection de Jésus-Christ est différente de celle des autres hommes. Et aussitôt, avant que ses auditeurs aient eu le temps de s'arrêter à quelques pensées, Pierre cite le Psalmiste et coupe court à tout raisonnement humain : « Car David a dit de lui ». Mais observez combien cette façon de s'exprimer est humble, et c'est la même modestie de langage que ci-dessus. Cependant il ne laisse pas que d'en tirer cette grande leçon, qu'il ne faut pas s'affliger de la mort. « J'ai toujours », dit-il, « le Seigneur en ma présence ; et il est à ma droite, afin que je ne sois pas ébranlé. C'est pourquoi vous ne laisserez point mon âme dans l'enfer ». (Ps. XV, 8.)

Pierre voulant alors développer cette prophétie, commence ainsi.: « Mes frères ». C'est toujours ainsi qu'il s'exprime lorsqu'il veut annoncer quelques grandes vérités; et ce début est bien propre à rendre ses auditeurs attentifs et bienveillants. « Mes frères, qu'il soit permis de vous dire hardiment du patriarche David ». Quelle humilité ! et comme il parle modestement, dès qu'il peut le faire sans danger ! Il n'affirme donc pas que la prophétie concerne Jésus-Christ à l'exclusion de David; et il agit en cela très prudemment, afin qu'en honorant à leurs yeux cet illustre prophète, il les amène à mieux respecter son autorité. Bien plus, en s'excusant comme d'un trait de hardiesse, de rapporter un fait public, il les loue et les flatte habilement Aussi ne dit-il pas simplement David, mais le patriarche David. « Qu'il soit donc permis de dire hardiment du patriarche David qu'il est mort et enseveli ». Il n'ajoute point qu'il n'est pas ressuscité., mais il le fait assez entendre par ces mots : « Et son sépulcre est parmi nous jusqu'à ce jour ». Cette citation suffit à son dessein, et, au lien d'en venir immédiatement à Jésus-Christ, il loue de nouveau le saint roi. « Or, comme il était prophète et qu'il savait que Dieu lui avait promis avec serment ».

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