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Commentaire sur l'épître aux Romains
5.
Mais je veux un exemple pour éclaircir mon discours. Représentez-vous Rebecca , troublée, cherchant de toutes parts un moyen de sauver son plus jeune fils des mauvais desseins de l'aîné. Elle aimait Jacob, mais elle n'avait pas d'aversion pour Esaü. D'où vient qu'elle disait : « Que je ne perde pas mes deux fils en un seul. jour ». (Gen. XXVII, 45.) C'est avec la même affection que Dieu disait alors : « Vous avez péché? Restez-en là : il se tournera vers vous » (Gen. IV, 7) ; le Seigneur voulait ainsi prévenir le fratricide, établir la paix entre les deux frères. Maintenant, même après que Caïn eut commis le meurtre, même alors, Dieu ne cesse pas de le couvrir de sa providence , c'est encore avec douceur qu'il parle à celui qui vient de tuer son frère. « Où est Abel, votre frère ? » Question faite pour amener un aveu. L'autre continue la résistance avec un surcroît d'impudence effrontée. Même alors, Dieu ne s'éloigne pas de lui ; au contraire, les paroles du Seigneur sont celles d'un ami outragé, méprisé. « La voix du sang de votre frère crie vers moi ». Et c'est encore ici, avec l'homicide, la terre qui subit la colère de Dieu, c'est elle qu'il maudit : « Maudite soit la terre qui a ouvert sa bouche pour recevoir le sang de votre frère ». Dieu fait ce que font les hommes qui déplorent des malheurs, ce que faisait David, après la mort de Saül. Il maudissait les montagnes qui avaient bu son sang : « Montagnes de Gelboé, que la rosée et la pluie ne tombent jamais sur vous, parce que c'est là qu'ont été jetés et les boucliers des vaillants ». (II Rois, I, 21.) On dirait que Dieu aussi fait entendre un chant funèbre. La voix du sang de votre frère crie vers moi : «Vous serez donc maintenant maudit sur la terre, qui a ouvert sa bouche, pour recevoir le sang de votre frère répandu par votre main ».
Il parlait ainsi pour apaiser les bouillons de sa colère, pour le porter à aimer son frère au moins après sa mort. Tu as éteint sa vie, lui dit-il, et tu n'éteins pas encore ta haine? Voyez ce que fait Dieu? Il aimait ces deux frères, parce qu'il les avait créés. Eh quoi? Laissera-t-il le meurtrier impuni ? Mais ce serait le rendre pire qu'il n'est. Il le punira donc ? Mais (378) Dieu est le plus tendre des pères. Voyez donc comment il s'y prend, pour punir et montrer en même temps son amour; ou plutôt il ne punit pas, il se borne à redresser. Le Seigneur, en effet, ne le tue pas, il l'assujettit à trembler, pour se purifier de son crime, pour revenir ainsi à l'amour de Dieu, pour se réconcilier avec son frère mort, car Dieu ne voulait pas que le meurtrier quittant la vie fût encore l'ennemi de celui qui était mort. Voilà comment font ceux qui aiment, quand on ne répond pas à leurs bienfaits par de l'amour; ils deviennent alors malgré eux, violents, menaçants; ils ne le sont pas de gaieté de coeur, mais (amour les y porte parce qu'ils veulent attirer à eux ceux qui les méprisent. Quelle que soit la contrainte qui se mêle à une telle affection, ceux qui aiment beaucoup y trouvent cependant une consolation; c'est ainsi que le châtiment même vient de l'affection. Ceux qui se soucient peu d'être haïs, ne tiennent pas non plus à punir. Voyez Paul, de son côté, disant aux Corinthiens : « Quel est celui qui peut me réjouir, si ce n'est celui qui s'attriste à cause de moi? » (II Cor. II, 2.) Ainsi c'est quand il menace du châtiment qu'il montre son amour. De même c'est parce que l'Egyptienne avait pour Joseph un violent amour, qu'elle le livra à la peine. Mais celle-ci ne voulait que le mal, parce que son amour était impudique ; Dieu, au contraire, ne veut que le bien, car son amour est digne de lui. Voilà pourquoi il ne dédaigne pas de s'abaisser aux lourdes expressions de la parole humaine, et de se donner la qualification de jaloux : « Je suis », dit-il « un Dieu jaloux » ; c'est pour vous apprendre l'intensité de son amour. (Exode, XX, 5.)
Aimons-le donc comme il veut être aimé; Dieu attache un grand prix à notre amour. Si nous nous détournons de lui, il reste, il nous provoque; et si nous refusons de nous retourner vers lui, il nous punit, parce qu'il nous aime, et non parce qu'il veut se venger. Voyez donc ce qu'il dit dans Ezéchiel, à la ville qu'il aimait, et qui lui répondait par des mépris « Je susciterai contre vous ceux que vous aimiez, et je vous livrerai entre leurs mains, et ils vous lapideront, et ils vous égorgeront, et mon zèle pour vous vous sera retiré, et je me reposerai et je ne m'occuperai plus de «vous ». (Ezéch. XXIII, 22.) Que dirait de plus un amant passionné, méprisé par celle qu'il aime, et ensuite embrasé de nouveau de son amour? Il n'est rien que Dieu ne fasse pour être aimé de nous; il n'a pas même épargné son Fils. Mais nous sommes intraitables et cruels. Devenons enfin sensibles, aimons Dieu comme il faut l'aimer, faisons-nous une volupté de la vertu. Avec une femme qu'on aime on ne sent rien des douleurs qui attristent la vie chaque jour; avec cet amour divin, ce pur amour, songez quels sont les délices et les plaisirs. Voilà, oui, voilà le royaume des cieux, voilà les vraies jouissances, voilà la volupté, voilà la sérénité, la joie, la béatitude. Mais quoi que je dise, je ne dirai rien qui soit digne d'un tel sujet, l'expérience seule peut révéler ce qu'est en soi un tel bien. Aussi le prophète disait-il : « Mettez vos délices dans le Seigneur; et goûtez. et voyez combien le Seigneur est doux». (Ps. XXXVI, 4, et XXXIII, 9.) Obéissons donc, et plongeons-nous dans les délices du divin amour. Car, par ce moyen, même d'ici-bas nous verrons peut - être le royaume des cieux, et nous commencerons à vivre de la vie des anges; quoique séjournant sur la terre, nous n'aurons rien à envier aux habitants du ciel, et, après notre départ, nous nous tiendrons rayonnant dé splendeur devant le tribunal du Christ, et nous jouirons d'une gloire ineffable ; puissions-nous tous l'obtenir par la grâce et par la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartient, comme au Père, comme au Saint-Esprit, la gloire, l'empire, l'honneur, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
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Kommentar zum Briefe des hl. Paulus an die Römer (BKV)
5.
Damit du das Gesagte an einem Beispiele ersiehst, so betrachte die Rebekka, wie sie in Aufregung hin und herlief, als ihr älterer Sohn dem jüngeren Krieg ansagte. Wenn sie auch den Jakob liebte, so wandte sich ihr Herz doch auch von Esau nicht ab; darum sagte sie: „O, daß ich doch nicht beider Söhne an einem Tage beraubt würde!“ 1 Und deswegen sprach auch Gott damals (zu Kain): „Du hast gesündigt; sei ruhig und sündige fernerhin nicht mehr!“ Damit wollte er den Mord verhindern und den Frieden zwischen beiden erreichen. Als aber nachher Kain seinen Bruder doch getötet hatte, ließ Gott trotzdem nicht ab von der Fürsorge um ihn, sondern er machte dem Brudermörder wieder nur einen milden Vorwurf, indem er sprach: „Wo ist Abel, dein Bruder?“ 2 Er wollte ihn dadurch zum Eingeständnis bringen. Doch Kain war noch widerspenstiger als vorher und noch frecher und unverschämter. Aber auch dann ließ Gott nicht nach, sondern wieder erhebt er seine Stimme und spricht wie einer, der für seine Liebe noch geschmäht und verachtet wird: „Die Stimme des Blutes deines Bruders schreit zu mir“ 3. Und dann trifft S. d174 er zugleich mit dem Mörder auch die Erde mit seinem Fluche und läßt seinen Zorn nach Art von Leuten, die ihr Unglück bejammern, an ihr aus: „Verflucht sei die Erde, die ihren Mund auf getan hat, um das Blut deines Bruders zu trinken“ 4. So machte es auch David, als Saul gefallen war. Auch er fluchte den Bergen, die Sauls Blut getrunken hatten, indem er ausrief: „Ihr Berge von Gelboë, nicht falle auf euch Tau noch Regen, weil da weggeworfen ward der Schild der Mächtigen“ 5. So stimmt auch Gott gewissermaßen eine Totenklage an und ruft: „Die Stimme des Blutes deines Bruders schreit zu mir, und nun seist du verflucht wegen der Erde, die ihren Mund aufgetan hat, das Blut deines Bruders von deiner Hand zu trinken.“ Das sagte er, um Kains glühenden Zorn zu kühlen und ihn wenigstens jetzt erst zur Liebe zu bewegen. Du hast das Leben (deines Bruders) ausgelöscht, will er sagen; was löschest du nicht auch die Feindschaft gegen ihn aus? Was soll Gott mit dem Kain tun? Er liebt ihn ja auch; denn er hat beide erschaffen. Was also? Soll er den Mörder ungestraft dahingehen lassen? Aber dann wird er noch schlechter. Soll er ihn strafen? Aber da ist er wieder liebevoller als ein Vater. Sieh, wie er straft und dabei zugleich seine Liebe zeigt; oder vielmehr er straft nicht, sondern sucht nur zu bessern. Er tötet den Kain nicht, sondern er lähmt ihn nur durch Furcht. Auf diese Weise soll er seiner Schuld ledig werden, er soll zur Liebe gegen seinen Bruder kommen, er soll sich mit ihm noch nach seinem Hingange versöhnen. Denn Gott wollte nicht, daß er als Feind des Toten von hinnen gehe. So machen es die Liebenden. Wenn sie trotz aller erwiesenen Wohltaten nicht geliebt werden, so setzen sie ihre Versuche doch fort, sie werden heftig und drohen, ungern zwar, aber von der Liebe fortgerissen; sie wollen auf diese Weise die an sich ziehen, welche sie mißachten. Eine solche Liebe ist freilich einigermaßen erzwungen; aber die Größe ihrer eigenen Liebe läßt die Liebenden darüber hinwegsehen. Auch die Strafe ist eine Folge der S. d175 Liebe. Denn, die sich nichts daraus machen, gehaßt zu werden, die greifen auch nicht zur Strafe. Höre nur, wie auch Paulus dies in seinem Schreiben an die Korinther ausdrückt: „Wer ist es“, sagt er „der mir Freude macht, wenn nicht einer, der durch mich betrübt worden ist?“ 6 So kommt es, daß gerade eine gesteigerte Strafe ein besonderer Beweis von Liebe ist. So hat auch die Ägypterin, gerade weil sie Joseph so heftig liebte, ihn auch recht schwer gestraft. Freilich tat es jene in böser Absicht; denn ihre Liebe war eine solche sinnlicher Leidenschaft. Gott aber tat es in guter Absicht; denn seine Liebe mußte ja des Liebenden würdig sein. Darum läßt er sich sogar dazu herab, grob deutliche Redensarten zu gebrauchen, auf sich die Benennungen menschlicher Leidenschaften anzuwenden und sich „eifersüchtig“ zu nennen. „Ich bin ein eifersüchtiger Gott“ 7, spricht er. Daraus sollst du das Übermaß der Liebe ersehen.
Laßt uns also Gott lieben, wie er es will! Er hält dies für eine hochwichtige Sache. Wenn wir uns von ihm abwenden, so fährt er doch fort, uns zu rufen; wenn wir uns trotzdem nicht zu ihm wenden wollen, so straft er uns aus lauter Liebe, nicht um sich an uns zu rächen. Höre nur, was er bei Ezechiel zu der von ihm so sehr geliebten Stadt (Jerusalem), die seine Liebe mißachtete, spricht: „Deine Buhler will ich über dich kommen lassen und will dich in ihre Hände geben, und sie werden dich steinigen und morden; und mein Eifer wird von dir ablassen, und ich werde aufhören und mich nicht mehr kümmern“ 8. Was könnte ein Liebhaber anders sagen, der, von seiner Geliebten verschmäht, daraufhin noch mehr in Liebe zu ihr entbrennt? Gott tut ja alles mögliche, um von uns geliebt zu werden. Er hat deswegen nicht einmal seines Sohnes geschont. Aber wir sind gefühllos und hart. Aber laßt uns einmal weich werden, laßt uns Gott lieben, wie wir ihn lieben sollen, damit wir zugleich auch verkosten, wie süß diese Tugend ist! Denn wenn schon jemand, der ein geliebtes Weib hat, S. d176 die Widerwärtigkeiten des täglichen Lebens für nichts achtet, bedenke, welch süße Freude der genießen mag, den diese reine Gottesliebe beseelt! Sie ist ja das Himmelreich, sie ist wahrer Genuß, sie ist süße Wonne, sie ist Frohsinn, sie ist Freude, sie ist Glückseligkeit; ja, was ich auch immer sagen mag, ich bin nicht imstande, einen rechten Begriff von ihr zu geben; die eigene Erfahrung allein kann uns ihre Schönheit verstehen lassen. Darum sagt der Prophet: „Schwelge im Genusse des Herrn!“ und: „Verkostet und sehet, wie süß der Herr ist!“ 9
Laßt uns also (dieser Einladung) folgen und schwelgen in der Liebe Gottes! So werden wir das Himmelreich schon hienieden schauen, ein Leben nach Art der Engel führen, noch auf der Erde weilend nicht weniger haben als die Himmelsbewohner, nach unserem Hingange herrlicher als alle vor dem Richterstuhl Christi stehen und unsägliche Herrlichkeit genießen. Diese möge uns allen zuteil werden durch die Gnade und Liebe unseres Herrn Jesus Christus, dem Ehre sei in alle Ewigkeit. Amen. S. d177