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Works John Chrysostom (344-407) In epistula ad Romanos commentarius Commentaire sur l'épître aux Romains
HOMÉLIE XIV.

9.

Voyez-vous l'exactitude du terme, et comme il veut que nous soyons toujours miséricordieux? Il ne dit pas simplement : Ayez pitié, mais: « Revêtez-vous », afin que la miséricorde soit toujours avec nous, comme un manteau. Il ne dit pas non plus simplement De miséricorde, mais : « D'entrailles de miséricorde », afin que nous imitions l'amour naturel. Mais nous faisons le contraire : Si quelqu'un s'approche pour nous demander une obole, nous l'injurions, nous lui disons des sottises, nous le traitons d'imposteur. Vous ne craignez pas, ô homme, vous ne rougissez pas de traiter quelqu'un d'imposteur, à propos d'un morceau de pain? Et quand il le serait, il faudrait encore en avoir pitié, puisque c'est la faim qui le pousse à jouer ce rôle. Cela même accuse notre dureté. Comme nous ne savons pas donner facilement, les mendiants sont forcés d'inventer mille moyens pour tromper notre inhumanité et amollir notre dureté. Du reste, s'il vous demandait de l'argent ou de l'or, vous auriez peut-être quelque raison de le suspecter; mais quand il ne s'adresse à vous que pour avoir la nourriture qui lui est nécessaire, pourquoi philosopher hors de propos, discuter inutilement, et lui lancer les reproches d'oisiveté et de paresse? S'il faut adresser ces reproches, c'est à nous, et non à d'autres. Quand donc vous vous approchez de Dieu pour lui demander pardon de vos péchés, souvenez-vous de ces paroles et vous comprendrez que vous méritez plutôt de les entendre de la part de Dieu, que le pauvre de votre part. Cependant jamais Dieu ne vous les a adressées; jamais, par exemple, il ne vous a dit : Retire-toi, car tu es un imposteur, toi qui viens souvent à l'église, y apprends nos lois, et, une fois sorti, préfère l'or, la passion, l'amitié, tout en un mot, à mes commandements ; qui es humble dans la prière, puis, quand elle est achevée, te montres audacieux, cruel, inhumain; va-t-en et cesse de me prier. Nous méritons ces reproches et bien d'autres encore; et pourtant jamais Dieu ne nous a rien dit de semblable; il est. patient, au contraire, il fait tout de son côté et nous accorde plus que nous ne demandons.

Songeant à cela, soulageons les besoins des pauvres, et ne nous inquiétons pas trop de savoir s'ils nous mentent. Car nous avons besoin d'être sauvés avec indulgence, avec bonté, avec une grande pitié. Et si l'on entre en un compte sévère avec nous, il n'y a pas moyen, non, il n'y a pas moyen d'être sauvés; nous devrons tous être punis, tous être perdus. Ne soyons donc point juges impitoyables des autres, de peur d'être nous-mêmes examinés sévèrement: car nous avons. tous des péchés qui ne méritent point de pardon. Ayons surtout pitié de ceux qui en sont indignes, afin de nous attirer aussi une pareille indulgence; et néanmoins, quoi que nous fassions, jamais nous ne pourrons montrer autant de bienveillance qu'il nous en faut de la part du bon Dieu. Quelle absurdité, quand on est si indigent, d'être si sévère à l'égard de ses compagnons de pauvreté, et de tout faire contre eux ! Jamais vous ne prouverez que cet homme est aussi indigne de vos bienfaits que vous l'êtes de ceux de Dieu. Celui qui est exigeant à l'égard de son père sera traité par Dieu bien plus rigoureusement. Ne crions donc pas contre nous; donnons, même à l'insolent, même au paresseux. Car, nous aussi, nous péchons souvent, et même toujours, par lâcheté, et Dieu ne nous en punit pas immédiatement; mais il nous donne le temps de nous repentir, il nous nourrit chaque jour,. il nous élève, nous instruit, ne nous refuse. rien, afin que nous imitions ainsi sa miséricorde.

Dépouillons donc notre dureté, rejetons notre cruauté, et, en cela, nous nous rendrons service plus qu'aux autres. Aux pauvres, en effet, nous donnons de l'argent, du pain, des vêtements; mais nous nous préparons une gloire immense, une gloire qu'il n'est pas possible d'exprimer. Car, reprenant des corps incorruptibles , nous serons glorifiés avec le Christ et nous régnerons avec lui; par là nous voyons ce que ce sera , ou plutôt nous ne le comprendrons jamais clairement ici-bas; néanmoins je ferai mots possible pour vous en donner une faible idée , d'après les biens mêmes de cette vie présente. Dites-moi : Si quelqu'un vous promettait, à vous vieux et pauvre, de vous rajeunir tout à coup, de vous ramener à la fleur de l'âge, de vous donner une force et une beauté sans égales, puis de vous faire régner sur le monde entier pendant mille ans, au sein de la paix la plus profonde que ne feriez-vous pas, que ne souffririez-vous pas, pour la réalisation d'une telle promesse? Et voilà que le Christ vous promet, non pas cela, mais beaucoup plus. Car la distance entre la vieillesse et la jeunesse, entre l'empire et la pauvreté, est loin d'égaler celle qui sépare la corruptibilité et l'incorruptibilité, la gloire présente de la gloire future: c'est la différence des songes à la réalité.

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