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Works John Chrysostom (344-407) In epistula ad Romanos commentarius Commentaire sur l'épître aux Romains
HOMÉLIE XVII.

5.

Et comment ne seriez-vous pas plus ignobles qu'eux, vous qui avez besoin de leurs éloges, et qui n'êtes pas satisfait si vous ne recevez de la gloire des autres? Outre ce que nous avons dit, vous ne songez donc pas qu'étant ainsi en évidence et exposé à tous les regards, vous aurez des milliers d'accusateurs quand vous commettrez une faute ; tandis qu'étant inconnu , vous seriez au moins en sécurité? Oui, dites-vous, mais aussi quand je fais le bien, j’ai des milliers d'admirateurs. Eh ! c'est là le danger que la maladie de vaine gloire vous nuise, non-seulement quand vous faites le mal, mais aussi quand vous faites le bien; dans le premier cas, en scandalisant une foule de personnes, dans le second, en vous privant de votre récompense. Dans l'ordre social, c'est une chose déplorable et ignominieuse que d'aimer la gloire; mais quand vous portez cette maladie dans l'ordre spirituel, quel pardon pouvez-vous espérer, vous qui ne voulez pas même rendre à Dieu l'honneur que vous recevez dé vos serviteurs ? En effet, le serviteur a l'oeil fixé sur les yeux de son maître, le mercenaire sur celui de qui il attend son salaire, le disciple sur celui qui lui fait la leçon; et vous, au contraire, laissant de côté Dieu , le maître qui vous a pris à gage, vous avez l'œil fixé sur vos compagnons de service, bien que vous sachiez que Dieu se souviendra de vos bonnes actions après cette vie, tandis que l'homme ne s'en occupe que dans le temps; et quand vous avez des spectateurs assis dans le ciel , vous en cherchez sur la terre.

Un athlète désire être couronné là où il a combattu; et vous qui combattez en haut, vous voulez être couronné en bas. Y a-t-il une folie pire que celle-là ? Maintenant examinons, s'il vous plaît, les couronnes : l'une est formée par l'orgueil, l'autre par la jalousie, celle-ci par la fausseté et l'adulation, celle-là par l'argent , une autre par l'esprit de servilité. Comme les enfants dans leurs jeux se mettent réciproquement des couronnes d'herbe sèche; puis rient, par derrière, de celui qui est ainsi couronné sans s'en apercevoir ; ainsi ceux qui vous louent, vous mettent une couronne d'herbe sèche, puis se moquent de vous entre eux; et plût au ciel que ce ne fût que de l'herbe sèche, mais cette couronne est extrêmement nuisible et détruit tous nos mérites. Considérez donc son peu de valeur et évitez la perte qu'elle entraîne. A combien pensez-vous que se montent vos approbateurs? A cent, à deux cents, à trois cents, à quatre cents? Mettons plus encore, et si vous le voulez, dix fois , vingt fois autant; qu'ils soient deux mille, quatre mille; que dix mille même, si cela vous plaît, fassent retentir des applaudissements à votre honneur; ils ne ressembleront qu'à une troupe de geais qui crient; bien plus, si vous songez au théâtre des anges, ils vous paraîtront plus vils que des vers de terre, et leurs applaudissements plus faibles que des toiles d'araignées, que de la fumée, que des songes.

Ecoutez comment Paul, qui l'avait si bien compris, les repousse, bien loin de les rechercher: «Pour moi, à Dieu ne plaise que je me glorifie , si ce n'est dans la croix du à Christ ! » (Gal. VI, 14.) Et vous aussi , cherchez cette gloire, pour ne pas irriter le Maître. Car ce n'est pas seulement vous, mais Dieu aussi que vous outragez par cette conduite. Si vous étiez peintre, que vous eussiez un élève et que cet élève, dédaignant de vous montrer son tableau, allât simplement l'exposer aux regards des observateurs, vous en seriez indigné. Or si c'est là une injure entre serviteurs, à bien plus forte raison envers le Maître. Si vous voulez apprendre un autre moyen de mépriser la vaine gloire, élevez-vous en esprit, riez du monde visible, augmentez en vous l'amour de la vraie gloire. Emplissez-vous de sagesse spirituelle , dites à votre âme comme Paul : « Ne sais-tu pas que nous jugerons les anges? » Et après l'avoir ainsi relevée, grondez-la et dites-lui : Toi qui dois juger les anges, tu veux être jugée par des hommes impurs, être applaudie des danseurs, des comédiens, des gladiateurs, des cochers? Car voilà la célébrité qu'on poursuit.

Mais vous, prenez un vol qui vous élève au-dessus de ces clameurs, imitez Jean, (335) l'habitant du désert, voyez comme il méprise la foule; comme l'aspect des flatteurs ne l'émeut pas; comme, en voyant tous les habitants de la Palestine l'entourer saisis d'admiration et d'étonnement, il ne s'enorgueillissait point de tant d'honneurs, comme, au contraire, il s'élevait contre eux, et traitant ce peuple comme un enfant, il les réprimandait en disant : « Serpents, race de vipère ». (Matth. III, 7.) Cependant c'était à cause de lui qu'ils accouraient, c'était pour voir cette tête sacrée qu'ils abandonnaient les villes; mais rien de tout cela ne l'amollissait : tant il était ennemi de la gloire et exempt d'orgueil.

Ainsi encore Etienne voyant ce même peuple, non plus l'entourant de respect, mais saisi de fureur et grinçant les dents, s'élevait au-dessus de cette tempête et disait : « Hommes à tête dure et aux coeurs incirconcis ». (Act. VII.) Ainsi Elie, en présence de deux armées, du roi et de tout le peuple, disait : « Jusqu'à quand boiterez-vous des deux côtés? » (III Rois, XVIII, 21.) Mais nous , nous flattons tout le monde, nous nous mettons au service de tout le monde, afin d'acheter l'honneur au prix de notre servilité. Voilà pourquoi tout est sens dessus dessous, nous perdons la grâce, le christianisme est trahi, et on néglige tout pour acquérir l'estime de la foule. Chassons donc ce vice, et nous saurons alors ce que c'est que la liberté, le port, le calme. Car l'ami de la vaine gloire ressemble aux gens battus de la tempête; toujours il tremble, toujours il craint, ayant mille maîtres à servir; tandis que celui qui est exempt de cette tyrannie, ressemble à ceux qui sont au port et jouissent d'une sécurité parfaite. Tout autre est la situation de celui-là; plus il est connu, plus il a de maîtres, obligé qu'il est de les servir tous. Comment donc nous débarrasserons-nous de ce terrible esclavage ? En aimant l'autre gloire, la véritable gloire. Car comme ceux qui aiment les corps sont détachés d'une figure moins belle par une figure plus belle; ainsi, par son éclat, la gloire céleste pourra détacher les amants de la gloire terrestre. Contemplons-la donc, apprenons à la bien connaître, afin que, saisis d'admiration pour sa beauté, nous ayons horreur de la difformité de l'autre, et que nous goûtions en elle une grande et perpétuelle volupté. Puissions-nous tous l'obtenir par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, en qui la gloire , l'empire, l'honneur appartiennent au Père et en même temps au Saint-Esprit, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

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