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Œuvres Jean Chrysostome (344-407) In epistula ad Romanos commentarius Commentaire sur l'épître aux Romains
HOMÉLIE XVIII.

6.

Car l'homme vaut mieux que le ciel, et il peut donner à son âme une beauté, que le ciel n'a point. Depuis longtemps on voyait le ciel, et cet aspect n'a guère converti; Paul n'a prêché que peu de temps et il a attiré à lui le monde entier. C'est qu'il possédait une âme qui n'était point inférieure au ciel et capable de tout attirer à elle. Notre âme n'est pas même digne de la terre, et la sienne était comparable aux cieux. En effet, le ciel reste dans ses limites propres, et observe des lois fixes; mais l'âme de Paul surpassait en hauteur tous les cieux et vivait familièrement avec le Christ même ; et sa beauté était telle que Dieu lui-même la proclamait. Les anges admirèrent les astres au moment de leur création; mais Dieu lui-même admira Paul, en disant : « Il est pour moi un vase d'élection ». (Act. IX, 15.) Souvent les nues voilent le ciel; jamais la tentation n'obscurcit l'âme de Paul; mais au milieu des tempêtes il paraissait plus brillant que les feux du midi et ne perdait rien de l'éclat qu'il avait avant l'orage. Car le soleil qui brillait en lui lançait des rayons que toutes les tentations réunies ne pouvaient obscurcir, qui en devenaient au contraire plus resplendissants. Aussi Dieu lui disait-il : « Ma grâce te suffit : car ma puissance se fait mieux sentir dans la faiblesse ». (II Cor. XII, 9.)

Imitons-le donc, et ni ce ciel visible, ni le soleil, ni le monde entier ne seront rien en comparaison de nous, si nous le voulons; car ils ont été faits pour nous, et non pas nous pour eux. Montrons que nous sommes dignes qu'ils aient été faits pour nous. Si nous nous en montrons indignes, comment serons-nous dignes du royaume? Et si ceux qui vivent pour blasphémer Dieu sont indignes de voir le soleil, ceux qui blasphèment sont également indignes de jouir des créatures qui glorifient Dieu, comme un fils qui outrage son père ne mérite pas d'être servi par des domestiques fidèles. C'est pourquoi les couvres de Dieu seront revêtues d'une grande gloire, tandis que nous subirons le châtiment et la vengeance. Combien donc il serait misérable que des créatures formées pour nous, fussent conformes à la liberté de la gloire des enfants de Dieu ; et que nous, devenus enfants de Dieu, nous fussions, par notre extrême lâcheté, perdus et précipités en enfer : nous pour qui ces créatures jouiront d'une si grande félicité !

Pour que cela n'arrive pas, que ceux qui ont l'âme pure, la conservent en cet état; qu'ils augmentent même son éclat; mais que ceux qui ont l'âme souillée, ne désespèrent pas pour autant : car il est écrit : « Quand vos péchés seraient couleur de pourpre, je les rendrai blancs comme la neige; et quand ils seraient comme du safran, je les rendrai blancs comme la laine ». (Isaïe, I, 18.) Or, quand Dieu promet, n'hésitez pas, mais faites tout ce qu'il faut pour mériter l'exécution de ses promesses. Vous avez commis une multitude d'iniquités? qu'importe ?Vous n'êtes pas encore tombé en enfer, où personne ne se confesse plus; votre rôle n'est pas encore terminé, vous êtes encore dans l'arène, et vous pouvez, par une lutte énergique, réparer toutes vos défaites. Vous n'êtes pas encore descendu où est le mauvais riche, pour vous entendre dire : « Entre vous et nous il y a un abîme » (Luc, XVI, 26) ; l'époux n'est pas encore arrivé, pour qu'on craigne de vous donner (343) de l'huile ; vous pouvez encore en acheter et en verser dans votre lampe. Personne ne vous dit encore : « De peur qu'il n'y en ait pas assez pour nous et pour vous » (Matth. XXV, 9) ; mais le nombre des vendeurs est grand, ceux qui sont nus, ceux qui ont faim, les malades, les prisonniers. Nourrissez les uns, revêtez les autres, visitez ceux qui sont sur. le lit de douleur, et l'huile vous viendra en surabondance. Le jour des comptes n'est pas encore venu. Usez du temps comme il faut; remettez les dettes, dites à celui qui doit cent mesures d'huile : « Prenez votre obligation et écrivez cinquante ». (Luc XVI, 6.) Faites-en autant pour l'argent, pour les paroles, pour tout, à l'exemple de cet économe ; excitez-vous à tenir cette conduite et exhortez y vos proches. Car vous pouvez encore dire tout cela; vous n'êtes pas encore dans la nécessité de recourir à un intercesseur; vous pouvez user de ces conseils et les donner aux autres ; mais quand vous serez sorti de ce monde, vous ne pourrez plus faire ni l'un ni l'autre. Vous qui avez eu de si longs termes, et qui n'avez été utile ni à vous-même ni aux autres, quelle grâce aurez-vous à attendre, quand vous serez aux mains de votre juge?

Faisant donc ces réflexions, travaillons avec ardeur à notre salut, et ne laissons point échapper les occasions que le temps présent nous offre. On peut, oui, on peut jusqu'au dernier souffle se réconcilier avec Dieu; on le peut encore même par son testament, non pas cependant autant que pendant sa vie, mais enfin on le peut. Et comment cela? En inscrivant le Christ parmi vos héritiers, en lui attribuant une part de votre succession. Vous ne l'avez pas nourri pendant. que vous viviez? Au moment du départ, quand vous n'êtes plus en état de jouir, donnez-lui une partie de votre fortune; il est bon, il ne sera point trop sévère avec vous. Sans doute il eût été plus généreux et plus méritoire de le nourrir pendant votre vie; mais si vous ne l'avez pas fait, usez au moins de ce second moyen : donnez-le pour cohéritier à vos enfants. . Et si vous hésitez encore, songez que le Père vous a fait cohéritier de son Fils, et dépouillez votre inhumanité. Quelle excuse aurez-vous, si vous refusez de faire entrer en partage avec vos enfants celui qui vous a donné part à son ciel, et qui a été immolé pour vous? D'autre part, tout ce qu'il a fait, il l'a fait par grâce, et non en acquit de dette, tandis qu'après tant de bienfaits vous êtes devenu son débiteur. Et néanmoins, les choses étant ce qu'elles sont, il vous récompense comme s'il avait reçu un don et non comme ayant recouvré une créance, bien que tout ce qu'il réclame soit à lui.

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