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Œuvres Jean Chrysostome (344-407) In epistula ad Romanos commentarius Commentaire sur l'épître aux Romains
HOMÉLIE XXV.

2.

Encore un autre coup frappé par l'apôtre. (386) Son indignation semble s'attaquer au fort; en réalité, c'est à l'autre qu'il s'adresse. Quand il dit: « Mais il demeurera ferme », l'apôtre le montre chancelant, ayant besoin qu'on s'occupe de lui, qu'on en prenne beaucoup de soin, un soin tel que c'est Dieu lui-même que l'apôtre appelle pour le guérir : « Parce que Dieu est tout-puissant pour l'affermir ». C'est le langage que nous tenons quand les malades sont à peu près désespérés. Pour prévenir le désespoir, ce malade, il l'appelle serviteur : « Qui êtes-vous, pour juger le serviteur d'autrui ? » Et il y a encore là une réprimande détournée. Ce n'est pas parce que sa conduite ne mérite point d'être jugée que je vous défends de le juger, mais parce qu'il est le serviteur d'autrui; ce qui veut dire qu'il n'est pas le vôtre, mais celui de Dieu. Ensuite vient encore une consolation : l'apôtre ne dit pas : Il tombe; mais que dit-il? « S'il demeure ferme ou s'il tombe ». Soit l'un, soit l'autre de ces deux états, dans les deux cas, c'est l'affaire du Seigneur; car c'est lui qui souffre le dommage quand le serviteur tombe, et, quand il tient ferme, le gain est pour le Seigneur. Sans doute, si nous ne considérons pas le but de Paul, qui veut prévenir des accusations intempestives, ces paroles sont réprouvées par le zèle que les chrétiens doivent montrer les uns pour les autres. Mais je ne veux pas me lasser de le redire, il faut considérer la pensée qui les dicte, le sujet que traite l'apôtre, les fautes qu'il tient à corriger. Il ne pouvait réprimander plus fortement ce zèle indiscret. Dieu, dit-il, qui éprouve le dommage, Dieu souffre sans réclamer; quel zèle intempestif, quel excès d'inquiétude ne montrez-vous donc pas, en tourmentant, en troublant celui qui ne fait pas comme vous? « Celui-ci distingue les jours, celui-là juge que tous les jours sont égaux (5) ».

Ici, l'apôtre me semble indiquer doucement, à mots couverts, le temps du jeûne. Ils est à croire que ceux qui jeûnaient s'obstinaient à juger la conduite de ceux qui ne jeûnaient pas; on peut croire encore que quelques-uns pratiquaient certaines observances, certaines abstinences à des jours marqués, qu'ils cessaient à d'autres jours marqués : de là ces paroles : « Que chacun agisse selon qu'il est pleinement persuadé dans son esprit». Pour dissiper les scrupules de ceux qui observaient les jours, il leur dit que la chose est indifférente; et, pour couper court aux accusations qui leur sont intentées, il montre qu'il ne faut pas tant s'obstiner à les inquiéter. Il est bien entendu que, s'il ne fallait pas tant les inquiéter, ce n'est. pas eu égard à la chose en elle même, mais à cause des circonstances de temps, parce qu'ils étaient des convertis de fraîche date. Car, en écrivant aux Colossiens, l'apôtre met un grand zèle à formuler la défense : « Prenez garde que personne ne vous surprenne par la philosophie et par des raisonnements vains et trompeurs, selon une doctrine toute humaine, ou selon des observances qui étaient les éléments du monde et non selon Jésus-Christ ». (Col. II, 8.) Et encore : « Que personne donc ne vous condamne pour le manger et pour le boire; que nul ne vous ravisse le prix de votre course ». (Ib. 16, 18.) En écrivant aux Galates, il a grand soin d'exiger d'eux la perfection de la sagesse sur ce point. Mais ici, ce n'est pas la même sévérité, parce que la foi était jeune encore. Donc gardons-nous d'appliquer à tout le : « Que chacun agisse selon qu'il est pleinement persuadé dans son esprit ». Quand il s'agit des dogmes, entendez ce que dit l'apôtre : « Si quelqu'un vous annonce un Evangile différent de celui que vous avez reçu, qu'il soit anathème ». (Gal. I, 9.) Et encore : « J'appréhende qu'ainsi que « le serpent séduisit Eve, vos esprits aussi ne « se corrompent » . (II Cor. XI, 3.) Et il écrivait aux Philippiens : « Gardez-vous des chiens, gardez-vous des mauvais ouvriers, gardez-vous des faux circoncis ». (Philipp. III, 2.) Mais, en s'adressant aux Romains, comme le temps n'était pas encore arrivé d'établir la perfection de la vie chrétienne, il se borne à dire : « Que chacun agisse selon qu'il est pleinement persuadé dans son esprit». Car il s'agissait du jeûne, et ce que l'apôtre voulait, c'était réprimer l'arrogance des uns, dissiper les scrupules timorés des autres.

« Celui qui distingue les jours, les distingue pour plaire au Seigneur, et celui qui ne distingue pas les jours, agit ainsi pour plaire au Seigneur; celui qui mange de tout, mange de tout pour plaire au Seigneur, car il en rend grâces à Dieu ; et celui qui ne mange pas de tout, c'est pour plaire au Seigneur qu'il ne mange pas de tout, et il rend aussi grâces à Dieu (6) ». Ce sont encore les mêmes idées qu'il exprime. Or voici ce qu'il veut dire: (387) Il ne s'agit pas ici d'actions capitales : ce qu'il faut savoir, en effet, c'est si l'un aussi bien que l'autre se conduisent en vue de Dieu, si, des deux côtés, on finit par rendre des actions de grâces à Dieu. Eh bien ! l'un comme l'autre ils bénissent Dieu. Donc, puisque des deux côtés on bénit Dieu, il n'y a pas grande différence. Quant à vous, remarquez comment, ici encore, il frappe, d'une manière détournée, le chrétien qui judaïse. En effet, si l'important est de bénir Dieu, il est bien évident que c'est celui qui mange de tout qui bénit de Dieu, et non celui qui ne mange pas de tout. Comment pourrait-il le bénir en restant toujours attaché à la loi ancienne? C'est la pensée qu'exprime l'apôtre dans sa lettre aux Galates : « Vous qui voulez être justifiés par la loi , vous êtes déchus de la grâce ». (Gal. V, 4.) Dans cette lettre aux Romains, il se contente de l'indiquer à mots couverts, le temps n'était pas venu de parler ouvertement. En attendant, il tolère ; mais bientôt il énonce plus clairement sa pensée. Il ajoute en effet : « Car aucun de nous ne vit pour soi-même, et aucun de nous ne meurt pour soi-même. Soit que nous vivions, c'est pour le Seigneur que nous vivons; soit que nous mourions, c'est pour le Seigneur que nous mourons (7, 8) ». Ces paroles marquent plus expressément sa pensée. Car comment celui qui vit pour la loi peut-il vivre pour le Christ? Mais en même temps que l'apôtre établit cette vérité, les mêmes paroles lui servent à retenir ceux qui étaient trop pressés ale les corriger , elles recommandent la patience, elles montrent que Dieu ne peut pas mépriser les chrétiens encore judaïsants, mais qu'il se chargera lui-même de les corriger quand le temps sera venu.

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