• Accueil
  • Œuvres
  • Introduction Instructions Collaboration Sponsors / Collaborateurs Copyrights Contact Mentions légales
Bibliothek der Kirchenväter
Recherche
DE EN FR
Œuvres Jean Chrysostome (344-407) In epistula ad Romanos commentarius Commentaire sur l'épître aux Romains
HOMÉLIE VIII.

5.

Si donc vous. croyez que le patriarche a été honoré, croyez qu'il est le père de tous. Après avoir dit Devant Dieu à qui il a « cru », il ajoute : « Qui vivifie les morts et appelle les choses qui ne sont pas, comme celles qui sont », proclamant déjà la doctrine de la résurrection; ce qui lui était utile pour le but qu'il se proposait. Car s'il est possible à Dieu de vivifier les morts, d'appeler les choses qui ne sont pas comme celles qui sont, il peut aussi donner pour fils à Abraham ceux qui ne sont pas nés de lui. Aussi l’apôtre ne dit-il pas : Qui produit les choses qui ne sont pas comme celles qui sont, mais « qui « appelle », pour mieux indiquer un pouvoir à qui tout est facile. En effet, comme il nous est facile d'appeler des choses qui sont, ainsi il est facile, et bien plus facile encore, à Dieu de produire les choses qui ne sont pas. Après avoir rappelé le grand, l'ineffable don de Dieu et parlé de sa puissance, il montre que la foi d'Abraham était digne de ce don, pour,qu'on ne croie pas qu'il a été honoré sans raison. Après avoir éveillé l'attention de l'auditeur, de peur qu'il ne se trouble et que le Juif ne soulève une difficulté et ne dise : Comment ceux qui ne sont pas fils peuvent-ils devenir fils? Il revient au patriarche et dit : « Qui ayant espéré contre l'espérance a cru qu'il deviendrait le père d'un grand nombre de nations, selon ce qui lui fut dit : Ainsi sera, ta postérité (18) ».

Comment a-t-il cru à l'espérance contre l'espérance? Il a cru à l'espérance de Dieu contre l'espérance de l'homme. Paul fait voir la grandeur de la chose et ne permet pas qu'on mette sa parole en doute : Ce qui paraît contradictoire est concilié par la foi. S'il eût parlé des descendants d'Ismaël, ce langage serait inutile ; car c'étaient des enfants selon la nature et non selon la foi. Mais il introduit aussi Isaac : car ce n'était pas pour ces nations qu'Abraham avait cru, mais pour l'enfant qui devait naître d'une femme stérile. Si donc c'est une récompense d'être père d'un grand nombre de nations, cela s'entend évidemment des nations pour lesquelles il a cru. Et pour vous convaincre que c'est bien d'elles qu'il est question, écoutez la suite : « Et sa foi ne faiblit point, et il ne considère ni son corps éteint, puisqu'il avait déjà environ cent ans, ni l'impuissance de Sara (19) ».

Voyez-vous comme il fait ressortir les obstacles, et aussi la grandeur d'âme du juste qui les surmonte tous? « Contre l'espérance », nous dit-il, en parlant de la promesse. Voilà le premier obstacle : car le patriarche n'avait point sous les yeux l'exemple d'un autre Abraham qui eût eu ainsi un fils. Ceux qui sont venus après lui ont fixé les yeux sur lui; niais lui n'a pu les fixer sur personne, si ce n'est sur Dieu seul; aussi nous dit-on : « Contre l'espérance ». Ensuite, un corps éteint, second obstacle; puis l'impuissance (245) de Sara, troisième et quatrième obstacle. — « Il n'hésita point en défiance de la promesse de Dieu (20) ». Dieu ne lui donna point de preuve, point de signe, mais de simples paroles, des promesses qui ne s'accordaient point avec la nature. Et pourtant « Il n'hésita « pas », nous dit l'apôtre. Il ne dit pas : Il ne refusa pas de croire, ruais « Il n'hésita pas », c'est-à-dire, il ne douta pas, il ne chancela pas, malgré tant d'obstacles. Nous apprenons par là que quand Dieu nous promettrait mille choses impossibles, si celui qui les entendrait refusait d'y croire, cette faiblesse serait un effet de sa folie et non un résultat de la nature des choses. « Mais il se fortifia par la « foi ». Voyez la sagesse de Paul ! Comme il était question de ceux qui font les oeuvres et de ceux qui traient, il montre que les derniers font plus que les premiers; qu'ils ont besoin d'une plus grande grâce et de beaucoup de force et que leurs travaux ne sont pas des travaux vulgaires. En effet, on cherchait à déprécier la foi par la raison qu'elle n'avait point de travaux à supporter. Repoussant cette assertion , il fait voir que non-seulement celui qui pratique la chasteté ou quelqu'autre vertu de ce genre, a besoin de force; mais qu'il en faut une plus grande encore à celui qui a fait preuve de foi. Car comme le premier a besoin de vigueur pour repousser les suggestions de l'impureté, ainsi le second doit avoir une âme forte pour écarter les raisonnements de l'incrédulité. Comment donc Abraham est-il devenu fort? Par la foi, nous dit Paul, et non en s'abandonnant aux raisonnements; autrement il eût falli. Et comment a-t-il pratiqué la foi ? « En rendant gloire à Dieu, pleinement assuré que tout ce qu'il a promis, il est puissant pour le faire (21) »

Donc s'abstenir de toute recherche curieuse c'est glorifier Dieu, et s'y livrer c'est se rendre coupable. Si nous ne glorifions pas Dieu quand nous discutons et scrutons minutieusement des choses d'un ordre inférieur, nous le glorifions encore bien moins en sondant avec curiosité la génération du Maître; c'est une injure que nous expierons par les derniers supplices. Car si nous ne devons pas même chercher la forme propre de la résurrection, beaucoup moins nous est-il permis de scruter ces profonds et terribles mystères. L'apôtre ne dit pas simplement croyant, mais « pleinement assuré ». Telle est la foi : beaucoup plus claire, plus persuasive que la démonstration par les raisonnements : car aucun raisonnement ne saurait plus l'ébranler. Celui que le raisonnement a convaincu, peut changer d'opinion; mais celui que la foi a affermi, ferme ensuite l'oreille aux arguments qui pourraient la détruire. Après avoir dit qu'Abraham fut justifié par la foi, Paul fait voir que, par cette même foi, il a rendu gloire à Dieu : ce qui est le propre d'une vie vertueuse ; car il est écrit

« Que votre lumière brille devant les hommes, afin qu'ils voient vos bonnes oeuvres et qu'ils glorifient votre Père qui est dans les cieux ». (Matth. V, 16.) Voilà qui parait être le résultat de la foi. Mais comme les couvres demandent de la force, aussi en demande la foi. Ici souvent le corps partage lui-même le travail, là l'âme seule suffit. En sorte que la difficulté est plus grande, parce que l'âme n'a pas toujours le corps pour auxiliaire.

pattern
  Imprimer   Rapporter une erreur
  • Afficher le texte
  • Référence bibliographique
  • Scans de cette version
Download
  • docxDOCX (411.75 kB)
  • epubEPUB (395.98 kB)
  • pdfPDF (1.41 MB)
  • rtfRTF (1.32 MB)
Traductions de cette œuvre
Commentaire sur l'épître aux Romains
Kommentar zum Briefe des hl. Paulus an die Römer (BKV) Comparer
Commentaires sur cette œuvre
Einleitung

Table des matières

Faculté de théologie, Patristique et histoire de l'Église ancienne
Miséricorde, Av. Europe 20, CH 1700 Fribourg

© 2025 Gregor Emmenegger
Mentions légales
Politique de confidentialité