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Works John Chrysostom (344-407) In epistula ad Romanos commentarius Commentaire sur l'épître aux Romains
HOMÉLIE IX.

4.

Imitons donc, rions aussi, les puissances célestes, et efforçons-nous, non-seulement de nous tenir près, du trône, mais de loger en nous Celui qui est assis sur le trône. Il a aimé ceux-mêmes qui le haïssaient et il continue à les aimer : car « Il fait lever le soleil sur les méchants et sur les bons et pleuvoir sur les justes et les injustes ». (Matth. V, 45.) Rendez-lui donc amour punir amour; car il vous aime. Mais s'il nous aime, direz-vous, comment sa fait-il qu'il nous menace de l'enfer, du châtiment et de la vengeance? Précisément parce qu'il vous aime : pour couper en vous la racine du vice, pour refréner par la crainte vôtre penchant au mal, il met tout en oeuvre, il ne néglige rien; par les biens comme par les maux, il cherche à retenir votre inclination vers les choses de la terre, à vous ramener à lui, et- vous arracher à toute espèce de péché, qui est un mal pire que l'enfer. Que si vous riez de ce qu'on vous dit, .si vous aimez mille fois mieux vivre dans le vice que d'être affligé un seul jour, il n'y a rien d'étonnant : c'est la preuve d'une âme basse, un signe d'ivresse et de maladie incurable.

Quand les petits enfants voient le médecin prêt à employer le feu et le fer, ils s'enfuient en poussant des cris de terreur et en se déchirant eux-mêmes; ils aiment mieux périr de consomption que de subir une douleur momentanée pour jouir ensuite d'une bonne santé. Mais ceux qui sont intelligents savent que la maladie est pire qu'une opération, et une vie coupable plus triste que la punition car l'un, c'est le remède suivi de la bonne santé, et l'autre c'est la `mort et la souffrance prolongée. Or il est de toute évidence que la santé est préférable à la maladie; ce n'est pas quand le brigand reçoit le coup mortel qu'il est juste de verser sur lui des larmes, mais quand il perce lui-même les murs et devient meurtrier. Si en, effet l'âme vaut mieux que le corps, comme elle vaut mieux réellement, sa perte est plus digne de pleurs et de gémissements; et si elle ne la sent pas, elle n'en mérite que mieux les larmes. fi faut donc plaindre ceux qui sont brûlés de l'amour impur, bien plus que ceux que la fièvre travaille, et les ivrognes plus que ceux que l'on applique à la torture. Mais, dira-t-on, pourquoi préférons-nous l'un à l'autre? Parce que, comme dit le proverbe, la plupart des hommes préfèrent le pire et le choisissent, au détriment du meilleur. C'est ce qui se voit en fait de nourriture, de conduite, de rivalité, de plaisir, de femmes, de maisons, d'esclaves, de champs, et dans tout le reste. Lequel, je vous le demande, est le plus doux d'avoir commerce avec un homme (254) ou avec une femme, avec une femme ou avec une mule? Et pourtant nous en voyons beaucoup négliger le commerce des femmes pour Celai des brutes, ou déshonorer le corps d'un homme : quoique les jouissances conformes aux lois de la nature soient plus agréables.

Pourtant le nombre est grand de ceux qui poursuivent comme pleines d'attraits des jouissances ridicules, désagréables, pénibles. Mais, dira-t-on, ils y trouvent du charme. Et c'est là précisément leur malheur, de croire agréable ce qui ne l'est point du tout. Par là ils se persuadent que le châtiment est pire que le péché; et c'est tout le contraire. Car si le châtiment était un mal pour les pécheurs, Dieu n'eût point ajouté mal à mal, et n'aurait pas voulu les rendre pires; lui qui fait tout pour éteindre le vice, ne l'aurait pas augmenté. Ce n'est donc pas le châtiment qui est un mal pour le coupable , mais la faute sans la punition, comme la maladie sang le remède. Car rien n'est mauvais comme une passion déplacée : et quand je dis déplacée, j'entends parler de la passion de la volupté, de celle de la vaine gloire, du pouvoir, en un mot de tout ce qui dépasse le besoin. Un homme de ce genre, qui mène une vie molle et relâchée, semble le plus heureux des mortels et il en est le plus malheureux, introduisant dans son âme des maîtresses incommodes et tyranniques. Voilà pourquoi Dieu nous a. rendu cette vie pénible, afin de nous arracher à cet esclavage et de nous conduire à la liberté pure; voilà pourquoi il nous menace du châtiment et associe les travaux à notre existence, afin de contenir notre mollesse.

Ainsi quand les Juifs étaient assujettis à travailler l'argile, à façonner la brique, ils étaient raisonnables et recouraient souvent à Dieu; mais dès qu'ils furent en liberté, ils murmurèrent, ils excitèrent le courroux du Maître et s'attirèrent. des maux sans nombre. Mais, objecte-t-on, que direz-vous de ceux que l'affliction a pervertis? que c'est là l'effet de leur faiblesse, et non de l'adversité. Si quelqu'un a un estomac faible qu'un remède amer trouble, tandis qu'il- devrait le purger, ce n'est point le remède que nous accusons, mais la faiblesse de l'organe. Autant-en dirons-nous de l'infirmité de l'âme. Celui en effet qui est perverti par l'affliction, le serait encore bien plutôt par la prospérité : s'il tombe quand il est retenu par une chaîne (car l'affliction est une chaîne), à plus forte raison tomberait-il s'il était libre; s'il est culbuté quoique lié fortement, bien plutôt le serait-il s'il était desserré. — Et comment, direz-vous, pourrais-je ne pas être renversé par l'affliction? En songeant que, bon gré malgré, il faudra que vous la supportiez; que si c'est avec reconnaissance, vous en retirerez de très grands profits; si c'est avec répugnance, avec désespoir et en blasphémant, non-seulement vous n'allégerez pas le fardeau du malheur, mais vous augmenterez la force de la tempête.

Dans ces pensées, acceptons de bon coeur ce qui' est l'effet de la nécessité. Par exemple quelqu'un a perdu un enfant légitime, un autre toute sa fortune ; s'il considère qu'il n'était pas possible d'éviter le coup, qu'il y a quelque profit à tirer d'un malheur irréparable, en le supportant généreusement, en renvoyant au Maître des actions de grâces au lieu de blasphèmes, il arrivera que la volonté se fera un mérite d'un mal arrivé contre son gré. Voyez-vous votre fils enlevé par une mort prématurée? Dites: « Le Seigneur me l'avait donné, le Seigneur me l'a ôté ». (Job. I, 21.) Voyez-vous votre fortune disparaître? Dites : « Je suis sorti nu du sein de ma mère, je m'en retournerai nu ». (Ibid.) Voyez-vous les méchants prospérer, les justes tomber dans l'adversité et subir mille afflictions, sans que vous puissiez en connaître la cause? Dites: «Je suis devenu comme une bête de charge devant vous, et pourtant je suis toujours avec vous ». (Ps. LXXII.) Si vous m'en demandez la raison, je vous dirai de vous figurer comme présent le jour où Dieu doit juger l'univers, et tous vos doutes se dissiperont : car chacun alors sera traité selon ses mérites, comme Lazare et le mauvais riche. Souvenez-vous des apôtres déchirés de coups de fouet, chassés, accablés de. mauvais traitements, ils se réjouissaient d'avoir été jugés dignes de souffrir injure pour le nom du Christ. Si vous êtes malades, souffrez avec patience, rendez grâces à Dieu, et vous recevrez la même récompense qu'eux.

Mais comment pourrez-vous rendre grâces au Maître , au sein de la maladie et des souffrances? Si vous l'aimez véritablement. Si les trois enfants dans la fournaise, si d'autres au milieu des chaînes ou de maux sans nombre, ne cessaient pas de rendre grâces à Dieu, à plus forte raison ceux qui sont affligés de maladies ou d'infirmités pénibles peuvent-ils le (255) faire. Car il n'est rien, non rien, dont l'amour ne triomphe; et quand c'est l'amour de Dieu, il l'emporte sur tous les autres, et ni le feu, ni le fer, ni la maladie, ni la pauvreté, ni l'infirmité, ni la mort, ni rien de semblable ne paraît pénible à celui qui le possède; il rit de tout, il prend son vol vers le ciel, et n'éprouve pas d'autres sentiments que ceux qui y habitent, ne voit pas autre chose qu'eux : non pas le ciel, ni la terre , ni la mer, mais l’iniquement la beauté de cette gloire; les misères de la vie présente ne sauraient l'abattre, ni ses biens et ses plaisirs l'enorgueillir et l'enfler. Aimons donc cet amour (car rien ne l'égale) et pour le présent et pour l'avenir ; mais surtout, pour lui-même; nous serons ainsi délivrés des châtiments de cette vie et de l'autre , et nous obtiendrons le royaume. Du reste , être délivré de l'enfer et en possession du royaume , c'est peu de chose en comparaison de ce que je vais dire : « Aimer le Christ et en être aimé est bien au-dessus de tout cela. Si en effet l'amour mutuel chez les hommes mêmes est la plus grande des voluptés, quand il s'agit de Dieu, quelle parole, quelle pensée pourrait exprimer le bonheur de l'âme ? Il n'y a que l'expérience qui le puisse. Afin donc de connaître par expérience cette joie spirituelle , cette vie heureuse, ce trésor inépuisable de biens, quittons tout, attachons-nous à cet amour, et pour notre propre bonheur et pour la gloire du Dieu qui en est l'objet; car la gloire et l'empire sont à lui , comme au Fils unique et au Saint-Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

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