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Il vient de corriger l'envie des inférieurs; il vient de consoler le chagrin qu'inspirait naturellement la vue de ceux qui avaient reçu des dons plus glorieux. Maintenant il réprime l'orgueil de ceux qui ont été jugés dignes de faveurs plus hautes. C'est d'ailleurs ce qu'il avait déjà fait quand il discutait avec eux; (en effet, leur dire qu'ils avaient reçu un don gratuit, qu'ils ne jouissaient pas du fruit de leurs bonnes oeuvres , c'était exprimer la même pensée); mais maintenant cette pensée, il la reprend d'une manière plus vive, en conservant la même image. C'est toujours le corps et l'unité du corps, et la comparaison, de ses membres, qui lui inspirent les réflexions les plus agréables pour les fidèles. Ce fait que tous ne formaient qu'un seul corps, ne les consolait pas autant que cette vérité, que la diversité des fonctions ne constituait pas une grande infériorité, et il leur dit : « Or, l'oeil ne peut pas dire à la main : je n'ai pas besoin de vous; non plus que la tête ne peut dire aux pieds : je n'ai pas besoin de vous ». Car, si 1e don est moindre , il est nécessaire ; et, de môme que si le pied manquait dans le corps, il en résulterait une grande incommodité, de même, sans les membres inférieurs l'Eglise boîte, et n'a pas sa plénitude. Et l'apôtre ne dit pas : Or, l'oeil ne dira pas, mais : « Ne peut dire ». Comprenez bien : Quand même ïl aurait voulu dire, quand même il dirait, ses paroles seraient sans valeur, non fondées en nature. Voilà pourquoi l'apôtre , prenant les deux extrêmes, leur prête la parole. D'abord il suppose la main et l'œil, ensuite la tête et le pied, pour développer son exemple. Quoi de (503) plus vil que le pied? Quoi de plus noble que la tête, et de plus nécessaire? Car, c'est là surtout ce qui constitue l'homme, la tête. Et cependant la tête ne suffit pas; elle ne pourrait tout faire par elle-même; si elle pouvait tout faire, les pieds seraient superflus. Toutefois, il ne s'arrête pas là, mais il veut prouver surabondamment son dire, c'est son habitude ; la juste mesure ne lui suffit pas, il va plus loin, et voilà pourquoi il ajoute : « Mais au contraire, les membres du corps qui paraissent les plus faibles, sont, bien plus nécessaires. Nous honorons même davantage les parties du corps qui paraissent moins honorables, et nous couvrons avec plus de soin et d'honnêteté, celles qui sont moins honnêtes (22, 23) ».
Il continue sa comparaison avec les membres du corps, et, par là, il console et il réprime. Je ne dis pas seulement, dit l'apôtre, que les parties les plus considérables aient besoin de celles qui le sont moins,.mais encore qu'elles en ont un grand besoin. S'il y a en effet, en nous, quelque chose d'infirme, de peu honnête, cela est nécessaire, et reçoit un plus grand honneur, et c'est avec raison qu'il dit: « Qui paraissent, et que nous considérons comme moins honnêtes », montrant par là que ce n'est pas la nature qui parle, mais l'opinion. II n'y a rien en nous qui ne soit honorable, car tout est l'ouvrage de Dieu. Par exemple; qu'est-ce qui paraît moins mériter d'être honoré que les organes de la génératien ?Nous les entourons cependant de plus d'honneur que les autres parties du corps, et ceux qui sont tout à fait pauvres, eussent-ils tout le reste du corps à nu ; ne. souffriront jamais de montrer ces parties nues. Et cependant, ce.n'est pas ainsi que l'on se comporte avec les choses qui sont en réalité moins honorables; il conviendrait de leur marquer plus de mépris qu'aux autres. En effet, dans l'intérieur d'une maison , l'esclave regardé aveu ignominie, non-seulement n'a pas un traitement supérieur, mais il ne reçoit même pas un traitement égal. Ici, au contraire, ces membres jouissent d'un plus grand honneur, et c'est l'oeuvre de la sagesse de Dieu. Parmi nos membres, la nature a donné, aux uns les honneurs, de manière qu'ils n'aient pas à les réclamer; la nature les a refusés aux autres, pour nous forcer à les leur rendre; niais ils ne sont pas pour cela sans honneur, puisque les animaux naturellement n'ont besoin de rien, ni de vêtements, ni de chaussures, ni d'abri, le plus grand nombre d'entre eux du moins. Noire cors néanmoins n'est pas moins honorable que leur corps, pour avoir tous ces besoins. Il suffit de la réflexion pour voir que la nature même a fait ces parties et honorables et nécessaires. C'est ce que l'apôtre lui-même a insinué, ne se fondant ni sur le soin que nous en prenons, ni sur le plus grand Bonheur dont nous les entourons; mais sur la nature même. Aussi,.après avoir parlé des membres faibles et moins honorables, il dit : « Qui paraissent ». Quand il en proclame la nécessité, il ne dit,plus : qui paraissent nécessaires, mais, sans hésitation aucune, il dit qu'ils sont nécessaires. Et c'est avec raison, car, et pour la procréation des enfants et pour la succession de notre race, ces membres nous sont utiles. Aussi les lois romaines punissent-elles ceux qui les détruisent et qui font des eunuques. C'est un attentat contre notre race; c'est un outrage fait à la nature même; périssent les impudiques qui calomnient les ouvrages de Dieu ! De même que les malédictions contre le vin, résultent du vice de ceux qui s'enivrent ; de même pour les malédictions contre le sexe des femmes, il faut s'en prendre aux adultères. Si l'on a regardé ces membres comme honteux, c'est à cause du mauvais usage que quelques-uns en font. Ce n'est pas ainsi qu'il fallait raisonner; ce n'est pas à la nature de la chose que le péché s'attache, c'est à la volonté criminelle qui lé produit. Maintenant quel(lues interprètes pensent que ces membres faibles, et ces membres peu honnêtes et nécessaires, et qui jouissent d'un plus grand honneur, dans-la pensée de Paul, sont les yeux, lesquels sont sans force , mais d'une utilité supérieure aux autres; que les parties lus moins honnêtes sont les pieds, car eux aussi sont entourés d'un grand nombre de soins prévoyants.
