3.
On peut voir un grand nombre d'autres passages, pour ne pas les énumérer tous un à un, exprimant soit par des paroles, soit par des figures, et que c'est la chair quia été meurtrie, et que le Christ est mort pour nos péchés. « C'est pour les péchés de mon peuple», dit le prophète, «qu'il est mort », et « le Seigneur l'a livré pour nos péchés », et « il a été percé de plaies pour nos péchés ». (Is. LIII, 8, 6, 5.) Si vous ne voulez pas de l'Ancien Testament, entendez la voix de Jean qui vous crie, qui vous montre les deux choses à la fois, et le corps meurtri, et la cause de la mort. « Voici », dit-il, « l'agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde » (Jean I, 29) ; et Paul disant «Celui qui ne connaissait pas le péché, il l'a rendu pour nous le péché, afin que nous devenions la justice de Dieu en lui » ( II,Cor. V, 21) ; et encore : « Jésus-Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi, s'étant rendu pour nous malédiction » (Gala III , 13) ; et encore : « Et avant désarmé les principautés et les puissances, il les a menées en triomphe » (Coloss. II, 15) et combien d'autres, passages, qui montrent et que c'est le corps qui à été meurtri, et qu'il l'a été pour nos péchés: C'est le Seigneur lui-même qui dit : « Je me sanctifie moi-même pour vous » (Jean, XVII, 19); et: « Le prince de ce monde est déjà condamné » (Id. XVI, 11), pour montrer que le Christ a été mis à, mort, quoique sans- péché. «Qu'il a été enseveli. (4) ». Nouvelle preuve à l'appui de ce qui précède; car ce qu'on ensevelit, est nécessairement un corps. Ici, l'apôtre n'ajoute plus: Selon les Ecritures; il pouvait le faire assurément, mais il ne le fait pas. Pourquoi? ou bien par la raison que lé sépulcre de Jésus-Christ était alors, comme aujourd'hui, un monument public, manifeste, ou bien parce que l'observation : « Selon les Ecritures » s'applique à tout.
Pourquoi donc ajoute-t-il en cet endroit « Selon les Ecritures ? et qu'il est ressuscité, le troisième jour, selon les Ecritures? » pourquoi ne se contente-t-il pas de l'observation une fois pour toutes? C'est parce que la résurrection , au troisième jour;. était un fait incertain pour le grand nombre. Voilà pourquoi, ici encore, l'apôtre cite les Ecritures, et en cela il. est inspiré de la sagesse divine. Pourquoi en ce qui concerne la mort, ne les mentionne-t-il pas? C'est que le crucifiement état, pour tous; un fait avéré; la croix, tous l'avaient vue, tous ne voyaient pas de même là cause de la mise en croix. Que le Christ fût mort, tous le savaient, mais qu'il eût souffert pour les péchés de tous, c'est ce que la multitude ne savait pas également bien. Voilà pourquoi l'apôtre cite le témoignage des Ecritures: Mais c'est ce que nous avons déjà suffisamment démontré. Or; dans quels passages les Ecritures ont-elles annoncé la sépulture et la résurrection au troisième jour? par la figure de Jonas que le Christ lui-même rappelle en disant. « Comme Jonas fut trois jours et. trois nuits dans le ventre de la baleine, ainsi le Fils de l'homme sera trois jours et trois nuits dans le coeur de la terre ». (Matth. XII, 40.) Par le buisson ardent du désert (Exode III) : de même que ce buisson brûlait sans se consumer, de même le corps du Sauveur subit la mort, mais ne fut pas retenu par la mort. Autre image encore: le dragon de Daniel (Daniel XIV) : de même que ce dragon, après avoir pris la nourriture que lui donna le prophète, éclata: par le milieu du corps; ainsi l'enfer, après avoir dévoré le corps, divin, fut déchiré; ce corps lui brisa le ventre, et ressuscita.
Si maintenant. vous tenez à entendre des paroles expresses après. des figures, écoutez Isaïe : « Sa vie est arrachée à la terre, et le Seigneur veut le purifier de la plaie, pour lui montrer la lumière », (Isaïe, LIII, 8, 10). Et David, avant Isaïe : « Vous ne laisserez point mon âme dans l'enfer, et ne souffrirez point , que votre saint éprouve la corruption ». (Ps. XV, 10). Et si Paul, à son tour, vous renvoie aux Ecritures, c'est pour vous faire savoir, que ces choses n'ont pas été faites au hasard ; et sans dessein. Pourrait-on le penser, après tant d'images des prophètes qui proclament que l'Ecriture n'entend nulle part la mort du péché, quand elle parle de la mort du Seigneur, mais qu'elle annonce la mort du corps, (561) la sépulture, la résurrection, telle qu'on vous l'a enseignée? « Qu'il s'est fait voir à Céphas (5) ». L'apôtre nomme tout de suite celui qui est de tous le plus digne de foi. « Puis aux douze apôtres. Qu'après il a été vu en une seule fois de plus de cinq cents frères, dont il y en a plusieurs qui vivent encore aujourd'hui, et quelques-uns sont endormis ; qu'ensuite il s'est fait voir à Jacques, puis à tous les apôtres; et qu'enfin, après tous les autres, il s'est fait voir à moi-même, qui ne suis qu'un avorton (6, 7, 8) ». Après la démonstration qui se fait par le moyen des Ecritures, il ajoute la démonstration par les faits, il cite comme témoins de la résurrection, après les prophètes, les apôtres et les autres fidèles. S'il eût pensé que cette résurrection ne fut que l'affranchissement du péché, il eût été inutile de dire que Jésus-Christ fût vu de celui-ci, de celui-là. Les yeux n'ont pu voir que le corps ressuscité, et non l'affranchissement du péché.
