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Works John Chrysostom (344-407) In epistulam ii ad Corinthios argumentum et homiliae 1-30 Commentaire sur la deuxième épitre aux Corinthiens
HOMÉLIE XIX.

3.

Par cette prière il fait tomber un argument où l'on se retranche contre cette générosité, et qui encore maintenant arrêté plusieurs personnes. Bien des gens craignent de faire l'aumône, parce qu'ils se disent : J'ai peur de devenir, pauvre moi-même, et d'avoir besoin des autres à mon tour. Eh bien ! pour dissiper cette crainte, il ajoute cette prière : « Dieu a le pouvoir de faire abonder toute grâce en vous ». Non pas simplement: De vous combler, mais : « De faire abonder en vous ». Et qu'est-ce que « faire abonder la grâce?» C'est-à-dire, vous enrichir de tant de faveurs que vous puissiez exercer abondamment cette générosité. « Afin qu'en toutes choses et toujours ayant tout ce qui vous suffit, vous abondiez en toute bonne oeuvre ». Voyez encore dans ce souhait la grande sagesse de l'apôtre. Il ne leur désire pas la richesse ni le superflu, mais « tout ce qui leur suffit ». Et ce n'est pas seulement par là qu'il est admirable; car si d'une part il ne leur a pas souhaité le superflu, il ne les surcharge pas non plus, il ne Les force pas à donner de leur indigence même, parce qu'il condescend à leur faiblesse; il demande pour eux des ressources suffisantes, et il fait voir en même temps qu'il ne faut pas abuser des dons de Dieu. « Afin », dit-il, « que vous abondiez en toute bonne oeuvre ». C'est-à-dire, je vous souhaite ces biens afin que vous en fassiez part à d'autres. Et il ne dit pas seulement Afin que vous en donniez, mais : « Afin que vous abondiez ». Oui, s'il leur souhaite le nécessaire quant aux choses matérielles, il demande que dans l'ordre spirituel ils aient même du superflu, non pas seulement en fait., d'aumône; mais sous tous les autres rapports; car c'est le sens de cette expression : « En toute bonne oeuvre ». Ensuite, à l'appui de cette pensée, et voulant un témoignage qui les détermine à la libéralité, il fait intervenir la parole du prophète; c'est pourquoi il, ajoute : « Selon qu'il est écrit : Il a dispersé son bien, il a donné aux pauvres; sa justice demeure dans la suite des siècles (9) ». Cela revient à ce qu'il disait : « Afin. qui vous abondiez ». Car l'expression : « Il a dispersé » ne signifie pas autre chose que donner avec libéralité. Car si les richesses ne subsistent pas, leur. résultat subsiste. Chose admirable en effet, celles que l'on garde se perdent, et celles que l'on disperse demeurent, et demeurent pour toujours. Ce que le prophète appelle ici justice, c'est la charité envers le prochain : en effet la charité nous justifie, parce que c'est un feu qui détruit nos péchés, quand nous répandons largement nos aumônes.

Ainsi, n'y regardons point, mais donnons à pleines mains. Voyez combien d'argent certaines gens dépensent pour le donner à des histrions ou à des prostituées ! Donnez seulement à Jésus-Christ la moitié de ce que ces gens-là donnent à des danseurs; ce que, dans leur amour du faste, ils consacrent à des comédiens, réservez-le pour les pauvres. Ils couvrent d'or sans mesure le corps des courtisanes : et vous, vous ne revêtez pas même d'un mince vêtement la chair de Jésus-Christ, et~ cela, quand vous voyez qu'il est nul Quel pardon méritez-vous, et de quel châtiment n'êtes-vous pas digne,. lorsque voyant tel homme fournir de pareilles sommes à la femme qui le perd et le déshonore, vous n'accordez pas la moindre (121) chose à celui qui vous sauve et vous ennoblit? Ah ! vous savez bien dépenser de l'argent pour votre gourmandise, . votre ivrognerie, votre luxure; et jamais vous ne songez à là pauvreté : quand il vous faut venir en aide à un pauvre, vous devenez tout à coup plus pauvre. que personne. au monde : s'agit-il de nourrir des parasites et des flatteurs, vous vous en. donnez à coeur joie, comme si vous puisiez la richesse à une source intarissable ; mais vous arrive-t-il de voir un pauvre, alors la crainte , de la pauvreté s'empare de vous. C'est pour, cela que nous serons condamnés un jour,. et par nous-mêmes et par les autres; tant justes que pécheurs. Car on vous dira : Pourquoi n'avez-vous pas montré la même libéralité dans les choses convenables? Voici un homme. qui, pour donner à une courtisane, n'a pas réfléchi à tout cela; et vous, pour offrir quelque secours à ce divin Maître qui vous a recommandé de n'avoir aucune inquiétude, vous voilà plein de trouble et de crainte. Quelle indulgence méritez-vous? Si un homme à qui vous faites du bien n'y reste pas indifférent, mais sait vous en tenir compte, à plus forte raison Jésus-Christ agira-t-il ainsi. Lui qui vous donne avant d'avoir rien reçu de vous, comment ne vous donnerait-il pas, quand il aura reçu quelque chose de vous?

Eh quoi ? direz-vous, quand je vois des gens qui après avoir tout sacrifié, non-seulement ne reçoivent rien en retour, mais ont ensuite eux-mêmes besoin d'autrui? A cela je répondrai : Vous me parlez là de ceux qui ont donné tous leurs biens, tandis que vous; vous ne donnez pas même une obole. Engagez-vous à vous dépouiller de tout, et vous demanderez ensuite comment font les autres ; mais tant que vous serez avare, et que vous ne donnerez qu'une très-faible portion de votre avoir, pourquoi toutes ces allégations, tous ces prétextes? Nous ne vous poussons pas jusqu'aux dernières limites de l'indigence, nous vous prions seulement de vous retrancher le superflu, et de vous contenter de ce qui suffit. Ce qui est suffisant, c'est ce dont on ne peut se passer pour vivre. Personne ne veut vous enlever cela, on ne veut pas vous interdire votre nourriture de chaque jour ; mais je dis nourriture et non pas délices 1 ; je dis vêtement, et non pas parure. Et même, en y regardant. bien, c'est là précisément que sont les délices. Car voyez : lequel des deux jugerons-nous être dans les plus grandes délices, de celui qui se nourrissant de légumes, jouit de la santé, et n'éprouve aucune souffrance, au de celui qui, avec une table digne des Sybarites, est accablé d'une foule de maladies? Evidemment c'est le premier. Eh bien donc, ne cherchons pas plus loin, si nous voulons à la fois vivre dans les délices et avoir la santé; que ce sait là pour nous la mesure de ce qui suffit. Tel se porte. bien en ne mangeant que des légumes secs , qu'il rie cherche pas autre chose ; tel autre, d'une santé plus faible , a besoin d'un régime d'herbes et de racines: on ne s'y oppose point. Si enfin le tempérament d'un troisième, plus délicat encore, exige l'usage modéré de la viande, nous ne la refuserons pas non plus. Car nos conseils n'ont pas pour but la perte et la destruction des hommes, mais le retranchement du superflu ; or le superflu, c'est ce qui dépasse nos besoins. Or, lorsque nous pouvons nous passer d'une chose, sans nuire à notre santé ni aux convenances; c'est une addition tout à fait superflue.


  1. Il y a dans le grec un jeu de mots intraduisible sur trophen et truphen ↩

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Commentaire sur la deuxième épitre aux Corinthiens
Homilien über den zweiten Brief an die Korinther (BKV) Compare

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