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Après lui avoir fait ces reproches, il leur fait voir comment ils peuvent ne plus. les encourir. « Quand les Juifs seront revenus au Seigneur », c'est-à-dire, quand ils auront renoncé à leur Loi, « le voile sera enlevé ». Voyez-vous que le voile couvrait non pas le visage de Moïse, mais celui des Juifs? Il s'agissait non pas. de cacher la gloire de Moïse, mais d'empêcher les Juifs de l'apercevoir. Car ils n'auraient pu en soutenir la vue. C'était donc une conséquence de leur faiblesse : ce, voile ne dérobait. à Moïse aucune connaissance, mais il arrêtait les regards des Juifs. Si l'Apôtre ne dit pas en propres termes. Quand ils auront abandonné la loi, il le fait assez entendre par ces paroles : « Quand ils seront revenus au Seigneur, le voile sera enlevé ». Il continue jusqu'au bout son allusion à la même histoire. Quand Moïse parlait aux Juifs, il voilait son visage; quand il se tournait vers le Seigneur, le voile tombait. C'était une figure de l'avenir. Quand nous nous tournerons nous-mêmes vers le Seigneur, alors nous contemplerons la gloire de la Loi, nous verrons à découvert le visage du Législateur. Bien plus, nous -serons élevés au même rang que Moïse.
Voyez-vous comme l'apôtre excite les Juifs à embrasser la foi de l'Évangile? S'ils croient en Jésus-Christ, non-seulement ils pourront contempler Moïse, mais ils se tiendront au même rang que le Législateur lui-même. Non-seulement, dit-il, vous verrez cette gloire, que vous ne vites pas alors, mais vous brillerez de la même gloire que lui. Que dis-je? Votre gloire sera plus brillante encore, si brillante que la gloire de Moïse n'est qu'une ombre en comparaison. Et comment cela? Oui, si vous revenez au Seigneur; si vous entrez dans la grâce, la gloire dont vous serez environnés sera-t-elle que la glaira de Moïse n'est rien en comparaison. Mais quoique la gloire de votre Législateur soit si peu de chose et si inférieure à cette autre que je vous annonce, vous n'y arriverez pas, tant que vous resterez. Juifs. D'où il suit que ni du temps de Moïse, ni maintenant, les Juifs n'ont vu ni ne voient cette gloire. Mais si vous embrassez la foi, la bonté de Dieu vous en découvrira une autre bien plus magnifique. Quand il s'adressait aux fidèles, il disait que la gloire de Moïse n'avait pas été une gloire véritable : il ne s'exprime plus maintenant de la même manière; que dit-il donc?
« Quand les Juifs se seront convertis au Seigneur, le voile sera enlevé ». Il élève peu à peu les Juifs, et les place d'abord au même rang que Moïse lui-même, pour les mettre ensuite en participation des biens d'un ordre supérieur: Quand vous aurez contemplé la gloire de Moïse, dit-il, alors vous vous convertirez au Seigneur et votre gloire l'emportera sur la sienne.
Voyez que de circonstances il, signale pour faire ressortir la différence du Nouveau .et de l'Ancien Testament, pour établir la supériorité de l'un sur l'autre, sans les mettre néanmoins en opposition l'un avec l'autre. L'Ancien Testament, c'est la lettre, ce sont des tables de pierre, c'est un. ministère de mort, il a disparu; et cependant les Juifs n'ont pas même pu en contempler la gloire; le Nouveau Testament, ce sont des tables de chair, c'est l'Esprit-Saint, c’est la justice, et il subsistera toujours; et tous nous sommes appelés à le (51) contempler; cet honneur n'est point réservé à un seul, comme l'honneur de »contempler la Loi ancienne fut réservé au seul Moïse. « Tous », dit l'apôtre, « nous contemplons la gloire », non de Moïse, « mais du Seigneur ».
Mais plusieurs combattant les vérités les plus claires, prétendent que ces paroles «lorsqu'ils se seront convertis au Seigneur», se rapportent au Fils. Etudions-les donc avec soin, et voyons d'abord les motifs sur lesquels ils s'appuient. Quels sont-ils? De même, disent-ils, que l'Ecriture dit : Dieu est Esprit; de même aussi en cet endroit elle dit : Le Seigneur est Esprit. Mais non, l'Ecriture n'a pas dit : Le Seigneur est Esprit;.mais bien : L'Esprit est le Seigneur. Il y a une grande différence entre ces manières de dire. Quand l'Ecriture veut s'exprimer comme vous dites, elle ne joint pas l'article à l'attribut. Mais revenons sur nos pas, et voyons de qui l'apôtre, a voulu parler, quand il disait: « La lettre tue, l'Esprit vivifie » ; et encore :.« La loi écrite non avec l'encre, mais par l'Esprit du Dieu vivant ». Est-ce du Fils ou de l’Esprit-Saint qu'il veut parler? Evidemment c'est de l'Esprit-Saint : car il exhortait les Juifs à quitter la lettre pour se rendre à l'Esprit-Saint. Mais peut-être en entendant ce mot : « l’Esprit », les Juifs trouveront leur condition inférieure à celle de Moïse, puisque Moïse « s'est tourné vers le Seigneur » et eux vers l'Esprit-Saint, C'est pour prévenir cette erreur, que l'apôtre dit : « L'Esprit-Saint est le Seigneur » ; c'est-à-dire, lui aussi est Dieu. Et pour qu'ils comprennent bien qu'il s'agit du Paraclet, il ajoute : « Là où se trouve l'Esprit du Seigneur, là est la liberté ». Impossible de supposer que l'apôtre ait voulu dire : Là où se trouve le Seigneur du Seigneur. Quant à la liberté, il l'oppose à la servitude de la Loi. Ce n'est point du temps à venir qu'il parle, puisqu'il dit ensuite : « Contemplât sans voile la gloire du Seigneur »; non pas celle qui finit, mais celle qui demeure, d'une gloire nous passons à une autre;.transformés à son image, comme par l'Esprit-Saint qui est le Seigneur (18) ».
Voyez-vous comme il affirme la divinité du Saint-Esprit, comme il met les fidèles au même rang que les apôtres? D'abord il disait: «Vous êtes la lettre du Christ » ; et ici : « Tous nous contemplerons sans aucun voile». Or les apôtres étaient venus portant la Loi, comme autrefois Moïse. Mais, dit-il, nous qui sommes apôtres, nous n'avons pas eu besoin de voiles; vous n'en avez pas eu besoin non plus, vous, qui avez reçu l'Evangile. Or celte gloire est bien autrement éclatante que celle de Moïse : car ce n'est pas la gloire de notre visage, mais celle de l'Esprit-Saint; et néanmoins, vous aussi bien que nous, vous pouvez y fixer vos regards. Les Juifs ne le purent pas même par un intermédiaire; vous, sans médiateur, vous pouvez contempler une gloire plus grande; ils ne purent contempler la gloire de Moïse, vous, vous pouvez contempler celle de l'Esprit-Saint. Si l'Esprit-Saint occupait un rang inférieur; assurément l'apôtre n'eût point déclaré cette gloire de l'Evangile supérieure à celle de la Loi.