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Œuvres Jean Chrysostome (344-407) In epistulam ii ad Corinthios argumentum et homiliae 1-30 Commentaire sur la deuxième épitre aux Corinthiens
HOMÉLIE XV.

3.

Rien ne sied mieux à quiconque a le pouvoir, que l'amour et l'indulgence pour ses inférieurs. Etre père, ce n'est pas seulement engendrer des enfants, mais encore les aimer après leur avoir donné la naissance. Si la loi naturelle commande à ce point l'amour, que ne fera pas la loi de grâce? C'est par là que brillèrent tous les personnages anciens. Ainsi Samuel fit preuve de grandeur, quand il dit : « Loin de moi ce péché contre le Seigneur ; non , je ne cesserai point de prier pour vous ». ( I Rois, XII, 23.) Ainsi parlaient David, Abraham, Elie, tous les justes de l'Ancien et du Nouveau Testament. Moïse n'abandonna-t-il point d'immenses richesses, de prodigieux trésors, pour partager l'affliction du peuple qu'il commandait? Avant d'être établi chef de ce peuple, il le gouvernait déjà par ses services. Quoi de plus ridicule que les paroles de cet Hébreu, qui lui disait : « Qui donc t'a établi notre chef et notre juge? » (Exod. II ,14.) Que dis-tu ? Ne vois-tu pas ses oeuvres ? Hésites-tu encore à l'appeler du nom de chef? Vous voyez un médecin occupé à traiter un malade ; il apporte beaucoup de soulagement au membre qui souffre. Vous lui demandez : Eh ! dites-moi , qui vous a établi médecin ? Qui vous a permis de traiter ce malade ? — Mais, vous répondra-t-il, c'est la science que je possède; c'est la maladie qui vous travaille. Or, n'est-ce pas aussi la science du commandement qui a élevé Moïse à la dignité de chef? Car le commandement n'est pas seulement une dignité , c'est aussi un art, et le plus sublime de tous. Si le commandement dans l'ordre temporel est un art, et le plus beau de tous les arts, que dirons-nous du commandement dans l'ordre spirituel? Autant l'ordre spirituel l'emporte sur l'ordre temporel, autant l'art de commander dans l'ordre spirituel est supérieur à l'art de commander dans l'ordre naturel ; et ce n'est pas assez dire encore. Mais entrons dans de plus grands développements.

L'agriculture, la fabrication des tissus, l'architecture sont des arts, et des arts vraiment nécessaires pour l'entretien de la vie. Les autres, l'art de travailler le fer, par exemple, ou les autres métaux, l'art d'élever les brebis et les autres animaux, ne sont que leurs auxiliaires. Mais quoi de plus nécessaire que l'agriculture? Dieu lui-même n'en a-t-il pas fait le premier des arts, en créant l'homme? On peut, dans la vie, se passer de chaussures et de vêtements; mais l'agriculture est indispensable. Ne sont-ils point nus les Hamaxobiens, ces nomades de la Scythie, qui vivaient au milieu des pâturages, ces gymnosophistes de l'Inde? Ils se passent bien d'architecture, de tissus, et de ce qui sert à vêtir le corps; ils se contentent de cultiver leurs champs. Rougissez donc d'avoir recours à tant d'arts superflus, d'avoir besoin de cuisiniers, pour vous préparer des pâtisseries et autres friandises , d'avoir besoin de tant d'autres gens pour donner plus de charmes à votre existence ! Rougissez d'avoir introduit dans la vie humaine un si grand nombre d'arts frivoles ! Vous qui croyez en Jésus-Christ, que ces barbares qui savent se passer de tout cela vous fassent honte. Dieu nous a faits de manière à pouvoir nous contenter de peu. Cependant je ne veux pas vous contraindre à ressembler à ces peuples, je ne veux pas vous en faire une loi. Imitez seulement Jacob dans les demandes qu'il faisait. Que demandait-il donc? .« Que Dieu me donne du pain pour me nourrir et des vêtements pour me couvrir ». (Gen. XXVIII, 20.) Saint Paul n'enjoignait-il pas de ne pas rechercher davantage : « Contentons-nous, disait-il, d'avoir des aliments, et de quoi nous vêtir ». (I Tim. VI, 8.) Le premier des arts, c'est donc l'agriculture; vient ensuite l'art de tisser les vêtements, puis l'art de bâtir des maisons. Le dernier de tous est celui de faire des chaussures. Ne voit-on pas chez, nous beaucoup de serviteurs et de laboureurs se passer de chaussures? Les premiers seuls sont donc utiles et nécessaires Eh bien ! comparons-les avec l'art du commandement. C'est dans ce dessein que j'ai parlé de ces arts les plus utiles de tous. S'il est évident qu'ils sont inférieurs à l'art de commander, à plus forte raison les autres arts lui seront-ils inférieurs. Comment vous ferai-je voir que l'art de commander l'emporte sur les autres? C'est que, sans lui, tous les autres sont inutiles.

Mais ne nous occupons que de l'agriculture, de ce premier des arts. A quoi servirait le trayait des laboureurs, si les hommes étaient sans cesse en guerre, et se pillaient mutuellement? N'est-ce pas la crainte du Prince qui (98) les retient, et qui garde ainsi le fruit de leurs travaux? Que cette crainte disparaisse, toute leur peine sera perdue. En examinant bien, vous trouverez un autre pouvoir, qui engendre et protégé celui-là : quel est-il donc ? C'est un pouvoir en vertu duquel chacun doit se commander à soi-même, se dominer soi-même , . réprimer ses mauvaises passions , mettre tout son zèle à développer le germe de ses vertus et à les accroître. Il y a en effet deux espèces de commandements. D'abord le commandement des peuples et des villes : il dirige la vie civile. C'est celui dont parle saint Paul, quand il dit: « Toute âme doit être soumise aux puissances supérieures: car il n'y a pas de pouvoir qui ne vienne de Dieu ». (Rom. XIII, 1.) Et ensuite,: pour montrer les avantages de ce commandement, l'apôtre ajoute : « Le magistrat est le ministre de Dieu pour le bien »; et encore.: «. Il est le ministre de Dieu, son vengeur contre celui qui fait le mal ». Une autre sorte de commandement, c'est celui qu'exerce sur soi-même quiconque veut être prudent. Saint Paul en parle dans ce passage : « Voulez-vous ne pas craindre le pouvoir? Faites le bien». (Rom. XIII, 3.) Il a en vue celui qui se commande à lui-même.

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Commentaire sur la deuxième épitre aux Corinthiens
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