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Quand Paul a ainsi rangé son armée et réveillé son zèle (car il fallait à la fois 1à mettre en bon ordre et l'enflammer de courroux), quand il l'a rassurée (ce qui n'était pas moins nécessaire), il s'occupe de l'armer. — C'eût été un soin superflu, si d'abord la discipline n'y avait régné, si l'âme du soldat n'avait été remplie d'une ardeur belliqueuse... Car il faut être armé intérieurement , avant de l'être au dehors. S'il en est ainsi des soldats proprement dits, à plus forte raison doit-il en être de même des soldats spirituels : ou plutôt, les défenses extérieures sont inutiles à ceux-ci, l'armure intérieure leur suffit. Paul donc a (561) réveillé, enflammé leur courage, leur a rendu l'assurance, les a mis en bon ordre: maintenant il les arme:. mais voyez comme il s'y prend. « Soyez donc fermes », dit-il. C'est le premier principe de l'art militaire: beaucoup de choses en dépendent. Aussi revient-il souvent sur ce point. Il dit ailleurs: « Debout, veillez » ; et encore: « Tenez-vous fermes ainsi dans le Seigneur » (I Cor. XVI, 13) ; et encore : « Celui qui croit se bien tenir, qu'il prenne garde de ne pas tomber » (Phip. IV, 1) ; et enfin : « Pour que vous puissiez, étant venus à bout de toutes choses, rester debout ». (I Cor. X, 12.) Il n'a donc pas en vue seulement une certaine attitude; mais la fermeté dans cette attitude : quiconque est versé dans l'art de la guerre sait combien il est important. de savoir se bien tenir. Si le maître qui instruit des athlètes leur recommande ce point avant tout autre, à plus forte raison est-ce une chose importante dans les combats et dans l'art militaire. Se tenir droit, c'est rester bien d'aplomb, sans s'appuyer sur personne; c'est dans cette attitude qu'on discerne ce qui est réellement droit. Ceux qui sont vraiment droits se tiennent fermes : ceux qui ne se tiennent pas fermes, ne sauraient être droits: leur posture est nonchalante, abandonnée. Le voluptueux ne se tient pas droit ; il penche d'un côté, ainsi que le libertin, l'avare. Quiconque sait se tenir debout, est comme établi sur un fondement solide : et la lutte sera désormais sans difficultés pour lui. « Soyez donc fermes, ceignant vos reins de vérité ». Il ne parle pas ici d'une ceinture matérielle : tout, dans ce passage, se rapporte à l'ordre spirituel.
Et considérez comment il procède. Il commence par mettre la ceinture au soldat. Qu'est-ce que cela veut dire? Il le voit abandonné au relâchement des passions, et ses pensées traînant à terre; an moyen de la ceinture, il relève son vêtement, afin qu'il n'en soit pas embarrassé dans sa marche, et qu'il puisse courir sans être gêné. « Seyez donc fermes; ceignant a vos reins de vérité,». Il nomme ici les reins qui sont, pour ainsi dire, la base du corps, comme la carène est celle du vaisseau : c'est le fondement ; tout est bâti dessus, à ce que disent les médecins. C'est donc notre âme qu'il rend alerte, en ceignant nos reins : car ce mot est pris ici au sens figuré. Et si les reins sont à .la fois la base de ce qui est au dessous et de ce qui est au dessus , il faut dire la même chose de ces autres reins dont parle l'apôtre. Souvent, quand on est las, on pose ses mains à, cette place. comme sur un support solide, et l'on se soutient de la sorte ; et, à la guerre, la ceinture est destinée à maintenir, à consolider cette base dé notre corps. Voilà pourquoi encore on se ceint pour courir: la ceinture consolide l'assiette sur laquelle nous reposons... Faisons-donc ainsi pour notre âme, nous dit Paul : et quoi que nous fassions, nous serons fermes, ce qui est nécessaire aux soldats particulièrement. Oui, dira-t-on, mais on se ceint les reins avec une lanière de cuir. Quelle. sera donc notre ceinture à nous? Ce sera ce qui préside à nos pensées, je veux dire la vérité.
Ceignant nos reins de vérité ». Ainsi donc n'aimons aucun mensonge, conformons-nous dans toutes nos démarches à la vérité, ne nous trompons pas mutuellement : s'il s'agit de gloire, cherchons la vérité; en fait de conduite, encore la vérité. Si nous savons nous entourer de ce rempart, nous ceindre de vérité, nous n'avons personne à craindre. Celui qui . cherche la doctrine de vérité né tombera pas à terre. Car ce qui n'est fias vrai procède de la terré : la preuve en est la servitude où vivent, à l'égard de,leurs passions, tous- les infidèles, qui se laissent conduire parleurs propres pensées. En conséquence, si nous sommés sages, nous ne désirerons point nous instruire dans les écrits, des païens. Ne voyez-vous pas comme ces hommes sont lâches et indolents, incapables de comprendre au sujet de Dieu une idée uti peu sévère, un peu relevée? C'est qu'ils ne sont pas ceints de vérité. C'est pour cela qu'il n'y a pas de force dans leurs reins, ces réservoirs de la génération, ce fondement, solide des pensées. Aussi, rien de plus faible qu'eux.
