1.
Voilà le mot « Par » employé en parlant du Père. Eh bien ! dirons-nous qu'il est inférieur ? Nullement. « Aux saints qui sont à Ephèse et aux fidèles en Jésus-Christ». Voici qu'il appelle saints des hommes qui ont enfants, femmes, serviteurs. Qu'il leur applique, en effet, ce nom, c'est ce qui résulte de la fin de l'épître, par exemple quand il dit: et Femmes, soyez soumises à vos maris » ; et encore : « Enfants , obéissez à vos pères » ; et aussi : « Serviteurs, obéissez à vos maîtres». Considérons quel relâchement est le nôtre, combien la vertu est devenue chose rare de nos jours, et combien alors elle était commune, puisque les mondains mêmes étaient appelés saints et fidèles. «Grâce à vous et paix par Dieu notre père, et par le Seigneur Jésus-Christ ». Il a dit «Grâce» et il a nommé Dieu « Père» c'est, en effet, le gage de la grâce dont il parle. Comment cela ? Ecoutez ce qu'il dit ailleurs « Parce que vous êtes fils, Dieu a envoyé dans vos coeurs l'Esprit de son Fils, criant : Abba, Père ! » (Gal. IV. 6.) « Et par le Seigneur Jésus-Christ ». C'est pour nous que le Christ est né, pour nous qu'il s'est fait voir en chair.
« Béni le Dieu et Père de Notre-Seigneur « Jésus-Christ (3) ». Oui, Père de l'Incarné ; ou si vous ne le voulez pas, Père , au moins, du Dieu Verbe. « Qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle, des dons célestes dans le Christ ». Il fait allusion ici à la bénédiction judaïque, qui était bien une bénédiction, mais non une bénédiction spirituelle. Quels en étaient les termes, en effet ? « Que Dieu te bénisse; il bénira les fruits de tes entrailles ; il bénira ton entrée et ta sortie ». (Nombres, VI ; Deut. VII, 13.) Ici ce n'est pas la même chose : de quoi s'agit-il ? de toute bénédiction spirituelle. En effet, que vous manque-t-il encore ? Vous êtes désormais immortel , libre, fils, juste, frère, cohéritier; vous avez part à la royauté et aux hommages ; tout vous a été octroyé. « Comment, avec lui », est-il écrit, « ne nous donnerait-il pas aussi toutes choses?» (Rom. VIII, 32.) Vos prémices sont adorées par des anges, des chérubins, des séraphins. Que vous manque-t-il encore ? « De toute bénédiction spirituelle ». Rien de charnel ici. S'il nous a ôté les choses de ce genre par ces paroles . « Vous aurez tribulation dans le monde » (Jean, XVI, 33), c'est parce qu'il nous a conviés à d'autres. Car ainsi que ceux qui possédaient les biens de la chair, étaient incapables d'entendre le langage de l'Esprit ; de même ceux qui possèdent les dons de l'Esprit, n'ont pu les recevoir avant de s'être détachés des choses charnelles. Qu'est-ce à dire : « Des dons célestes ?» Entendez qu'il ne s'agit pas de biens terrestres, comme chez les Juifs: « Vous mangerez les biens de la terre. Sur une terre où coulent le lait et le miel. Dieu bénira ta terre». (Is. I, 19; Exod. XXXIII, 3; Ps. LXXXIV , 13.) Ici , rien de pareil : mais quoi donc ? « Celui qui m'aime gardera mes commandements, et moi et le Père nous viendrons vers lui, et nous ferons notre demeure en lui. (Jean, XIV, 23.) Celui qui entend les paroles que je dis , et les accomplit, sera assimilé à un homme sage qui a bâti sa maison sur la pierre ; et les vents ont soufflé, et les fleuves sont venus, et ils ont fondu sur cette maison ; et elle n'est pas tombée : car elle était fondée sur la pierre ». Qu'est-ce que cette pierre, sinon les choses célestes , qui sont supérieures à tous les changements? « Celui qui m'aura confessé devant les hommes, moi aussi, je le confesserai devant mon Père qui est dans les cieux ; mais celui qui me reniera je le renierai» ; et encore : « Bienheureux ceux dont le cœur est pur, parce qu'ils verront Dieu » ; et encore: « Bienheureux les pauvres d'esprit, parce que le royaume des cieux leur appartient » ; et aussi : « Bienheureux vous êtes, vous qui avez été persécutés pour la justice, parce que votre salaire est grand dans les cieux ». Voyez-vous les cieux partout, la terre nulle part, pas plus que les choses terrestres ? Et ailleurs : « Pour nous, notre vie est dans les cieux : c'est de là aussi que nous attendons le Sauveur, notre Seigneur Jésus ». (Philip. III, 20.) Enfin : « Ne songeant pas aux choses de la terre, mais à celles du ciel ».
« En Jésus-Christ ». C'est par Jésus-Christ et non par Moïse que s'est opérée cette bénédiction. Ce n'est pas seulement la nature de la bénédiction qui fait notre supériorité, c'est encore le médiateur qui nous l'a procurée. C'est ainsi qu'on lit dans l'épître aux Hébreux : « Moïse, à la vérité, a été fidèle dans toute la maison de Dieu comme serviteur, pour rendre témoignage de tout ce qu'il devait dire; mais le Christ est comme fils dans sa maison; et cette maison, c'est nous».. (Héb. III, 5, 6.) « Comme il nous a élus en lui avant la fondation du monde, afin que nous fussions saints et sans tache en sa présence (4) ». Voici le sens de cette parole : « Il nous a élus par le « médiateur, par lequel il nous a bénis». C'est donc lui qui nous donnera toutes ces choses, lui qui est le juge, lui qui dira : « Venez, les bénis de mon père; possédez le royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde ». (Matth. XXV, 34.) Et encore : « Là où je suis, je veux que ceux-ci soient également ». (Jean, XVII, 24.)