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Œuvres Jean Chrysostome (344-407) In epistulam ad Philippenses Commentaire sur l'épître aux Philippiens
HOMÉLIE IV.

3.

« Si j'apprends que vous êtes fermes dans l'unité d'un même esprit, d'une seule âme». C'est là, en effet, le principe de la communion des fidèles, le principe qui contient la charité elle-même. Aussi Jésus-Christ lui-même prie : « Pour qu'ils soient un ». (Jean, XVII, 11.) Car, ajoute-t-il, « un royaume divisé contre lui-même ne subsistera pas ». (Matth. XII, 25.) De là, toujours dans saint Paul ces exhortations à l'union des coeurs et des pensées. De là cette définition du divin Sauveur : « Tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples, si vous vous aimez les uns les autres ». (Jean, XIII, 35.)

Gardez-vous, dit saint Paul, de rester endormis en attendant que j'arrive, et de différer jusqu'au jour de mon arrivée si attendue, jusqu'à l'heure où vous me reverrez, et d'en faire dépendre votre ferveur ou votre tiédeur 1. Je puis, par ouï-dire, être aussi content de vous. Que veut dire ce terme: « En « un seul esprit?» Il signifie dans la même grâce, grâce de concorde, grâce de ferveur. Entendez ainsi l'unité d'esprit, puisque ces expressions se prennent souvent en ce sens. Avoir le même esprit , c'est aussi n'avoir qu'une âme ; ainsi l'unité d'âme marque la concorde, et plusieurs âmes sont dites n'en faire qu'une. Telle était la primitive Eglise. « Tous les fidèles », dit l'écrivain sacré, « n'avaient qu'un coeur et qu'une âme ». (Act. IV, 32.)

« Combattant tous ensemble pour la foi de l'Evangile ». Puisque la foi subit comme un combat, combattez aussi entre vous; est-ce là ce qu'il veut dire? Evidemment non, car les chrétiens ne se livraient point de combats; le sens est : Aidez-vous mutuellement, dans le combat qui se livre pour la foi de l'Evangile.

« Et que vous ne soyez en rien effrayés par les adversaires : ce qui est le sujet de leur perte, et la cause de votre salut ». Effrayés, c'était le mot vrai; c'est tout ce que peut faire l'homme ennemi : il effraie. — « En rien », ajoute-t-il : quoi qu'il arrive, par conséquent, en face des périls, en présence des complots.

A ce courage, on reconnaît l'intrépidité : ils ne peuvent qu'effrayer, rien de plus. — Vraisemblablement, en effet, les Philippiens étaient fort troublés des tribulations infinies que subissait l'apôtre. Je ne vous dis pas seulement Gardez-vous d'être ébranlés; j'ajoute, ne tremblez pas; allez même jusqu'à les mépriser. Si vous arrivez à cette disposition d'âme, vous donnez la preuve évidente et de leur perte et de votre salut. Après s'être convaincus qu'ils auront épuisé mille moyens pour vous perdre, sans pouvoir même vous effrayer, ils auront acquis par là même la preuve évidente de leur ruine. Persécuteurs , en effet, sans pouvoir triompher de leurs victimes; organisateurs de complots vaincus par ceux mêmes qu'ils tiennent en leur pleine puissance, ne comprendront-ils pas clairement, à cet insuccès, et leur ruine, et leur impuissance, et la fausseté comme la faiblesse de leurs moyens et de leurs croyances? Il continue: « Et cet avantage vient de Dieu ; car c'est une grâce qu'il vous a faite, non-seulement que vous croyez en Jésus-Christ , mais aussi de ce que vous souffrez pour lui (29) ». — Il les rappelle de nouveau à la sainte modestie, rapportant tout à Dieu , et témoignant que souffrir pour Jésus-Christ , c'est une grâce, une faveur , un don du ciel. Et ne rougissez pas de cette grâce; elle est bien plus admirable que le pouvoir de ressusciter les morts et d'opérer tout autre miracle. Avec ce dernier pouvoir, je suis le débiteur de Jésus-Christ; mais par la souffrance en son nom, je fais de Jésus-Christ mon débiteur. Donc loin d'en rougir, il faut vous en réjouir : c'est une grâce l Saint Paul appelle grâces et dons nos vertus elles-mêmes, comme toutes les autres faveurs gratuites , bien qu'il y ait une différence. Ces dernières viennent tout entières de Dieu seul; dans les autres, nous avons notre part. Mais comme, dans la vertu même , la part de Dieu est la plus grande, il la lui rapporte en entier, non pour renverser notre libre arbitre , mais pour rappeler à ses disciples l'humilité et la reconnaissance.

« Vous trouvant dans les mêmes combats où vous m'avez vu... (30) », c'est-à-dire, vous avez reçu l'exemple. Et toutefois, c'est encore un éloge qu'il leur adresse. Car partout il montre qu'en tout semblables à lui, et avec lui, ils subissent mêmes combats, supportent mêmes assauts , jusque chez eux et pour leur compte, soumis aux mêmes épreuves que leur apôtre.

« Comme vous m'avez vu », dit-il, et non par ouï-dire seulement: car il avait combattu chez eux , dans la ville même de Philippes. Voilà la preuve d'un grand courage. Au reste, Paul rappelle volontiers ces faits. Ainsi : — aux Galates : « Quoi ! vous avez souffert ainsi inutilement, si toutefois c'est inutilement! » (Gal. III, 4.) — Aux Hébreux : « Or, rappelez en votre mémoire ce premier temps, où après avoir été illuminés par le baptême, vous avez soutenu de grands combats dans les diverses afflictions, ayant été d'une part exposés devant tout le monde aux injures et aux mauvais traitements; et de l'autre, ayant été les compagnons de ceux qui ont souffert de semblables indignités ». (Hébr. X, 32.) — Aux Macédoniens , c'est-à-dire aux Thessaloniciens : « Tout le monde raconte quel a été le succès de notre arrivée parmi vous » ; et plus bas : « Vous n'ignorez pas vous-mêmes , mes frères , que notre arrivée vers vous n'a pas été vaine et sans fruit ». (I Thess. II, 9 et II, 1.) Et il rend à tous et toujours le même témoignage de luttes et de combats.

C'est là ce qu'on ne trouverait plus chez nous : bienheureux, si nous trouvons par hasard quelque sacrifice d'argent, bien que sur ce point même et en ce genre de sacrifices, Paul leur paie aussi un tribut d'éloges , lorsqu'il dit des uns : « Vous avez souffert avec joie le pillage de vos biens » (Hébr. X, 34) ; et à d'autres : « La Macédoine et l'Achaïe ont résolu de faire une collecte pour les pauvres » (Rom. XV, 26); — ailleurs enfin : « Votre exemple » de charité « a excité le même zèle dans l'esprit de plusieurs ». (II Cor. IX, 2.)


  1. Deux leçons contraires se lisent dans les manuscrits, et nous les avons fait soupçonner dans la traduction : « Gardez de m'attendre pour bien agir ; gardez de ne plus vouloir agir, si vous ne me revoyiez plus ¨ » . ↩

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