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Works John Chrysostom (344-407) In epistulam ad Philippenses Commentaire sur l'épître aux Philippiens
HOMÉLIE VI.

6.

Non, non, jamais l'avare ne contemplera Jésus-Christ face à face; c'est là, je le répète, une impossibilité. L'avarice est la racine de tous les péchés. Que. s'il suffit d'un seul, pour perdre la gloire éternelle, où donc sera placé celui qui apportera, au jugement de Dieu, la racine de tous les péchés? Le serviteur de l'argent ne peut être le vrai serviteur de Jésus-Christ. C'est lui-même qui a proclamé cette incompatibilité absolue. « Vous ne pouvez », a-t-il dit, « servir Dieu et Mammon »; et encore : « Nul ne peut servir deux maîtres » (Matth. VI, 24), car leurs volontés sont contraires. Jésus-Christ vous dit : Pitié pour les pauvres! Mammon reprend : Prenez ce qu'ils possèdent. Jésus-Christ : Donnez-leur ce que vous avez ! Mammon : Ravissez même ce qu'ils ont. Voyez-vous le combat? Voyez-vous la guerre? Faut-il vous montrer comment personne ne peut servir ces deux maîtres, mais comment l'un des deux sera nécessairement méprisé? N'est-ce pas là une vérité d'une clarté qui n'a pas besoin de commentaire Comment ? c'est qu'en fait nous voyons Jésus-Christ méprisé et Mammon en honneur ! Sentez-vous déjà l'amertume de ces paroles? Et si les paroles sont amères , que ne sont pas les faits eux-mêmes? mais la maladie qui nous travaille, nous empêche de sentir la gravité des faits. Dès que nous commencerons à nous dégager des étreintes de cette passion, notre esprit jugera sainement des choses. Mais une fois sous l'empire de cette fièvre de l'or, notre âme se complaît dans son mal, perd absolument la faculté de juger, et voit se corrompre le tribunal même de sa conscience. Jésus-Christ prononce: « Si quelqu'un ne renonce pas à tout ce qu'il possède, il ne peut être mon disciple ». (Luc, XIV, 33.) Mammon réplique : Arrache le pain à l'indigent. Jésus-Christ Habillez sa nudité ! Mammon : Volez-lui jusqu'à ses haillons. Jésus-Christ : Ne méprisez pas votre propre sang et ceux de votre maison. Mammon : Pour ton sang et ta maison, point de pitié; quand ce serait un père, quand ce serait une mère, méprise-les. Et que parlé-je de père et de mère ? Sacrifie, je le veux, jusqu'à ton âme. Il commande, on l'écoute. Hélas! hélas ! ce maître qui vous impose des lois si cruelles, si inhumaines, si sauvages, nous trouve obéissants, plutôt que Celui dont le joug est léger et les commandements si salutaires. De là, l'enfer; de là, le feu; de là ce fleuve de flammes et ce ver qui ronge éternellement.

Je le sais : beaucoup ici ne sont point charmés de nous voir traiter ce sujet menaçant; mais moi-même, c'est malgré moi que j'y touche : (42) qu'ai-je, enfin, à y gagner? Ah ! bien mieux aimerais-je à vous entretenir continuellement des biens du royaume céleste, de ce repos, de ces ondes qui désaltèrent pleinement, de ces pâturages verdoyants et joyeux, comme les appelle le prophète : « Il m'a élevé auprès des eaux rafraîchissantes, il m'a placé au milieu de gras pâturages ». (Ps. XXII, 2.) Oui, j'aimerais à vous parler de ce lieu, d'où sont bannis la douleur, le deuil, les chagrins. J'aimerais à. raconter le bonheur qu'on goûte dans un séjour avec Jésus-Christ, bien qu'il dépasse tout langage et même toute pensée. J'aimerais néanmoins à user toutes mes forces sur cet éternel et délicieux sujet, mais que ferais-je alors? Car il n'est pas possible de parler de royaume à un malade brûlé par la fièvre. Tant que dure son périlleux état , il faut traiter de sa guérison; tant que la peine et le châtiment le menacent, il messiérait de lui parler de gloire. On n'a qu'un but, en ce cas; c'est de le sauver de la peine, du supplice; si nous n'atteignons ce premier résultat, comment espérer l'autre? Continuellement donc je vous entretiens du mal à redouter, pour vous faire arriver au bien que vous désirez. Car si Dieu lui-même nous a menacés de l'enfer, c'est pour que personne ne tombe en enfer; c'est pour que tous nous arrivions à la couronne. Ainsi nous-mêmes nous ne cessons pas de vous parler d'enfer, pour vous relever jusqu'à l'espoir d'un trône, pour fléchir d'abord vos coeurs sous la crainte et les décider à pratiquer ce qui fait mériter la palme.

Veuillez donc supporter sans chagrin le poids de nos paroles. Ce poids de ma parole aura l'avantage d'alléger vos âmes du fardeau de leurs péchés. Le fer, aussi, les marteaux ont du poids; et cependant on fabrique avec eux les vases d'or et d'argent; on redresse les objets tors; si les outils étaient moins lourds, ils deviendraient impuissants à redresser un corps tordu. Ainsi le poids de nos reproches peut façonner vos âmes au bien. Ne cherchez donc pas à éviter ni leur pesanteur, ni leurs coups salutaires; on ne vous blesse jamais pour briser et déchirer vos âmes, mais pour les corriger.Nous savons, en effet, grâce à Dieu, dans quelle mesure il faut frapper , et quelle doit être l'intensité de nos coups, afin que, sales jamais briser le 'vase, ils puissent le guérir, le restaurer, le remettre en état de servir au divin Maître; de telle sorte que la réparation le présente avec un nouveau lustre, avec une forme et une ciselure irréprochable, au grand jour où doit couler le fleuve de feu , et qu'il ne devienne pas la pâture du bûcher que l'éternité entretiendra.

Si vous ne passez ici-bas par le feu de la parole , vous passerez infailliblement dans l'autre vie par le feu de l'enfer, puisque « le jour du Seigneur se révèlera par le feu ». (I Cor. III, 13.) Mieux vaut qu'un instant notre parole vous brûle, que la; flamme dont parle ici l'apôtre. Cet avenir éternel, en effet, est d'une certitude absolue; souvent je l'ai prouvé par des raisons sans réplique; les saintes Ecritures suffiraient pour vous en donner la pleine conviction. Mais plusieurs étant portés à la discussion, nous y avons ajouté maints raisonnements. Rien n'empêche que maintenant même nous ne les apportions encore. — Qu'avions-nous dit? Dieu est juste, nous l'avouons; gentils et juifs, hérétiques et chrétiens. Or, bien, des pécheurs sortent de ce monde sans être punis; bien des hommes de vie vertueuse en sont sortis de leur côté après avoir subi mille calamités. Donc, si Dieu est juste, en quel lieu donnera-t-il aux uns la récompense, aux autres le supplice, s'il n'y a pas d'enfer, s'il n'y a pas de résurrection? Ce raisonnement, répétez-le toujours aux autres et à vous-mêmes; il ne vous laissera pas un doute sur la résurrection. Or, quand on croit à la résurrection, sans ombre de doute, on apporte tous les soins, toute l'attention possible à mettre son âme en état de gagner les biens éternels. Puissions-nous tous y parvenir, par la grâce et bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartient, en l'unité du Père et du Saint-Esprit, la gloire, l'empire, l'honneur, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

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Commentaire sur l'épître aux Philippiens
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