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Œuvres Jean Chrysostome (344-407) In epistulam ad Philippenses Commentaire sur l'épître aux Philippiens
HOMÉLIE VII.

5.

Croyons donc pour sa gloire, et pour sa gloire aussi sachons vivre, puisque faire l'un sans l'autre ne sert de rien. Car lorsque nous le glorifions selon la foi, sans vivre selon la loi, alors plus que jamais nous lui faisons outrage, puisque le reconnaissant comme Seigneur et Maître , nous ne le méprisons pas moins, nous ne redoutons pas son terrible tribunal. Que des gentils vivent dans l'impureté, rien d'étonnant, rien qui mérite un si grand supplice ; mais que des chrétiens, participants de si grands mystères, admis à une gloire si éminente, osent cependant mener une vie souillée, voilà une malice incomparable et impardonnable.

Répondez-moi, en effet. Jésus-Christ est descendu aux derniers degrés de l'obéissance, et a mérité ainsi de devenir le Seigneur des anges et des hommes, le Maître absolu de tout et de tous. Et nous croirions déchoir en nous humiliant ! Mais au contraire : nous montons â une élévation sublime ; jamais nous ne sommes aussi grands et dignes d'estime. Oui, celui qui s'élève s'abaisse; celui qui s'abaisse s'élève; et pour le prouver il suffit qu'une seule fois Jésus-Christ ait prononcé cette maxime.

Au reste, examinons cette question à fond. Etre humilié, qu'est-ce, sinon subir blâmes, accusations, calomnies? Etre exalté, qu'est-ce, sinon recevoir honneurs, louanges, élévation en gloire? Sans doute. Or, voyons comment on arrive à l'un et à l'autre but. Satan était un ange : il s'élève, qu'arrive-t-il ? Ne tombe-t-il pas au dernier degré de l'abaissement ? La terre n'est-elle pas maintenant son séjour ? N'est-il pas partout accusé et poursuivi de reproches? — Paul n'était qu'un homme; il s'humilie : qu'arrive-t-il? N'est-il pas estimé, comblé de louanges, célébré par les éloges ? N'est-il pas l'ami de Jésus-Christ? N'a-t-il pas fait des choses plus étonnantes que Jésus-Christ même? N'a-t-il pas souvent commandé au démon comme à un vil esclave? Ne l'a-t-il pas promené à sa guise comme on ferait d'un satellite ? N'en a-t-il pas fait son jouet et foulé aux pieds sa tête brisée? Ses prières n'ont-elles pas obtenu à bien d'autres personnes une semblable victoire ? Pourquoi m'arrêtai-je à ce double exemple? Voici celui d'Absalon et celui de David; l'un qui s'élève, l'autre qui s'abaisse : lequel, enfin, obtient l'honneur et la gloire? Or, se peut-il entendre rien de plus humble que la réponse de ce bienheureux prophète aux outrages de Séméi : « Laissez-le », disait-il, « laissez-le me maudire, c'est Dieu qui le lui a commandé ? » (II Rois, XVI,10.) Ainsi encore le publicain s'humilie, quoiqu'après tout son langage ne, fût point celui de l'humilité, mais seulement de la modestie (49) et d'une juste honte; le pharisien au contraire s'exalte lui-même.... Mais, je l'ai dit, laissons les exemples de personnes, étudions plutôt la nature des choses.

Supposez donc, en général, deux individus, également bien dotés du côté de la fortune,des Honneurs, de la science, de la puissance, de tous les biens de ce monde, enfin, et connaissant d'ailleurs tous leurs avantages. L'un des deux, toutefois, mendie encore les éloges de chacun, et s'irrite, quand on les lui refuse, toujours insatiable dans son ambition, toujours enflé de lui-même et de son mérite. L'autre méprise tout ce vain attirail de la gloire, n'y trouve sujet de quereller personne, et repousse même les honneurs qu'on lui défère. A votre avis, lequel des deux est le plus grand, de celui qui mendie les honneurs, sans pouvoir les gagner, ou de celui qui les refuse quand même on les lui offre? C'est bien l'homme qui dédaigne, n'est-ce pas? Oh ! oui, il 'est vraiment grand; car le vrai moyen d'acquérir la gloire, c'est de la fuir. Poursuivez-la, elle vous fuit; fuyez-la, elle vous poursuit. Si vous voulez y parvenir, ne la désirez point; si vous voulez grandir , ne vous portez pas vous-mêmes vers les hauteurs. Il est d'ailleurs une raison qui nous fait honorer l'homme humble et sans ambition, et prendre en aversion les poursuivants de la gloire : les hommes aiment naturellement la contradiction; ils se plaisent à faire le contraire de ce qu'on veut.

Ainsi, méprisons la gloire; s'humilier c'est s'élever. Pour que les autres vous élèvent, ayez soin de ne pas vous élever vous-mêmes. Qui s'exalte ne sera point exalté par les autres; qui s'abaissera ne sera pas abaissé par les autres. L'orgueil est un grand vice. Mieux vaudrait être insensé qu'orgueilleux : l'idiotisme est une infirmité de nature; l'orgueil est une folie pire, c'est souvent folie et fureur tout ensemble. Le pauvre fou ne nuit qu'à soi; l'orgueilleux est la plaie de ses frères. Cette maladie de l'orgueil est, d'ailleurs , enfantée par la démence; à moins de délirer, nul au monde ne peut concevoir de soi-même une haute estime : le fou achevé est toujours arrogant. Le sage le déclare : «J'ai vu un homme se croire sage: on peut encore mieux espérer d'un insensé». (Prov. XXVI,12.) Vous voyez que je ne me suis pas aventuré en disant que ce vice est pire que la folie ; car, selon l'Ecriture, l'insensé doit donner plus d'espoir.

Aussi saint Paul disait : « Ne soyez point sages à vos propres yeux ». (Rom. XII,16.) A l'égard des corps, quels sont ceux qui nous paraissent les mieux portants? Sont-ce les chairs gonflées, que boursouflent les gaz et les humeurs aqueuses, ou plutôt celles qui présentent fermeté et consistance? Celles-ci, répondez-vous. Il en est ainsi de l'âme : avec l'orgueil, elle se gonfle plus dangereusement que vos membres par l'hydropisie; par l'humilité, elle est saine.

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