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Ici, et comme s'il écrivait à des personnes d'une dignité égale à la sienne, Paul ne joint pas à son nom sa qualité d'apôtre; il prend un autre titre, mais bien grand, et quel est-il? Au lieu d' « apôtre », il écrit « serviteur ». C'est certainement une haute dignité , c'est le premier de tous les biens, que de pouvoir non pas être nommé seulement, mais être en réalité serviteur de Jésus-Christ.
Qui dit serviteur de Jésus-Christ, dit homme libre de tout péché; et par cela même qu'il est serviteur vrai et légitime, il ne voudrait jamais être asservi à un autre maître, puisqu'alors il ne serait plus qu'à demi le serviteur de Jésus-Christ.
Quand il écrit aux Romains, Paul reprend la même suscription : « Paul serviteur de Jésus-Christ » ; au contraire dans les épîtres aux Corinthiens et à Timothée, il se nomme « apôtre ». Pourquoi? ce n'est pas sans doute pour cette raison, que de simples fidèles valussent mieux que Timothée ! Erreur évidente ! C'est plutôt parce que, de tous ceux qu'il honore de ses lettres, les Philippiens se trouvent (6) être les plus honorés et les plus aimés: il attestera même bientôt leur grande vertu. — D'ailleurs, il déclare sa dignité d'apôtre quand il veut, dans son épître, établir ou régler quelque affaire très-grave. Mais, à l'égard des Philippiens, il n'a pas à leur mander autre chose que ce qu'ils savaient déjà.
« Aux saints en Jésus-Christ qui sont à Philippes ». Comme vraisemblablement les juifs s'adjugeaient à. eux-mêmes le nom de « saints », d'après l'ancien oracle qui les désignait comme le peuple saint et choisi (Deut. (VII, 6), l'apôtre a soin d'ajouter pour cette raison : « Aux saints en Jésus-Christ ». Car désormais voilà seulement les saints; les autres à l'avenir ne sont que des profanes.
« Aux coévêques et diacres... » Qu'est-ce à dire? Une seule cité avait-elle donc plusieurs évêques? Non; mais sous ce nom il a désigné les prêtres. Ces noms, alors, étaient communs et réciproques; l'évêque même s'appelait diacre. Témoin cette ligne à Timothée : « Rem« plissez votre diaconie », bien qu'il fût évêque, puisque ce caractère épiscopal ressort de ces autres paroles au même disciple : « N'imposez légèrement les mains à personne » ; ailleurs au contraire il lui écrit : (La grâce) « Je rends grâces à Dieu, chaque fois que je vous a été donnée par l'imposition des mains des prêtres », et pourtant des simples prêtres n'auraient pu ordonner un évêque. — De même écrivait-il à Tite : « Je vous ai laissé en Crète, afin que vous y établissiez des prêtres en chaque ville, selon l'ordre que je vous en ai donné, choisissant celui qui sera irréprochable, qui n'aura épousé qu'une femme » ; autant de traits qui désignent l'évêque, puisqu'il ajoute, immédiatement après le texte précédent : « Car il faut que l'évêque soit irréprochable, comme étant le dispensateur et l'économe de Dieu; qu'il ne soit pas orgueilleux... » Ainsi, jadis, comme je le disais, les prêtres étaient appelés ou évêques ou diacres de Jésus-Christ; et les évêques s'appelaient prêtres : tellement que même de nos jours, plusieurs évêques écrivent à leurs ministres inférieurs : A notre coprêtre, codiacre ; bien qu'avec le temps, chaque dignitaire ait, enfin reçu son nom particulier, et que l'un s'appelle désormais évêque, l'autre, prêtre.
« Aux coévêques », continue-t-il, « et aux diacres; que Dieu notre Père et Jésus-Christ notre Seigneur, vous donnent la paix ». On peut ici faire une question. Pourquoi ne s'adressant jamais au clergé d'autres cités, par exemple, à ceux de Rome, de Corinthe, d'Ephèse, mais saluant en général en ces termes « A tous les saints, ou à tous les fidèles, à tous « nos bien-aimés », pourquoi ici écrire au clergé ? — Sans doute parce que c'étaient des clercs qui lui avaient remis la lettre des Philippiens, porté leur aumône, et député Epaphrodite.
« Je rends grâces à mon Dieu, toutes les fois « que je me souviens de vous ». Il a écrit ailleurs : « Obéissez à vos prélats et soyez-leur « soumis; car eux à leur tour veillent sans «cesse comme devant rendre compte de vos « âmes; qu'ils aient donc à le faire avec bon« heur, et non avec gémissement». Autant les fautes des disciples doivent faire gémir, autant la joie à parler d'eux démontre leurs progrès dans le bien. Voici donc sa pensée: Toutes les fois que je me souviens de vous, je rends gloire à Dieu. S'il remercie, c'est qu'il garde la mémoire de leurs grandes vertus. Je glorifie Dieu, et, ajoute-t-il, je le prie. Car, de ce que vous êtes entrés dans le chemin de la vertu, il ne suit pas que je doive cesser de prier pour vous; au contraire , je persévère dans ma prière : « Je rends grâces à Dieu, chaque fois que je me souviens de vous » et. toujours, et dans « toutes mes prières pour vous tous , et c'est avec joie que je prie ». Je me souviens « toujours », et non pas seulement à l'instant de mon oraison. C'est avec raison qu'il ajoute Je le fais « avec joie » ; car il se peut qu'on prié avec tristesse , comme lui-même ailleurs le témoigne : Oui, dit-il aux Corinthiens, «c'est avec peine, avec serrement de cœur, à travers bien des larmes que je vous ai écrit ». .(Je rends grâces à Dieu) « de ce que vous avez participé à la propagation de d'Evangile » (par vos aumônes) « depuis le premier jour jusqu'à présent ».