3.
« Je prie instamment Evodie et je conjure Syntique de s'unir dans les mêmes sentiments en Notre-Seigneur. Je vous prie aussi, très-cher conjoint, assistez-les ». Quelques-uns prétendent que dans ces paroles : « Cher conjoint », saint Paul s'adresse à son épouse. C'est absolument faux. Il désigne ainsi, soit une autre femme, soit le mari d'une de celles qu'il a nommées. « Assistez celles qui ont travaillé avec moi dans l'établissement de l'Evangile, avec Clément et les autres, qui m'ont aidé dans mon ministère, et dont les noms sont écrits au livre de vie ». Vous voyez quel magnifique témoignage il rend à leur (86) vertu; c'est ainsi, au reste, que Jésus-Christ même parlait à ses apôtres : «Ne vous réjouissez pas de ce que les démons vous sont soumis, mais de ce que vos noms sont écrits au livre de vie ». (Luc, X, 20. ) Paul se sert de termes identiques à leur égard : « Leurs noms sont écrits au livre de vie ». Il me semble que ces femmes étaient les principales de l'Eglise de Philippes; et peut-être l'apôtre les recommande à un personnage très-méritant, qu'il appelle même son conjoint, auquel peut-être il adressait volontiers ses protégés, voyant en lui un auxiliaire, un compagnon d'armes, un ami, un frère. Pareille recommandation se lit dans son épître aux Romains : « Je vous recommande Phébé, notre soeur, qui est au service de l'Eglise établie à Cenchrée ». (Rom. XVI, 1. ) — « Conjoint » : il appelle ainsi le frère ou même l'époux de l'une d'elles; comme s'il disait: Tu es maintenant frère légitime, légitime époux, tu es un de leurs membres. — « Elles ont avec moi travaillé à l'établissement de l'Evangile » : de là sa sollicitude et ses prévenances pour elles; ce n'est pas raison d'amitié , mais de bonnes oeuvres. « Elles ont travaillé avec moi ». Que dites-vous? Des femmes ont travaillé avec vous? Sans doute, répond-il. Car bien que Paul eût maints auxiliaires, elles ont contribué, et non pas un peu; et dans le nombre même, celles-ci ont eu leur bonne part d'action. Ainsi déjà dès lors les églises particulières grandissaient beaucoup. Le fait même que les personnages dignes et saints, hommes et femmes, étaient entourés de respects unanimes, avait plusieurs excellents résultats. En effet, d'abord tous les autres fidèles étaient excités à montrer un zèle semblable; ensuite ceux qui rendaient honneur au zèle d'autrui, y gagnaient même personnellement; enfin l'honneur rendu redoublait, dans les personnages honorés, l'ardeur et la foi. Aussi partout vous voyez Paul empressé à rendre ces témoignages et à recommander ces fidèles d'un mérite spécial. C'est ainsi que dans l'épître aux Corinthiens il parle de ceux qui sont « les prémices de l'Achaïe ». — Quelques-uns voient dans ce mot « conjoint», Quelque Syzigue, un nom propre. Mais peu importe qu'il soit ceci, ou qu'il suit cela; il n'est pas besoin ici de recherches curieuses; admirons plutôt simplement quel grand honneur Paul réclame pour ceux qu'il recommande.