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Œuvres Jean Chrysostome (344-407) In epistulam ad Colossenses commentarius Commentaire sur l'épître aux Colossiens
HOMÉLIE IV.

3.

Quand donc les gentils nous diront: Pourquoi le Christ n'est-il venu qu'à présent? ne les laissons pas dire; mais demandons-leur s'il n'a pas bien accompli son oeuvre. S'il était venu dès le commencement, et s'il n'avait pas réussi, le temps n'aurait pas suffi pour l'excuser. Mais puisque son oeuvre s'est accomplie, pourquoi nous parler du temps? Quand un médecin soigne un malade et le guérit, on ne lui demande pas compte du traitement qu'il a appliqué. Quand un général a remporté la victoire, on ne lui demande pas compte de l'heure et du terrain qu'il a choisi. S'il n'avait pas réussi, on pourrait l'interroger. Mais, puisqu'il a réussi, il faut l'accueillir avec éloge. Que faut-il croire, dites-moi, vos raisonnements calomnieux ou cette oeuvre si parfaite? A-t-il remporté ou non la victoire? dites-moi. A-t-il triomphé ou non de tous les obstacles? Sa parole s'est-elle accomplie ou non? Voilà ce qu'il faut examiner. Dites-moi: Si vous ne croyez pas au Christ, croyez-vous en Dieu? Est-il vrai, je vous le demande, que Dieu n'ait pas eu de commencement? Cela est vrai, me répondrez-vous. Mais, dites-moi; pourquoi ne s'y est-il pas pris dix mille ans plus tôt, pour créer les hommes? De cette manière, le monde aurait duré plus longtemps. Car si l'existence est un bien, mieux vaut la commencer plus tôt. Mais les hommes ont-ils donc perdu à ne pas exister plus tôt? Non sans doute, et celui qui les a faits sait pourquoi. Autre question : Pourquoi n'a-t-il pas créé tous les hommes à la fois et en même temps? L'aîné du premier homme a tant d'années; l'aîné de l'homme qui naît plus tard en a moins? Pourquoi a-t-il fait venir au monde les uns plus tôt, les autres plus tard ? Voilà des points vraiment dignes de faire question, sans mériter cependant de curieuses recherches. Mais pourquoi le Christ est-il venu plus tôt ou plus tard? Il ne faut même pas le demander, car j'ai déjà dit pourquoi, et je ne pourrais que me répéter.

Figurez-vous l'humanité comme ayant une existence à elle: les temps primitifs sont l'adolescence du genre humain; l'âge suivant est sa jeunesse; les siècles de décadence sont sa vieillesse. Alors, quand l'âme possède toute sa vigueur, quand le corps a perdu la sienne et ne fait plus la guerre à l'âme, on est porté à la philosophie. Eh bien ! me dira-t-on, dans la pratique il en est tout autrement; car nous instruisons les jeunes gens. Il est vrai, mais nous ne leur enseignons pas les hautes sciences, mais la rhétorique et l'éloquence : on étudie la philosophie, quand on est dans toute la force de l'âge. Voyez Dieu : c'est ainsi qu'il traite les juifs. Les juifs sont comme des (125) enfants auxquels il adonné Moïse pour maître, et c'est pour eux qu'il trace cette loi qui est pour ainsi dire leur abécédaire, « cette loi qui n'offre que l'ombre des biens à venir, sans offrir l'image même des choses». (Hébr. X, 1.) Nous achetons des friandises aux enfants, nous leur donnons quelques pièces de monnaie, à une seule condition, c'est qu'ils se rendront à l'école. Et Dieu aussi donne aux Hébreux richesses et plaisirs, et leur prodigue ses biens, en retour desquels il ne demande qu'une chose, c'est qu'ils écoutent Moïse. C'est pour cela qu'il les a mis entre les mains de ce maître. Il ne veut pas qu'ils le méprisent; il veut qu'ils l'accueillent, comme un père bienveillant. Et voyez comme ce maître à lui seul leur impose. Ils ne disent pas: Où est Dieu? Ils disent : Où est Moïse? Il n'avait qu'à paraître pour se faire craindre. Quand ils font mal, voyez comme il sait les punir. Dieu voulait les abandonner, Moïse ne le permit pas. Ou plutôt, en cette circonstance, c'est Dieu qui fait tout. Dieu est le père qui menace; Moïse est le maître qui demande, qui cherche à fléchir le père et qui dit : Pardonnez-moi ; je prends tout sur moi, à partir de ce moment. Ainsi le désert fut pour les Juifs une école. Semblables aux enfants qui, après être longtemps restés à l'école, demandent à se retirer, eux aussi avaient toujours les yeux tournés du côté de l'Egypte, et, les larmes aux yeux, ils disaient : Nous sommes perdus, c'est fait de nous, nous voilà morts ! Et Moïse brisa la table de la loi, après avoir écrit pour eux quelques mots destinés à leur servir d'exemple, comme ferait un maître qui, pour témoigner sa colère à un mauvais élève, jetterait des tablettes qu'il aurait mal écrites; il a même le droit de les briser, sans que le père se fâche. Car cette table de la loi, Moïse s'était appliqué à l'écrire. Mais eux, sans s'inquiéter de leur maître, et distraits par d'autres pensées, ne gardaient ni modération, ni réserve, et, comme des enfants qui, dans une école, se frappent mutuellement, il leur permit de se frapper et de s'exterminer les uns les autres. Un maître donne une leçon à apprendre, et lorsqu'en la faisant dire, il voit que l'enfant a perdu son temps, il l'en punit. Par exemple les événements de l'Egypte étaient comme des lettres qui marquaient la puissance de Dieu. Il est vrai que ces lettres étaient des plaies et des fléaux, mais elles n'en montraient que mieux que Dieu punit ses ennemis : elles renfermaient un grand enseignement. En annonçant la punition des ennemis de Dieu, elles annonçaient aussi ses bienfaits à votre égard.

Les Juifs ressemblaient à ces écoliers qui prétendent savoir leur alphabet et qui, interrogés sur certaines lettres prises à part, ne peuvent pas répondre et sont battus. Ils prétendaient, eux, connaître la puissance de Dieu, et quand on les interrogeait sur des cas isolés de cette puissance, ils ne savaient rien et ils étaient châtiés. Avez-vous vu cette eau? Elle doit vous rappeler l'eau de l'Egypte. Celui qui a pu changer l'eau en sang, peut aussi faire jaillir une source. C'est ainsi que nous répétons aux enfants : Quand vous verrez sur un livre la lettre A, souvenez-vous que cette lettre a figuré sur vos tablettes. Avez-vous vu une famine? Souvenez-vous que c'est Dieu qui étouffe la moisson dans son germe. Avez-vous été témoins de guerres? Souvenez-vous du déluge. Avez-vous vu ce grand peuple qui habite cette terre? Il n'est pas plus grand que le peuple d'Egypte : Celui qui vous a tiré du milieu de ce peuple, saura bien vous sauver aujourd'hui que vous êtes loin de la terre d'Egypte. Mais ils ne savaient pas qu'on leur faisait subir un interrogatoire sur les éléments isolés de leur doctrine, et ils étaient châtiés. Ils ont mangé, ils ont bu et se sont révoltés. Ils ne devaient pas chercher la volupté dans la manne, puisqu'ils avaient appris que leurs maux venaient de la volupté. Ils faisaient comme ces enfants de bonne maison que l'on envoie à l'école et qui recherchent la compagnie des esclaves, et qui se font un jeu de les servir. Ils peuvent, à la table paternelle, se nourrir comme il faut et comme il convient à des gens bien nés, et ils préfèrent à la table de leur père, une ignoble table d'esclaves où règnent le tumulte et le désordre. C'est ainsi que les Hébreux cherchaient la terre d'Egypte. Et ils disaient à Moïse : « Oui, Seigneur, nous ferons et nous écouterons tout ce que vous direz ». (Exod. XXIV, 7.) Et, comme s'il se trouvait devant un père irrité qui voudrait se défaire de ses fils incorrigibles, le maître ne cessait de prier pour eux. Voilà ce qui arrivait souvent alors.

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