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Œuvres Jean Chrysostome (344-407) In epistulam ad Colossenses commentarius Commentaire sur l'épître aux Colossiens
HOMELIE V.

3.

Ce que je vous ai dit, poursuit-il, a pour but de vous empêcher d'interroger les hommes sur de pareils sujets. « Afin que personne ne vous trompe avec des paralogismes présentés d'une manière persuasive ». Quelle n'est pas, en effet, la puissance du sophiste, si sa parole est persuasive? « Car, si je suis absent de corps, je suis néanmoins avec vous en esprit (5) ». La suite des idées amenait ces paroles : Si je suis absent de corps , je connais cependant ceux qui voudraient vous tromper. Le verset finit par un éloge. « Voyant avec joie l'ordre qui règne parmi vous et la solidité de votre foi en Jésus-Christ». L'ordre dont il parle, (130) est un ordre bien établi. « Et la solidité de votre foi en Jésus-Christ ». Ici l'éloge est encore plus flatteur. Il n'a pas dit, votre foi ; mais: « La solidité de votre foi », comme s'il parlait à des soldats bien alignés et fermes à leur poste. Ce qui est ferme et solide est à l'épreuve de la fraude et de la tentation. Nonseulement, dit-il,vous n'êtes pas tombés, mais nul ennemi n'a pu jeter le désordre dans vos rangs. Il s'offre à leurs regards, comme un chef présent parmi eux; c'est le moyen de faire respecter la discipline. C'est quand les soldats restent fermes à leur poste que les rangs restent bien serrés. Ce qui fait la solidité d'un tout, c'est le rapprochement et l'union intime de toutes les parties de ce tout, et c'est ce qui a lieu dans une bonne muraille. Voilà l'oeuvre de la charité. Les membres qu'elle unit étroitement forment un corps des plus solides. La foi produit le même effet, en ne permettant pas au sophisme de se glisser entre eux. Le sophisme est un élément de division et de ruine; là foi est un gage dé solidité et d'union. Puisque les bienfaits de Dieu dépassent la raison humaine , Dieu a fait sagement de nous donner la foi. Comment rester ferme , lorsqu'on demande des comptes à Dieu ?

Chez nous, ce sont les vérités les plus sublimes qui se passent du raisonnement et qui s'appuient sur la foi. Dieu est partout et nulle part. Quoi dé plus contraire à la raison? Chaque mot de cet axiome cache un écueil. L'espace, en effet, ne renferme pas Dieu; aucun lieu n'est capable de le contenir. Il est incréé, il ne s'est pas fait lui-même; il n'a pas eu de commencement. La raison acceptera-t-elle ces vérités, si la foi est absente ? Les propositions ne semblent-elles pas ridicules et plus insolubles que des énigmes? Il n'a pas eu de commencement, il est incréé, immense et infini, voilà ce qui nous jette dans le doute et la perplexité. Il est incorporel; c'est là que notre raison se perd. Dieu est incorporel : comment cela? voilà un mot vide, un mot que l'esprit ne peut concevoir et qui ne lui représente rien. Car s'il représentait quelque chose, il représenterait notre nature et ce qui constitue le corps. Un pareil mot, la bouche le prononce; mais l'esprit ne comprend pas ce que dit la bouche. Il ne sait qu'une chose, c'est que ce mot désigne un être qui n'a pas de corps. Mais pourquoi parler de Dieu ? Que signifie ce mot incorporel appliqué à l'âme qui est créée, renfermée dans notre corps et limitée ? Répondez; montrez-moi le sens de ce mot. Mais vous ne le pouvez pas. Est-ce de l'air, que cette âme ? Mais l'air est un corps, bien qu'il ne soit pas solide; et mille faits nous prouvent que c'est un corps élastique. Est-ce un feu ?mais le feu est un corps, et l'activité de l'âme est incorporelle. Pourquoi? c'est qu'elle pénètre partout. Donc si l'âme n'est pas un corps, quelque chose d'incorporel se trouve donc compris dans un lieu, et par conséquent est circonscrit; or, ce qui est circonscrit forme une figure, et lés figures sont tracées avec des lignes, et les lignes appartiennent à des corps. Mais ce qui n'offre pas de figure, comment peut-on le concevoir ? Il n'y a là ni figure, ni forme, ni lieu. Voyez-vous quelle obscurité?

Autres réflexions. Le grand Etre n'a pas la capacité du mal; mais il est «volontairement» bon ; donc il serait aussi capable du mal. Mais voilà ce qu'on ne peut dire, et loin de nous un pareil langage ! Est-ce volontairement ou malgré lui qu'il a été amené à posséder l'existence? Voilà encore une question qu'on ne doit pas faire. Autre problème. Renferme-t-il la terre dans sa circonscription, ou ne la renferme-t-il pas? S'il ne la renferme pas, c'est que c'est elle qui le renferme. S'il la renferme, c'est qu'il est infini dans sa nature. Et maintenant se borne-t-il lui-même? S'il. se borne lui-même, il n'est pas sans commencement par rapport à lui, bien qu'il le soit par rapport à nous; on ne peut donc pas dire que par sa nature même, il n'a pas de commencement.

Partout des contradictions qui prouvent que nous sommes environnés de ténèbres, et que nous avons toujours besoin de la foi. Mais abordons, s'il vous plaît, de moins hautes questions. Cet Etre suprême est capable d'action. Or cette action, quelle est-elle? Est-ce un mouvement quelconque? Il n'est donc pas immuable; car ce qui se meut n'est pas immuable, puisque l'immobilité se change en mouvement. Mais cette essence se meut et ne reste jamais en place. Quel est son mouvement, dites-moi? Chez nous il y a sept manières de se mouvoir; on peut se mouvoir de bas en haut, de haut en bas, de dehors en dedans, de dedans en dehors, à gauche, à droite, circulairement; sous un autre point de vue, il y a le mouvement qui augmente, celui qui diminue, celui qui commence, celui qui finit, celui (131) qui change. L'essence suprême ne se meut-elle d'aucune de ces manières et se meut-elle comme l'âme? Mais loin de nous cette pensée ! car l'âme se livre à une foule de mouvements déréglés.

Vouloir, est-ce agir? S'il en est ainsi, Dieu veut que tous les hommes soient bons et qu'ils soient sauvés. Comment donc cela n'a-t-il pas lieu? Vouloir, n'est-ce pas agir? Alors, pour agir, il ne suffit pas de vouloir. Et comment donc l'Ecriture dit-elle: « Tout ce qu'il a voulu, il l'a fait?» (Ps. CXII, 11.) Et pourquoi le lépreux dit-il au Christ : « Si vous voulez, vous pouvez me purifier? » (Matth. VIII, 3.) Voulez-vous que je passe à d'autres questions ? Comment le monde a-t-il été tiré du néant? Comment y retombe-t-il? Qu'y a-t-il au-dessus du ciel? et au-dessus de la région supérieure au ciel? et au-dessus de l'espace supérieur à cet autre espace, et ainsi de suite, jusqu'à l'infini? Qu'y a-t-il au-dessous de la terre ? la mer. Et au-dessous de la mer ? et toujours ainsi ... Mais à droite et à gauche, ne sommes-nous point assiégés par le doute ?

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