1.
Le maître ne doit reculer devant aucune fatigue pour le salut de ses disciples. Car si le bienheureux Jacob travaillait nuit et jour pour garder ses brebis, à bien plus forte raison, celui qui a charge d'âmes, doit-il tout faire, quelque pénible, quelque modeste que soit sa tâche, en vue de son unique but, qui est le salut de ses disciples, et la gloire qui en revient à Dieu. Voyez donc le travail qu'acceptait Paul, ce héraut de Jésus-Christ, cet apôtre de la terre élevé à une dignité si haute; il travaillait de ses mains pour ne pas être à charge aux disciples; car « vous n'avez pas oublié » , dit-il, « mes frères, notre peine et notre fatigue ». Il avait dit auparavant : « Nous aurions pu vous être à charge, comme apôtres du Christ» ; c'est ce qu'il dit encore dans l'épître aux Corinthiens : « Ne savez-vous pas que les ministres des sacrifices mangent de ce qui est offert pour les sacrifices? » (I Cor. IX, 13.) Le Christ a établi que ceux qui annoncent l'Evangile, vivent de l'Evangile. Mais moi, dit-il, je n'ai pas voulu ; j'ai préféré la fatigue. Et ce n'est pas assez dire qu'il travaillait, mais c'était avec un zèle ardent. Voyez ce qu'il dit: « Car vous n'avez pas oublié », il ne dit pas mes bienfaits, mais, « notre peine et notre fatigue; nuit et jour travaillant de manière à n'être à charge à aucun de vous, nous avons prêché l'Evangile de Dieu ». Aux Corinthiens, il adresse d'autres paroles: « J'ai dépouillé les autres églises, en recevant d'elles l'assistance dont j'avais besoin pour vous servir». (II Cor. XI, 8.) Il est bien entendu qu'en d'autres lieux aussi il travaillait; mais il ne parlait pas de ce travail aux Corinthiens ; il prenait une expression plus piquante, comme s'il disait: Ce sont les autres qui m'ont nourri, quand c'était vous que je servais.
Ici, il ne parle pas de la même manière; mais que dit-il? « Nuit et jour travaillant». Aux Corinthiens, il dit: « Et lorsque je demeurais parmi vous, et que j'étais dans la nécessité, je n'ai été à charge à personne » (Ibid, 9). « Et j'ai reçu l'assistance dont j'avais besoin pour vous servir » : ici au contraire, il montre que les fidèles sont pauvres; dans l'épître aux Corinthiens, il n'en est pas de même. Voilà pourquoi il invoque toujours le témoignage de ceux de Thessalonique «Vous êtes témoins, vous-mêmes », dit-il, « et Dieu avec vous ». La confiance avec laquelle il s'appuie sur le témoignage de Dieu, voilà de quoi les persuader; les autres assertions laissaient dans l'incertitude ceux qui ignoraient les faits. Ne réclamez pas, ne dites pas: C'était Paul qui parlait; Paul s'arme d'un témoignage de beaucoup supérieur au sien, pour les persuader. De là ce qu'il dit: « Vous (191) êtes témoins, vous-mêmes, et Dieu avec vous, de ce qu'il y a eu de saint, de juste et d'irréprochable dans notre conduite envers vous, qui avez embrassé la foi ». Il fallait aussi leur adresser des éloges; voilà pourquoi il leur parle d'une manière qui devait les persuader. Si je n'ai rien reçu ailleurs, dit-il, quoique je fusse dans le besoin, cela est bien plus vrai encore maintenant.