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Après avoir insisté sur ce qui était urgent, dans le moment, il passe aux affaires éternelles, aux vérités qu'il faut toujours entendre; il annonce la suite de son discours par cette expression, « au reste », ce qui veut dire, et toujours, et continuellement nous vous demandons, et nous vous conjurons en Notre-Seigneur. Eh quoi ! il ne se croit pas assez d'autorité pour conjurer les fidèles, en son propre nom; et cependant qui avait autant d'autorité que lui? Il s'adjoint le Christ. C'est au nom de Dieu que nous vous conjurons, dit-il. Car c'est là le sens de cette expression : « En Notre-Seigneur».C'est ainsi qu'il disait aux Corinthiens: «C'est Dieu même qui vous exhorte par notre bouche» . (II Cor. V, 20.) « Qu'après avoir appris de nous ». Le, « Après avoir appris », ne suppose pas seulement l'instruction par les paroles, mais l'enseignement par les oeuvres. Ces mots: « Comment vous devez marcher», embrassent toute la conduite de la vie. «Pour plaire à Dieu, vous avanciez de plus en plus»; c'est-à-dire, vous montriez une vertu plus haute, vous ne vous renfermiez pas seulement dans la stricte observation des préceptes, mais vous les dépassiez, c'est là ce que veut dire, « vous avanciez de plus en plus ». Dans les passages qui précèdent, il admire la solidité de leur foi; ici l'apôtre veut régler leur vie. En effet, c est une marque de progrès que d'aller jusqu'à dépasser les préceptes et les commandements; car alors ce n'est plus seulement la nécessité doctrinale, c'est le libre mouvement de la volonté qui détermine toutes les actions. La terre ne rend pas seulement ce qu'on y a semé; il en est de même pour l'âme qui ne doit pas se borner à reproduire la semence qu'on y jette, mais la dépasser. Voyez-vous combien l'apôtre a raison de vouloir qu'on dépasse les préceptes?
Il y a, pour la vertu, deux moments: se détourner du mal, et faire le bien. Il ne suffit pas de s'écarter des vices, pour arriver à la vertu; le chemin qui détourne du péché n'est que le commencement de la route qui conduit au bien; il faut, pour parvenir, l'ardeur de la bonne volonté. La conduite, en ce qui concerne les vices à éviter, n'est, leur dit l'apôtre, que l'obéissance aux préceptes, et il a raison, car les mauvaises actions attirent les châtiments, mais on ne mérite pas d'être loué, parce que l'on n'en commet pas. Quant à la pratique de la vertu, comme ne se rien réserver de ses biens, toutes les oeuvres de ce genre ne sont plus seulement, dit-il, des actions déterminées par les préceptes; mais de ces oeuvres l'Ecriture dit : « Qui peut comprendre ceci, le comprenne ». (Matth. XIX, 12.) Il p a donc apparence que l'apôtre, après leur avoir donné, dans le temps, quelques préceptes avec beaucoup de circonspection et de tremblement, se propose, dans cette lettre, de rappeler à leur souvenir ce qui constitue la vraie piété. Voilà pourquoi. il ne fait pas ici une exposition des préceptes; il se contente de les leur rappeler. « Car vous savez » , dit-il, « quels préceptes nous vous avons donnés, de la part de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Car la volonté de Dieu, c'est votre sanctification ». Et, remarquez, il n'est pas de pensée, dans toutes ses lettres, qu'il insinue d'une manière aussi pressante que celle-ci-: ailleurs encore, il écrit : « Recherchez la paix avec tous , et la sanctification sans laquelle nul ne verra le Seigneur ». (Hébr. XII,14.) il n'est pas étonnant que toutes ses lettres à ses disciples expriment cette pensée, puisqu'à Timothée même il écrit : « Conservez-vous pur vous-même». (I Tim. V, 22.) Dans sa seconde épître aux Corinthiens, il disait : «Dans l'excès de la patience, dans les jeûnes, dans la pureté». ( II Cor. V., 5, 6.) Partout on trouvera cette pensée, et dans l'épître aux Romains, et dans toutes les autres.
C'est qu'en effet l'impureté est, pour tous, un mal pernicieux; le porc, couvert de fange, répand l'infection partout sur son chemin, on ne voit plus, on ne sent plus que le fumier; c'est l'image de la fornication ; il est difficile de se laver de cette souillure. Quand il arrive que des hommes, des hommes mariée se livrent à cette honte, quel excès dans le mal ! «Car la volonté de Dieu», dit-il, «c'est votre sanctification; c'est que vous vous absteniez de toute fornication». Il y a bien des espèces de dérèglements, bien des formes, des variétés de plaisirs, que le discours se refuse à exprimer. En disant, « de toute fornication», l'apôtre laisse le soin de comprendre, à ceux qui connaissent ces désordres.