5.
On y voit des arbres, et qui portent du fruit; mais ce fruit est un monument de la colère de Dieu; on y voit des cours d'eau, et le bois, et le fruit, ont une belle apparence; et qui n'est pas prévenu se réjouit; mais, prenez-les dans vos mains, ces fruits, vous les brisez; pas de fruit, rien que de la poussière, rien que de la cendre à l'intérieur; et tout est de même, dans toute celte terre ; vous croyez voir une pierre et vous ne voyez que de la cendre. Et que parlé-je de pierres, de bois et de terre, là où l'air même et les eaux manifestent la même calamité ? De même qu'un corps, dévoré par le feu, conserve sa forme, sa figure, que c'est le même aspect, mais que la force en est détruite; de même, pour cette terre, elle n'a plus, rien de la terre; tout n'y est plus que cendre. Des arbres et des fruits qui ne sont plus. en rien, ni des arbres, ni des fruits ; de l'air et de l'eau, qui n'ont plus rien ni de l'air ni de l'eau; car ces éléments mêmes ne sont plus que de la cendre. Cependant comment de l'air peut-il être dévoré par le feu? — Comment l'eau peut-elle brûler, et rester de l'eau? Le bois et les pierres peuvent brûler, mais pour l'air et pour l'eau, c'est absolument impossible. Impossible pour nous; mais pour Celui qui les a faits, c'est un prodige possible. Cet air n'est donc plus qu'une fournaise; l'eau n'est plus qu'une fournaise; rien ne porte de fruit, rien n'engendre rien ; partout les traces, les images de la colère antique, les preuves de la colère à venir.
Sont-ce là des menaces en paroles? n'est-ce là qu'un bruit de paroles? Il est bien entendu que, pour moi, j'ajoute foi aux anciens exemples; j'ajoute foi, aussi bien à ce que ne voient pas, qu'à ce que voient mes yeux. Mais je parle à l'incrédule, et ce que je dis doit suflire pour le forcer à croire. Que celui qui ne croit pas à l'enfer médite sur Sodome, réfléchisse sur Gomorrhe, sur le châtiment qui s'est effectué, qui dure encore. Témoignage du supplice éternel, pensées difficiles à supporter; mais croyez-vous donc qu'il soit facile de supporter vos paroles qui soutiennent qu'il n'y a pas d'enfer; qu'il n'y a, de la part de Dieu, qu'une simple menace?
Que faites-vous, quand vous frappez ainsi de découragement le coeur du peuple? Vous me forcez à vous tenir de pareils discours, vous qui ne croyez pas. Si vous aviez ajouté foi aux paroles du Christ, je ne serais pas forcé d'avoir recours à la réalité, pour provoquer votre foi. Mais puisque vous n'avez pas voulu accepter d'autres preuves , bon gré malgré, il faudra bien que vous soyez persuadés, car enfin qu'avez-vous à dire de Sodome? Et voulez-vous savoir la cause de ce qui est arrivé alors? c'était un péché funeste, exécrable, mais enfin, ce n'était qu'un péché, une passion insensée pour les jeunes enfants, et voilà ce qui a motivé cette punition. Mais aujourd'hui on les compte par milliers, les désordres pareils, les égarements plus funestes que ceux des anciens hommes. Eh bien, celui qui, pour un seul péché, répandit les flots d'une si terrible colère, sans égard pour les prières d'Abraham, sans égard pour Loth, habitant de ce pays, lequel, pour honorer les serviteurs de Dieu, exposait ses propres filles aux outrages, Dieu, en présence de tant de crimes qui sont les nôtres, nous ferait grâce? Préjugé ridicule, frivolité, erreur, illusion du démon !