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Œuvres Jean Chrysostome (344-407) In epistulam i ad Timotheum argumentum et homiliae 1-18 Commentaire sur la première épitre à Timothée
HOMÉLIE V.

2.

Et l'apôtre l'enseigne par un exemple. « Au nombre desquels », dit-il, « sont Hyménée et Alexandre (20) »; et il nous enseigne ainsi la prudence. Voyez-vous comment, dès ce temps là, il existait de faux docteurs, des gens inquiets, qui refusent la foi et veulent tout chercher par eux-mêmes? Celui qui fait naufrage est dépouillé de tout; de même à celui qui a perdu la foi, il ne reste rien , ni point d'appui, ni port de refuge, ni une vie dans laquelle il puisse tirer quelque avantage de cet état, car, si la tête est gâtée, à quoi peut servir le reste du corps? Si la foi sans les moeurs est inutile, combien plus les moeurs sans la foi. Car, si Dieu dédaigne à cause de nous ses propres couvres, combien plus devons-nous, à cause de lui, dédaigner les nôtres. Il en est ainsi, lorsqu'un homme a perdu la foi ; il ne peut tenir nulle part, mais il flotte de côté et d'autre jusqu'à ce qu'enfin il soit englouti.. — « Que j'ai. livrés. à Satan », dit l'apôtre , « afin qu'ils apprennent à ne point blasphémer ». Vous voyez que c'est un blasphème que de soumettre à ses raisonnements les choses divines. Sans doute, car qu'est-ce que le raisonnement humain a de commun avec elles? Et comment Satan leur apprend-il à ne point blasphémer? S'il l'apprend aux autres, il devrait bien davantage se l'apprendre à lui-même ;,et s'il ne l'a pu jusqu'à présent, comment le ferait-il pour les autres?

L'apôtre n'a point dit : Afin que Satan leur enseigne à ne point blasphémer; mais : « Afin qu'ils l'apprennent ». Ce n'est pas lui qui est l'auteur de cette couvre , elle s'opère par voie de conséquence; c'est ainsi qu'ailleurs l'apôtre dit du fornicateur : « Livrez-le à Satan » non afin que celui-ci sauve son âme, mais « afin que son âme soit sauvée ».(I Cor. v, 5.) Satan n'est pas le sujet du verbe. Comment cela se fait-il? De même que les bourreaux, forts misérables eux-mêmes , contiennent les autres dans le devoir, ainsi en est-il du mauvais esprit. — Et pourquoi ne les avez-vous pas punis vous-même, comme vous avez puni Barjésus, comme Céphas a puni Ananie, mais les avez-vous livrés à Satan ? Pour qu'ils soient instruits plutôt que punis. Paul a cependant de la puissance, comme le jour où il a dit : « Que voulez-vous? que je vienne vers vous avec la verge? » (I Cor. IV, 21 .) Et encore « Non pour que nous soyons approuvés, mais pour que vous fassiez le bien », et encore « Non pour perdre, mais pour édifier ». (II Cor. XIII, 7, 10.) Pourquoi donc appeler Satan au châtiment? Pour qu'avec la vigueur et la sévérité de la peine, l'humiliation fût plus grande; ou plutôt les apôtres instruisaient eux-mêmes les infidèles et livraient à Satan ceux qui s'étaient écartés de l'Evangile. Cependant saint Pierre punit lui-même Ananie ? C'est qu'il était encore infidèle, puisqu'il tentait le Saint-Esprit. Afin que les infidèles apprissent qu'ils ne peuvent rester ignorés, les apôtres les ont punis par eux-mêmes; mais ceux qui étant instruits se sont dévoyés, ils les ont livrés à Satan, pour leur montrer que ce n'était pas à leur propre vertu, mais à la garde des apôtres qu'ils devaient d'être préservés de Satan, et que ceux qui s'emportaient à un orgueil insensé lui étaient livrés. Il en est ainsi des rois qui frappent eux-mêmes leurs ennemis étrangers et livrent aux bourreaux ceux qui sont leurs sujets.

Paul montre que les choses se passaient ainsi par le soin des apôtres. D'ailleurs ce n'était pas une faible puissance que de pouvoir commander au démon; Paul montrait par là que celui-ci est asservi et cède malgré lui aux apôtres; signe très-propre à faire briller la grâce dont jouissaient les apôtres. Et comment les a-t-il livrés? Ecoutez-le. « Lorsque vous serez rassemblés », dit-il, « avec mon esprit et la force de Notre-Seigneur Jésus-Christ, livrez-le à Satan». (I Cor. V, 4, 5,) Il était chassé de l'assemblée des fidèles, séparé du troupeau, abandonné, dépouillé, livré au loup. Comme la nuée faisait reconnaître le camp des Hébreux, de même l'Esprit faisait reconnaître l'Eglise. Si donc quelqu'un en. était éloigné, il était consumé; et il en était éloigné par le jugement des apôtres. C'est ainsi que le Seigneur a livré Judas à Satan; car dès qu'il eut pris la bouchée de pain, Satan entra dans lui. (Jean, XIII, 26, 27.) Il faut conclure de cela, que ceux qu'ils voulaient convertir, ils ne les châtiaient pas eux-mêmes; mais ne le faisaient que pour ceux qui étaient incorrigibles; ou du moins qu'ils se rendaient plus redoutables, en les livrant à un autre pouvoir. Job aussi fut livré à Satan, mais ce n'était pas à cause de ses péchés, c'était pour accroître sa gloire.

3.

Bien des faits semblables se produisent même de nos jours. Car si les prêtres ne connaissent pas tous les pécheurs, tous ceux qui participent indignement aux saints mystères, Dieu les livre souvent lui-même à Satan. Lorsque les maladies, les trahisons, les douleurs et les calamités de toutes sortes nous arrivent, la cause en est là. C'est ce que dit Paul par ces paroles : « C'est pour cela que parmi vous plusieurs sont faibles et débiles, et que ceux qui l'ont mérité dorment ». (I Cor. XI, 30.) Et comment cela, dira-t-on, tandis que nous n'approchons qu'une fois chaque année de la sainte table? Et voilà ce qui est effrayant; c'est que ce n'est point la pureté de la conscience , mais l'intervalle écoulé qui détermine pour vous la convenance de cet acte; vous croyez que la prudence consiste à ne pas approcher souvent, ignorant que la communion indigne, ne fût-elle faite qu'une seule fois, vous a souillés, tandis qu'une communion dignement faite, même souvent répétée, vous sauverait. Ce n'est point témérité que d'approcher souvent; la, témérité c'est de le faire indignement, ne fût-ce qu'une fois dans la vie. Si nous sommes si insensés et si malheureux , c'est que , commettant mille péchés durant tout le cours de l'année, nous ne nous mettons point en peine de nous en laver, et nous croyons qu'il nous suffit de ne pas commettre de continuelles insolences, de ne pas fouler sans cesse aux pieds le corps du Christ, ne réfléchissant pas que ceux qui ont crucifié le Christ ne l'ont crucifié qu'une fois; mais un péché est-il moindre parce qu'il n'est commis qu'une fois ? Judas n'a trahi qu'une fois; eh bien ! Cela l'a-t-il sauvé?

Pourquoi donc arrêter sa pensée sur le temps où se fait une action? Que le temps de la communion soit pour vous le temps de purifier votre conscience. Le mystère accompli à Pâques n'est en rien supérieur à celui que nous accomplissons en ce temps; c'est un seul et même mystère, c'est toujours la pâque; vous le savez, initiés: la veille et le jour du sabbat, le dimanche et le jour de la fête des martyrs, c'est le même sacrifice qui est offert. « Chaque fois que vous mangez ce pain ou que vous buvez ce calice, vous annoncez la mort du Seigneur ». (Ib. 26.) L'apôtre ne limite point le temps du sacrifice. Pourquoi, dira-t-on, l'appeler la pâque ? Parce que c'est alors que le Christ a souffert pour nous.

Que personne donc n'approche en des conditions différentes dans un temps et un autre temps; c'est la même vertu du sacrifice, la même dignité, la même grâce, le même corps; cette hostie n'est pas plus sainte, cette autre inférieure en dignité. Vous le savez vous-mêmes, car vous ne voyez rien de nouveau, que ces tapisseries terrestres et cette foule parée. Ce que ces jours ont de plus que les autres, c'est qu'ils furent le principe du jour de notre salut, où le Christ a été immolé; mais quant aux mystères eux-mêmes, ils ne l'emportent point sur les autres. Comment donc, dites-moi, vous lavez-vous la bouche pour prendre une nourriture matérielle, et ne lavez-vous pas votre âme, mais demeurez-vous plein d'impureté pour approcher de la sainte table ? Les quarante jours de jeûne ne suffisent-ils pas, direz-vous encore, pour nous purifier des nombreuses immondices de nos péchés? Mais, dites-moi, à quoi servirait-il de nettoyer la place où l'on versera des parfums abondants, si, peu après les avoir répandus, on y jette du fumier? La bonne odeur ne disparaît-elle pas? C'est ce (295) qui nous arrive: nous nous sommes rendus selon notre pouvoir, dignes de l'Eucharistie au moment d'en approcher ; puis nous nous souillons de nouveau. Nous disons ceci de ceux qui peuvent se purifier réellement durant le Carême. Ne négligeons point notre salut, je vous en conjure. Car, dit l'Ecriture, l'homme qui s'éloigne de son péché et qui ensuite rentre dans les mêmes voies et fait les mêmes actions, « est comme le chien qui revient à son vomissement ». Que mon labeur ne soit pas inutile. Car c'est ainsi que nous pourrons être jugés dignes de ces récompenses que je souhaite que nous obtenions tous, en Jésus-Christ Notre-Seigneur, avec qui soient au Père et au Saint-Esprit, gloire, puissance, honneur, maintenant et toujours, et aux siècles des siècles. Ainsi soit-i1.

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Commentaire sur la première épitre à Timothée
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