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Œuvres Jean Chrysostome (344-407) In epistulam ad hebraeos argumentum et homiliae 1-34 Commentaire de Saint Jean Chrysostome sur l'épître de Saint Paul aux Hébreux
HOMÉLIE XXI.

1.

Quand un grand médecin vient de faire à son malade une incision profonde et d'ajouter à ses douleurs une plaie cuisante, il s'empresse de soulager le membre souffrant et de prodiguer à cette âme troublée les secours et les encouragements; bien loin de vouloir trancher de nouveau dans le vif, l'homme de l'art emploie sur la première plaie les médicaments les plus adoucissants, et tout ce qui peut enlever le sentiment de la douleur. Telle est aussi la méthode de Paul. Il lui a fallu secouer fortement ses chers disciples, et les toucher de componction par le souvenir de l'enfer dont il a parlé; il a dû leur déclarer que le prévaricateur qui aura violé la loi de grâce est certain de périr; et il a démontré cette perte assurée par les lois de Moïse; il a même confirmé son dire par d'autres témoignages, et déclaré qu'il est horrible de tomber dans les mains du Dieu vivant. Maintenant, il craint que leur âme,arrivant au désespoir par l'excès de la crainte, ne reste absorbée dans sa douleur; et il les console par les louanges, il les relève par l'exhortation, il leur présente une sainte rivalité avec eux-mêmes.

« Rappelez-vous », leur dit-il en effet, « ce premier temps où, après avoir été illuminés par le baptême, vous avez soutenu de grands combats de souffrances (32) ». Douce et puissante exhortation que celle qui est tirée de leurs propres oeuvres ! Aussi bien faut-il que celui qui débute dans une entreprise, fasse des progrès par la suite. C'est donc comme s'il disait : Au temps de votre initiation, quand vous n'étiez encore que disciples, vous avez montré une ardeur, une générosité d’âme que vous ne montrez plus au même degré. Cette exhortation, vous le voyez, s'appuie sur leurs propres exemples. Et il ne dit pas : Vous avez soutenu des combats, mais de grands combats. Il n'emploie pas seulement le mot tentations, ruais celui de combats qui porte avec lui son éloge et tout un ensemble de magnifiques louanges. Ensuite il repasse une à une leurs victoires, développant son thème, redoublant les éloges. Écoutez : « Ayant été d'une part exposés devant tout le monde aux opprobres et aux mauvais traitements (33) ». C'est chose grave, en effet, qu'un opprobre; c'est chose capable de percer le coeur et de bouleverser l'âme, et de répandre les ténèbres dans une raison humaine. Entendez à ce sujet le Prophète : « Mes larmes ont été mon pain jour et nuit, tant qu'on m'a dit chaque jour : « Où est votre Dieu ? « Et encore : » Si mon ennemi m'avait outragé, je l'aurais enduré ». (Ps. XLI, 4; LIV, 13.) Comme les humains ont surtout la maladie de la vaine gloire, l'opprobre est un piège qui les prend facilement. Et, non content de rappeler les opprobres, l'apôtre témoigne qu'ils ont eu un caractère public de gravité : « Ils ont « été donnés en spectacle ». Lorsque quelqu'un se voit poursuivi de malédictions, sa peine est vive, mais elle l'est beaucoup plus quand elles retentissent devant tout le monde. Pour eux qui avaient quitté les rites si imparfaits du judaïsme, pour passer à une religion parfaite, en sacrifiant les traditions de leurs ancêtres, quel chagrin c'était, dites-moi, que de subir les mauvais traitements de leurs compatriotes, sans pouvoir même se défendre ! Bien que vous ayez tant souffert, ajoute-t-il, on ne peut dire que vous ayez fait entendre des plaintes, puisqu'au contraire vous en avez témoigné toute votre joie.

C'est dans le même sens qu'il leur dit. « Et d'autre part, ayant été compagnons de ceux qui ont souffert de pareilles indignités, vous avez compati à ceux qui étaient dans les chaînes (34) », mettant en scène ici les apôtres. Non-seulement, dit-il, vous n'avez point rougi d'être maltraités par ceux de votre nation, mais vous avez été les compagnons d'autres martyrs encore, qui ont enduré les mêmes souffrances que vous. Vous reconnaissez ici dans saint Paul la voix qui console et qui encourage. Il n'a pas dit. Vous subissez avec moi les afflictions, vous partagez mes combats; mais: « Vous avez compati à ceux qui étaient dans les chaînes ». Voyez-vous comme il parle de lui-même sans doute, mais, aussi d'autres captifs ? Vous n'avez point considéré ces chaînes comme des chaînes, leur dit-il, et sans vous effrayer, vous êtes demeurés fermes comme de (540) courageux athlètes; et loin d'avoir besoin d'être consolés dans vos tribulations, vous avez su consoler les autres.

« Et vous avez accueilli avec joie le pillage de vos biens ». Dieu ! quelle foi chez eux, pleine, certaine, convaincue ! Saint Paul fait bien voir la cause de leur fermeté, non-seulement pour les exhorter à de nouveaux combats, mais pour les engager à ne pas déchoir de cette foi sublime. Vous avez vu, dit-il, le pillage de vos biens, et vous l'avez supporté ; car vos regards se portaient alors vers les biens invisibles que vous envisagiez déjà comme visibles; preuve d'une foi éminente, que vous avez, d'ailleurs, manifestée par vos oeuvres. — Mais ce pillage était peut-être, de la part de vos ennemis, un acte de pure violence que vous n'auriez pu empêcher? Il n'est donc pas évident que vous ayez subi votre ruine pour le motif de la foi ? — Au contraire, c'était si évidemment pour la foi, que vous pouviez, en abjurant votre religion, conjurer ce pillage. Aussi avez-vous fait bien plus encore que. de consentir à le subir; vous l'avez supporté avec joie, ce qui est une vertu toute apostolique et digne de ces grandes âmes dont la joie éclatait jusque sous les fouets. Car il est dit « qu'ils revinrent joyeux de l'assemblée des juifs, parce qu'ils avaient été trouvés dignes d'être accablés d'outrages pour le nom de Jésus ». (Act. V, 41.) Au reste, cette joie dans la souffrance révèle dans un martyr l'espoir d'une récompense, et la conviction que loin d'y perdre, il y gagne certainement. Et ce mot : « Vous avez accueilli », montre une souffrance volontiers acceptée. Et pourquoi l'avez-vous choisie et accueillie ? C'est parce que « vous saviez que vous aviez d'autres biens plus excellents et permanents». — «Permanents », c'est-à-dire fermes et durables, et non pas périssables comme ceux de la terre. Après les avoir ainsi loués, il dit :

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Traductions de cette œuvre
Commentaire de Saint Jean Chrysostome sur l'épître de Saint Paul aux Hébreux
Homilien über den Brief an die Hebräer (BKV) Comparer
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Einleitung: Homilien über den Brief an die Hebräer

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