2.
« Et si vous êtes en dehors du châtiment disciplinaire,dont tous les autres ont eu leur part,vous n'êtes donc pas du nombre des enfants, mais des bâtards (8) .». Voyez-vous comme l'apôtre confirme ce que j'ai dit précédemment: qu'il n'est point possible d'être enfant sans être châtié? Le cas présent suit cette loi générale de la famille, où nous voyons, en effet, qu'un père n'a point souci des bâtards, lors même ;qu'ils n'apprennent rien et qu'ils n'acquièrent aucune illustration, tandis que, pour ses fils légitimes, il craint de les voir se livrer à la paresse et au marasme. Si donc cette privation d'éducation vigoureuse est une note d'illégitimité, il faut se réjouir de subir la discipline, puisqu'on l'applique seulement aux enfants de légitime naissance. Dieu à votre égard se montre comme à ses véritables fils. C'est pour appuyer ce raisonnement que saint Paul ajoute : « Que si nous avons eu du respect pour les pères de notre corps, lorsqu'ils nous ont châtiés, combien plus devons-nous être soumis à celui qui est le Père des esprits, afin de jouir de la vie (9)?» Nouvel et consolant appel aux souffrances que les Hébreux ont subies personnellement. il avait dit plus haut : «Souvenez-vous de vos anciens jours »; il redit ici dans le même sens : Dieu agit envers nous comme envers des fils. Il n'y a pas à répondre : nous ne pouvons suffire à la peine ! Il nous traite comme ses fils, et comme ses fils bien-aimés. Et puisque ceux-ci vénèrent toujours leurs pères selon la chair, comment n'auraient-ils pas la même vénération pour le Père céleste? — Et cette circonstance de dignité ne fait pas la seule différence; il n'y a pas seulement non plus, une différence de personnes; vous en trouvez aussi dans la cause et dans la nature même de la discipline. Non, Dieu ne vous redresse pas pour le même motif que l'ont fait vos pères. Car, ajoute l'apôtre :
« Nos pères nous châtiaient comme il leur plat« sait et pour quelques jours (10) » ; c'est-à-dire que souvent ils se donnaient à eux-mêmes cette satisfaction, sans envisager toujours notre véritable intérêt. Mais, ici, on ne peut faire ce reproche. Dieu n'agit point, en frappant, pour son avantage personnel, mais pour vous, et uniquement pour votre bien. Vos parents out voulu, avant tout, vous forcer à leur être utiles; souvent même ils ont sévi sans motif. Mais, ici, rien de semblable. Voyez-vous encore comme l'apôtre les console? En effet, notre amitié se donne bien plus volontiers aux personnes qui nous commandent ou nous conseillent sans aucune idée d'intérêt égoïste, et surtout avec un zèle tout dévoué à notre bonheur. Nous reconnaissons l'affection sincère, la seule réelle affection à nous voir ainsi aimés, lorsque, nous sommes hors d'état d'être utiles à la personne qui nous aime, qui nous chérit non pour recevoir, mais. pour donner. Dieu nous forme, Dieu fait tout, Dieu veut tout au monde, pour nous (578) rendre capables de recevoir ses biens infinis. « Nos pères nous ont châtiés pour cette vie éphémère seulement et pour leur bon plaisir : mais Dieu nous châtie autant qu'il est utile, pour nous rendre capables de participer à sa sainteté». Qu'est-ce que cette sainteté? C'est la pureté de coeur; qui selon nos forces nous rendra dignes de Lui. Lui-même désire vous la faire accepter, et fait tout pour vous la donner : et vous n'auriez, vous, aucun zèle pour la recevoir? «J'ai dit au Seigneur», chantait le Prophète, « vous êtes mon Dieu, parce que vous n'avez aucun besoin de mes biens ». (Ps. XV, 2.)
Puis, dit l'apôtre, nous avons eu dans nos pères selon la chair des maîtres sages et fermes, et nous les avons respectés : combien plus devons-nous, pour trouver la vie, obéir au Père des esprits, c'est-à-dire au Père des grâces, de la prière, des puissances immatérielles! Si nous mourons sous cet empire de l'obéissance, alors nous vivrons. Et saint Paul remarque avec raison que nos parents ne nous ont formés que pour une vie éphémère et selon leur bon plaisir. Ici, le bon plaisir et l'utile ne se rencontrent pas toujours : tandis que l'utile est nécessairement dans la pensée de Dieu.