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Un grand sujet d'orgueil pour les juifs, c'était leur temple et leur tabernacle. « Le temple du Seigneur», répétaient-ils, «le temple du Seigneur ». (Jérém. VII, 5.) Et, en effet, jamais au monde ne fut construit temple pareil, au point de vue de la dépense et de la beauté; sous tout rapport, enfin. Dieu qui l'avait fait bâtir, avait voulu qu'on le construisit avec beaucoup de magnificence, parce que son peuple se laissait éprendre et attirer par les splendeurs matérielles. Les parois intérieures étaient donc revêtues de lames d'or, et si vous voulez savoir d'autres détails, consultez le second livre des Rois ou le prophète Ezéchiel , vous verrez quelle énorme quantité d'or y fut dépensée. Le second temple fut encore plus magnifique en beauté et sous bien d'autres rapports. Il n'était pas seulement splendide et vénérable ; il était encore inique, et ses splendeurs attiraient à lui le monde entier. On s'y rendait des confins de la terre habitée, de Babylone comme de l'Éthiopie. Saint Luc .fait allusion à ce concours dans les Actes : « Il y avait», dit-il, « à Jérusalem des Parthes, des Mèdes, des Elamites, de ceux qui habitent la Mésopotamie, la Judée et la Cappadoce, le Pont et l'Asie, la Phrygie et la Pamphylie, l'Égypte et la contrée de Lybie qui est autour de Cyrène ». — (Act. II, 5.) Ainsi de toute la terre, on s'y était rendu; et le nom du temple était connu au loin. Que va faire saint Paul? Il va raisonner ici, comme il a fait à propos des sacrifices. Comme en face de ces immolations antiques il a placé la mort de Jésus-Christ, ainsi va-t-il au temple ancien opposer le ciel tout entier. Et non content de cette différence matérielle, il ajoutera que le prêtre de la nouvelle alliance s'est bien plus approché de Dieu. « Jésus-Christ», dit-il, « n'est pas entré dans un sanctuaire fait de main d'homme, mais dans le ciel même, afin de se présenter maintenant pour nous devant la face de Dieu ».
Il déclare que Notre-Seigneur s'est présenté devant la face de Dieu; il grandit ainsi la sacerdoce nouveau, non-seulement à raison du ciel où il est, mais aussi pour cette entrée sublime du pontife, qui lui fait contempler non par symbole seulement, mais en face DIEU lui-même. Comprenez-vous maintenant que tout ce qu'il a dit d'humble au sujet de Jésus , il l'a dit par condescendance pour nous? Serez-vous encore étonnés que le divin Sauveur intercède, puisque l'apôtre vous montre en lui le Pontife? « Non cependant qu'il s'offre souvent lui-même, comme ce grand prêtre qui entre dans le Saint des Saints tous les ans, en se couvrant du sang d'une victime étrangère (25) » ; car Jésus n'est pas entré dans un sanctuaire fait de main d'homme, qui n'était que la figure du véritable. Ainsi celui d'à présent est véritable; l'autre n'était que figuratif. Le temple était construit sur le modèle du ciel des cieux.
Mais que dit l'apôtre? Quoi? S'il n'était pas entré au ciel, il n'aurait pas eu la claire vision de Celui qui est partout et emplit tout? Vous voyez que c'est de Jésus-Christ comme homme que parle l’apôtre. Il dit que « pour nous » il s'est présenté devant la face de Dieu. Qu'est-ce à dire, pour nous? Il est monté, nous dit-il, avec un sacrifice capable d'apaiser le Père. — Mais pourquoi , dites-moi ? Était-il ennemi lui-même? — Les anges l'étaient, mais non pas lui; car pour ce qui regarde les anges, écoutez l'oracle de saint Paul : « Jésus a pacifié tout ce qui était sur la terre et tout ce qui était au ciel ». (Colos. I , 20.) Il a donc raison de dire que Jésus est entré dans le ciel, afin de se présenter pour nous devant la face de Dieu. Il s'y présente, en effet, mais pour nous.
« Et il n'y est pas ainsi entré pour s'offrir lui-même souvent, comme le grand prêtre entre tous les ans dans le sanctuaire, en se couvrant d'un sang étranger ». Vous voyez comme les différences sont nombreuses. Une fois, lui; l'autre, souvent; l'un entre avec son propre sang, l'autre avec un sang étranger. Grandes différences. — Jésus est donc à la fois sacrifice, prêtre et victime. (526) S'il n'était pas tout cela, s'il devait offrir plusieurs sacrifices, il faudrait qu'il fût plusieurs fois crucifié : «Autrement » , dit-il, « il aurait fallu qu'il eût souffert plus d'une fois depuis la création du monde (26) ».
Mais voici une parole profonde et mystérieuse : « Au lieu », dit-il, « qu'il n'a souffert qu'une fois vers la fin des siècles ». Pourquoi : « Vers la fin « des siècles?» Après de nombreux péchés commis dans le monde. Si tout s'était passé dès le commencement, personne ne l'aurait cru; et son incarnation avec tous ses dévouements devenaient inutiles; Jésus-Christ, en effet, n'aurait pu convenablement mourir deux fois. Mais après un long règne du péché, il convenait qu'il se montrât. C'est, au reste, ce qu'il dit ailleurs : «Où le péché a abondé, la grâce a surabondé ». (Rom. V, 20. ) « Et maintenant une seule fois vers la fin des siècles, il a souffert pour abolir le péché en s'offrant lui-même pour victime ».