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Qui peut contester la sagesse des proverbes? Aristote1 les considère comme des débris de la philosophie des temps anciens, perdue dans les révolutions qu’a traversées l’humanité : leur piquante concision les a sauvés du naufrage. Aux proverbes et aux idées qu’ils expriment s’attache donc la même autorité qu’à l’antique philosophie d’où ils nous sont venus, et dont ils gardent la noble empreinte; car dans ces âges reculés on saisissait la vérité bien mieux qu’aujourd’hui. Ecoutez donc ce proverbe, et voyez quel en est le sens:
Porteurs de cheveux longs sont tous …
Complétez le vers vous-même, car pour moi je n’ose l’achever,2 tant le mot et la chose qu’il veut dire me répugnent... Vous l’avez complété? Eh bien ! que vous en semble? A la bonne heure, voilà la vérité qui se révèle; l’oracle a parlé. Elle est assez claire par elle-même cette vérité; mais si elle avait besoin de confirmation, combien de bouches redisent encore aujourd’hui ce vers, et combien l’ont redit dans le passé! Ce qui assure aux proverbes leur perpétuité, c’est que l’occasion de les appliquer s’offre souvent, et ils se représentent ainsi à la mémoire. Nos observations journalières viennent à l’appui du proverbe, et le proverbe justifie nos observations.