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Histoire Lausiaque (Vies d'ascètes et de pères du désert)
XXXIV - CELLE QUI JOUAIT LA DEMENCE
[1] En ce monastère fut une autre vierge qui jouait la folie et le démon. Et on la détesta au point de ne pas même manger avec elle, elle ayant préféré cela. Errant donc à travers la cuisine, elle faisait toute sorte de service et elle était certes, comme on dit, l'éponge du monastère, accomplissant en fait ce qui est écrit : « Si quelqu'un juge à propos d'être sage parmi nous en cette vie, qu'il devienne insensé pour devenir sage » (I Cor. 3, 8). Elle, après s'être attaché des haillons sur la tête — car toutes les autres sont tondues et ont des cuculles, — elle était ainsi en faisant le service. [2] Aucune des quatre cents ne la vit en train de manger pendant les années de sa vie. Elle ne s'assit pas à table, elle ne reçut pas un fragment de pain, mais épongeant les miettes des tables et relavant les marmites, elle s'en contentait. Elle n'outragea jamais personne, elle ne murmura point, elle ne parla ni peu ni beaucoup, bien qu'elle fût frappée à coups de poing, outragée, chargée d'imprécations et exécrée.
[3] Cela étant, un ange se présenta au saint Pitéroum, anachorète établi en Porphyrite, homme qui avait fait ses preuves, et il lui dit : « Pourquoi as-tu une grande opinion de toi-même. En tant que religieux et établi dans ce lieu? Veux-tu voir une femme plus religieuse que toi? Va dans le monastère des femmes tabennésiotes, et là, tu en trouveras une ayant un bandeau sur la tête : elle est meilleure que toi. [4] Car tout en combattant contre une foule qui est si grande, elle n'a jamais éloigne de Dieu son cœur. Tandis que toi, établi ici, tu t'égares par la pensée à travers les villes. » Et celui qui n'était jamais sorti s'en alla jusqu'à ce monastère, et il demande aux maîtres de pénétrer dans le monastère des femmes. Eux furent pleins de confiance pour l'introduire, en tant que célèbre et avancé dans la vieillesse. [5] Et étant entré il réclama de les voir toutes. Celle-là ne paraissait pas présente. Enfin il leur dit : « Amenez-les moi toutes, car il en manque encore une autre. » Elles lui disent : « Nous avons à l'intérieur, dans la cuisine, une salé (= idiote) » : car on appelle ainsi les psychopathes. Il leur dit : « Amenez-moi aussi celle-là : laissez que je la voie. » On s'en alla lui parler. Elle n'obéit pas, peut-être pressentant la chose, ou même en ayant eu la révélation. On la traîne de force et on lui dit : « Le saint Pitéroum veut te voir. » Car il était en renom. [6] Elle étant donc venue, il considéra les haillons qui étaient sur son front, et étant tombé à ses pieds, il lui dit : « Bénis-moi. » Pareillement, elle aussi tomba à ses pieds en disant : « Toi. maître, bénis-moi. » Toutes furent hors d'elles et elles lui disent à lui : « Abbé, ne sois pas affecté de l'outrage : c'est une salé (idiote). » Pitéroum leur dit à toutes : « C'est vous qui êtes des salé (idiotes). En effet elle est notre amma (mère) à moi et à vous »; car on appelle ainsi celles qui mènent la vie spirituelle. « Et je demande dans mes prières d'être trouvé digne d'elle au jour du jugement. » [7] Ayant entendu cela, elles tombèrent à ses pieds à lui, toutes confessant des choses différentes, l'une comme ayant versé sur elle la lavure de l'écuelle, une autre comme l'ayant broyée de coups de poing, une autre comme lui ayant sinapisé le nez. Et en un mot toutes énoncèrent des outrages différents. Après avoir donc prié pour elles, il s'en alla. Quant à celle-là, peu de jours après, n'ayant pas enduré l'estime et l'honneur de ses sœurs, et accablée par les excuses, elle sortit du monastère; et où elle s'en alla, ou bien où elle s'est plongée, ou bien comment elle a fini ses jours, personne ne l'a su.
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Leben der Väter (BKV)
34. Von der Nonne, die sich wahnsinnig stellte.
In jenem Kloster war auch eine Jungfrau, die sich den Anschein gab, als ob sie verrückt und besessen sei. Darum hegte man allgemein solchen Abscheu vor dieser, daß keine mit ihr essen wollte; sie aber hatte das freiwillig auf sich genommen. Sie weilte beständig in der Küche, tat jede Arbeit, war sozusagen das Wischtuch1 des Klosters und erfüllte so, was geschrieben steht: "Dünkt sich jemand weise zu sein unter euch, der soll ein Tor werden, auf daß er weise werde!"2 Mit einem Lumpen hielt sie den Kopf umhüllt, während die anderen geschoren waren und Kapuzen trugen. So war sie angetan und versah den Dienst einer Magd. Keine von den vierhundert sah sie jemals essen während der vielen Jahre; sie setzte sich niemals zu Tische, S. 386 genoß kein Stücklein Brot und war mit dem zufrieden, was sie beim Spülen der Geschirre fand. Sie kränkte niemand, murrte nicht, sagte weder viel noch wenig, obgleich sie beschimpft, geschlagen, verwünscht und verächtlich behandelt wurde.
Es lebte zu jener Zeit am Porphyrgebirge der heilige Piterum, treubewährt in tugendhaftem Wandel. Zu diesem trat ein Engel und sagte: "Was bist du stolz auf deine Frömmigkeit und dein weltfernes Leben? Willst du ein Weib sehen, das frömmer ist als du, so geh' nach dem Frauenkloster der Mönche von Tabennä! Dort wirst du eine finden, die einen Lumpen3 um den Kopf gebunden hat; diese ist besser als du; denn obgleich sie von allen Seiten Unbill erfährt, hat sie niemals ihr Herz von Gott gewendet; du dagegen sitzest hier, deine Gedanken aber schweifen in den Städten umher." Obgleich er niemals die Zelle verlassen hatte, begab er sich zum genannten Kloster und bat die Lehrer, ihm den Eintritt zu gestatten. Ob seines ausgezeichneten Rufes und hohen Alters trugen sie kein Bedenken ihn einzuführen. Er ging also hinein und wünschte alle zu sehen. Doch jene war nicht dabei. Er sagte zuletzt: "Stellet mir alle vor; es fehlt noch eine." Sie sagten: "Eine haben wir noch in der Küche draußen; aber die ist närrisch." Er sagte: "Führt sie herein; ich möchte sie sehen." Sie gingen hinaus und sagten es ihr; doch sie weigerte sich; sie ahnte wohl, daß ihr Geheimnis verraten werde. Die anderen aber zogen sie mit Gewalt und sagten: "Der heilige Piterum wünscht dich zu sehen." Sein Name war nämlich überall bekannt. Als er sie nun mit dem Lumpen am Kopf eintreten sah, fiel er ihr zu Füßen und sagte: "Segne mich!" Ebenso fiel ihm jene zu Füßen und sagte: "Segne du mich, Herr!" Da wunderten sich alle S. 387 und sprachen zu ihm: "Vater, laß dich doch nicht zum besten halten! Sie ist ja närrisch!" Da sagte Piterum zu allen: "Ihr seid närrisch; denn sie ist meine und eure Mutter" - so nennen sie jene, die ein Leben des Geistes führen - "und ich wünsche nur ihrer würdig befunden zu werden am Tage des Gerichtes." Als sie das hörten, fielen sie jener zu Füßen und jede gestand ein anderes Vergehen: die eine, sie habe sie mit Spülwasser begossen; die andere, sie habe sie geschlagen, so daß sie blaue Flecken bekam; wieder eine andere, sie habe ihr die Nase mit Senf bestrichen; kurz, jede hatte auf andere Weise tollen Übermut getrieben an ihr. Da betete Piterum für alle und ging. Weil aber jene nicht Ruhm und Ehre bei den Schwestern genießen wollte und die vielen Abbitten lästig fand, entwich sie nach wenigen Tagen aus dem Kloster. Wohin sie ging, wo sie sich verbarg und wo sie gestorben ist, hat niemand erfahren.
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(xxx) = Schwamm, der zum Aufwischen und Reinigen dient, wie sogleich im weiteren Text erwähnt ist. Es ist möglich, daß das Wort jemand bedeutet, der die Zielscheibe fremden Mutwillens ist, doch dürfte der Zusammenhang: "… sie tat jede Arbeit" obige Wiedergabe rechtfertigen. ↩
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1Kor 3,18. ↩
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(xxx). Weil das entsprechende Wort "pannus" bei Valerius Maximus (um 40 n. Chr.) in der Bedeutung "Diadem" vorkommt, wurde die Ansicht ausgesprochen, es handele sich um eine orientalische Märchenprinzessin, ein "Aschenbrödel", in dem der "Prinz" seine Braut erkenne. "Zur Göttin selbst, also zur Isis oder Sophia, die ja ganz besonders die "Mutter" ist, wird sie im Heidnischen durch die Wahl des Gottes." Für das Wort "Mutter" folgt aber die Erklärung sofort im Text. (Vgl. S. 1). ↩