XLVl – MÉLANIE L’ANCIENNE
[1] La trois fois heureuse Mélanie fut Espagnole d'origine, puis Romaine. Elle fut la fille de Marcellinus, l'ex-consul, et la femme d'un homme dans les dignités, dont je ne me souviens pas bien. Devenue veuve à l'âge de vingt-deux ans, elle fut favorisée de l'amour divin, et n'ayant rien dit à personne, car elle en était empêchée dans les temps de Valens qui avait le pouvoir dans l'empire, après avoir fait nommer un tuteur à son fils, pris tous ses meubles et les avoir jetés sur un navire, elle fit voile rapidement vers Alexandrie avec des enfants et des femmes illustres. [2] Et de là, après avoir vendu ses biens matériels et les avoir monnayés en or, elle pénétra dans la montagne de Nitrie, se rencontrant avec les pères, les Pambon. Arsisius, Sérapion le Grand, Paphnuce de Scété, Isidore le Confesseur, évêque d'Hermopolis et Dioscore. Et elle séjourna près d eux jusqu'à la moitié d'une année, circulant à travers la solitude et visitant tous les saints. [3] Mais après cela, l'Augustal d'Alexandrie bannit Isidore, Pisimius, Adelphius, Paphnuce et Pambon, avec eux aussi Ammonius Parotes et douze évoques et prêtres, en Palestine aux environs de Diocésarée. Elle les suivit en les assistant de ses propres biens. Or des serviteurs étant interdits, à ce qu'on racontait, car je me suis trouvé avec le saint Pisimius, Isidore, Paphnuce et Ammonius, elle, ayant pris la blouse d'un jeune esclave, leur portait les soirs ce qui leur était nécessaire. Or le consulaire de Palestine l'ayant su et ayant voulu remplir sa poche, espéra l'enfumer. [4] Et l'ayant arrêtée, il la jeta en prison, ignorant sa condition libre. Mais elle lui déclare : « Moi, je suis née fille d'un tel et femme d'un tel, mais je suis une servante du Christ. Et ne va pas conspuer la vileté de mon extérieur, car je peux me rehausser moi-même, si je veux, et tu n'as pas à propos de cela à m'enfumer ni à prendre quelque chose de ce qui est à moi. Ainsi donc, c'est afin que tu ne tombes point par ignorance dans des griefs, que je t'ai fait cette déclaration. Il faut, en effet, contre les gens qui ne comprennent pas, user de l'arrogance comme d'un épervier. » Alors le juge, en connaissance de cause, s'exécuta, lui rendit honneur et ordonna que, sans être empêchée, elle se rencontrât avec les saints.
[5] Après leur rappel, avant fondé à Jérusalem un monastère, elle y passa vingt-sept ans, ayant là un couvent de vierges. Avec elle vécut le très noble Rufin d'Italie, de la ville d'Aquilée. ayant le même caractère et plein de fermeté, plus tard jugé digne de la prêtrise. Il ne se trouvait pas parmi les hommes un plus instruit et plus modeste que lui. [6] Tous deux accueillant durant ces vingt-sept ans, ceux qui, dans un but de prière, étaient de passage à Jérusalem, évêques, moines, vierges, ils édifièrent, aux frais de leur maison, tous ceux qui étaient de passage, et ils ramenèrent à l'unité le schisme selon Paulin, d'environ quatre cents hommes vivant en solitaires, puis ayant convaincu tout hérétique pneumatomaqué, ils l’introduisirent dans l'église ; honorant les clercs de l'endroit de dons et d'aliments, ils allèrent ainsi jusqu'au bout, sans avoir scandalisé personne.