LX - UNE VIERGE ET COLLUTHUS LE MARTYR
[1] Une autre était voisine de moi, mais je n'ai pas vu son visage, car elle ne sortit jamais, à ce qu'on dit, depuis qu'elle eut renoncé au monde. Or ayant passé intégralement soixante ans dans l'ascétisme avec sa propre mère, elle était plus tard sur le point de changer de vie. Et le martyr de l'endroit, du nom de Colluthus, s'étant présenté devant elle, lui dit : « Aujourd'hui tu dois faire route vers le Maître et voir tous les saints. Eh bien, étant venue, déjeune avec moi dans mon sanctuaire. » S'étant donc levée de grand matin, s'étant habillée et ayant pris dans sa corbeille à elle du pain, des olives et des légumes à tige effilée, elle sortit après tant d'années, et, étant entrée au sanctuaire, elle pria. [2] Et ayant observé le moment de toute la journée où personne n'était à l'intérieur, s'étant assise, elle s'adresse au martyr en disant : « Bénis mes aliments, saint Colluthus, et accompagne-moi dans ma route avec tes prières. » Alors ayant mangé et de nouveau ayant prié, elle revint, vers le coucher du soleil, dans sa maison. Et ayant donné à sa mère un écrit de Clément, l'auteur des Stromates, sur le prophète Amos, elle dit : « Donne-le à l'évêque exilé, et dis-lui : Prie pour moi, car je fais route. » Et elle mourut dans cette nuit sans fièvre ni mal de tête, mais s'étant arrangée elle-même pour la sépulture.