LXX – LECTEUR CALOMNIÉ
[1] Une fille d'un prêtre de Césarée en Palestine, vierge déchue, fut instruite par celui qui l'avait corrompue à calomnier un lecteur de la ville. Et étant devenue enceinte, questionnée par son père, elle accusa le lecteur. Or le prêtre, plein de confiance, en référa à l'évêque. Et l'évêque convoqua le clergé et lit appeler le lecteur. La cause fut examinée : interrogé par l'évêque, le lecteur n'avouait pas; comment en effet était-il même possible de parler de ce qui n'était pas arrivé? [2] L'évêque s'indignant lui disait gravement : « N'avoues-tu pas, misérable, malheureux, rempli d'impureté? » Le lecteur répondit : « Moi, j'ai dit ce qui est, à savoir que je n'ai pas d'affaire ; car je ne suis pas coupable même de l'idée sur elle. Mais si tu consens à entendre ce qui n'est pas, je l'ai fait. » Quand il eut dit cela, il déposa le lecteur. Alors s'étant approché il supplie l'évêque et lui dit : « N'est-ce pas. puisque j'ai failli, ordonne qu'elle me soit donnée pour femme, car désormais ni je ne suis clerc, ni elle vierge. » [3] En conséquence il la délivra et la donna au lecteur, ayant pensé que le jeune homme resterait assidu près d'elle, et que, d'ailleurs, l'intimité avec elle ne pouvait lui être retranchée. Le jeune homme l'ayant donc reçue et de l'évêque et du père, la place dans un monastère de femmes et prie la diaconesse locale de la communauté de la supporter jusqu'à son accouchement. Or en peu de temps furent accomplis les jours pour accoucher. Vint l'heure critique, gémissements, douleurs de l'enfantement, souffrances du travail, visions de dessous terre. Et le fœtus ne s'engageait pas. [4] Passa le premier jour, le second, le troisième, le septième : la femme, sous la douleur, conversant avec l'enfer, ne mangea pas, ne but pas, ne dormit pas, mais elle poussait des cris en disant : « Malheur à moi, misérable, je suis en danger pour avoir calomnié ce lecteur. » Elles partent le dire au père. Le père craignant d'être condamné comme calomniateur, reste coi deux autres jours. La fille ni ne mourait ni n'enfantait. Cela étant, comme les religieuses ne supportaient pas ses cris, elles coururent annoncer à l'évêque ceci : « La une telle avoue, en criant depuis des jours, qu'elle a calomnié le lecteur. » Alors il envoie vers lui des diacres et lui notifie : « Prie, pour que celle qui t'a calomnié vienne à enfanter. » [5] Mais lui ne leur donna pas de réponse ni n'ouvrit sa porte : depuis le jour où il y entra, il priait Dieu. Le père s'en va de nouveau vers l'évêque : une prière se fait dans l'église, et, même avec cela, elle n'enfanta pas. Alors l'évêque s'étant levé s'en alla vers le lecteur, et ayant frappé la porte, pénétra vers lui et il lui dit : « Eustathius, lève-toi, dénoue ce que tu as lié. » Et sur-le-champ le lecteur ayant plié le genou, la femme enfanta.
Or la requête de celui-ci et la constance de la prière ont eu le pouvoir de démontrer la calomnie et d'instruire aussi la calomniatrice. C'est pour que nous apprenions à persévérer dans les prières et à connaître leur puissance.