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The Ecclesiastical History of Theodoret (CCEL)
Chapter IV. The Letter of Arius to Eusebius, Bishop of Nicomedia.
“To his very dear lord, the man of God, the faithful and orthodox Eusebius, Arius, unjustly persecuted by Alexander the Pope 1, on account of that all-conquering truth of which you also are a champion, sendeth greeting in the Lord.
“Ammonius, my father, being about to depart for Nicomedia, I considered myself bound to salute you by him, and withal to inform that natural affection which you bear towards the brethren for the sake of God and His Christ, that the bishop greatly wastes and persecutes us, and leaves no stone unturned 2 against us. He has driven us out of the city as atheists, because we do not concur in what he publicly preaches, namely, God always, the Son always; as the Father so the Son; the Son co-exists unbegotten with God; He is everlasting; neither by thought nor by any interval does God precede the Son; always God, always Son; he is begotten of the unbegotten; the Son is of God Himself. Eusebius, your brother bishop of Cæsarea, Theodotus, Paulinus, Athanasius, Gregorius, Aetius, and all the bishops of the East, have been condemned because they say that God had an existence prior to that of His Son; except Philogonius, Hellanicus, and Macarius, who are unlearned men, and who have embraced heretical opinions. Some of them say that the Son is an eructation, others that He is a production, others that He is also unbegotten. These are impieties to which we cannot listen, even though the heretics threaten us with a thousand deaths. But we say and believe, and have taught, and do teach, that the Son is not unbegotten, nor in any way part of the unbegotten; and that He does not derive His subsistence from any matter; but that by His own will and counsel He has subsisted before time, and before ages, as perfect God, only begotten and unchangeable, and that before He was begotten, or created, or purposed, or established, He was not. For He was not unbegotten. We are persecuted, because we say that the Son has a beginning, but that God is without beginning. This is the cause of our persecution, and likewise, because we say that He is of the non-existent 3. And this we say, because He is neither part of God, nor of any essential being 4. For this are we persecuted; the rest you know. I bid thee farewell in the Lord, remembering our afflictions, my fellow-Lucianist 5, and true Eusebius 6.”
Of those whose names are mentioned in this letter, Eusebius was bishop of Cæsarea 7, Theo P. 42 dotus of Laodicea, Paulinus of Tyre, Athanasius of Anazarbus, Gregorius of Berytus, and Aetius of Lydda. Lydda is now called Diospolis. Arius prided himself on having these men of one mind with himself. He names as his adversaries, Philogonius, bishop of Antioch, Hellanicus, of Tripolis, and Macarius, of Jerusalem. He spread calumnies against them because they said that the Son is eternal, existing before all ages, of equal honour and of the same substance with the Father.
When Eusebius received the epistle, he too vomited forth his own impiety, and wrote to Paulinus, chief [^8] of the Tyrians, in the following words.
[^8] : ἡγούμενος
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On the name “Pope,” vide Dict. Christ. Ant., s.v. 1st, it was applied to the teachers of converts, 2ndly, to Bishops and Abbots, and was, 3rdly, confined to the Patriarchs of Alexandria, Antioch, Jerusalem, Constantinople, and to the Bp. of Rome; 4thly, it was claimed by the Bp. of Rome exclusively. ↩
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πάντα κάλων κινεῖ. Cf. Luc. Scyth. ii. The common proverb was πάντα ἐξιέναι κάλων , to let out every reef. Ar. Eq. 756 Eur. Med. 278, &c. ↩
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ἐξ οὐκ ὄντων ἔστιν ↩
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ἐξ ὑποκειμένου τινός. Aristotle, Metaph. vi. 3, 1, defines τὸ ὑποκείμενον as that καθ᾽ οὗ τὰ ἄλλα λέγεται .… μάλιοτα δὲ δοκεῖ εἶναι οὐσία τὸ ὑποκείμενον πρῶτον ↩
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Arius and Eusebius had been fellow disciples of Lucianus the Priest of Antioch martyred under Maximinus in a.d. 311 or 312. Vide note on page 38. ↩
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Arius plays on the name Eusebius, εὐσεβής , pious. ↩
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From the phrase “ ὁ ἀδελφός σου ὁ ἐν Καισαρεί& 139· ,” it has been inferred by some that the two Eusebii were actually brothers. Eusebius of Nicomedia, in the letter of Chapter V., calls the Palestinian δεσπότης ; but this alone would not be fatal to the brotherhood, for Seneca ( Ep. Mor. 104), calls his brother Gallio dominus. The phrase of Arius is not worth much against the silence of every one else. Vid. Dict. Christ. Biog. Article, Eusebius. Theodotus, bishop of Laodicea, Syria, (not the Phrygian Laodicea of the Apocalypse), was a Physician of the body was well as of the soul ( Euseb. H.E. vii. 32). Paulinus, bishop first of Tyre, and then of Antioch for six months, died in a.d. 329. ( Philost. H.E. iii. 15, cf. Bishop Lightfoot in Dict. Christian Biog. Article, Eusebius of Cæsarea). Athanasius, bishop of Anazarbus, an important town of Cilicia Campestris, is accused of dangerous Arianism by his great namesake. ( Athan. de Synod, 584.) Gregorius succeeded Eusebius of Nicomedia at Berytus (Beyrout), on the translation of the latter to Nicomedia. Aetius, Bishop of Lydda, (the Lydda of the Acts, on the plain of Sharon, now Ludd, the city of El-Khudr, who is identified with St. George), died soon after the Arian Synod of Antioch, a.d. 330 ( Philost. H.E. iii. 12), and is to be distinguished from the arch-Arian Aetius, Julian’s friend, who survived till a.d. 367 ( Phil. H.E. ix. 6). Philogonius was raised to the episcopate per saltum, like St. Ambrose ( Chrysost. Orat. 71, tom. v. p. 507), he preceded the Arian Paulinus. Hellanicus was present at Nicæa, but was driven from the See of Tripolis, in Phœnicia, by the Arians ( Athan. Hist. Ar. ad Mon. §5). Macarius is praised by Athanasius ( Orat. I. adv. Arian. p. 291). On a possible “passage of arms” between him and Eusebius of Cæsarea at Nicæa, vide Stanley, Eastern Church, Lect. V. Cf. post,* cap. xvii. ↩
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Histoire de l'Église
CHAPITRE IV.
Lettre d'Alexandre Evêque d'Alexandrie, à Alexandre Evêque de Constantinople.
Alexandre à Alexandre son frère, avec qui il est lié par le nœud de la charité, et sur l'uniformité de la. doctrine : Salut en Notre-Seigneur.
« LA passion que les méchants ont de devenir riches, et de commander, les porte à rechercher le gouvernement des grandes Eglises, et d'attaquer la Religion sous divers prétextes. Etant agités par le démon qui les possède, ils renoncent à la piété, et mettent sous les pieds la crainte des jugements de Dieu. Le mal qu'ils me font, m'oblige à vous en donner avis, afin que vous les évitiez, et que vous ne permettiez pas que ni eux, ni ceux de leur secte s'approchent de vos Diocèses. Ce sont des imposteurs qui usent d'adresse pour tromper, et qui composent des lettres artificieuses, et remplies de mensonges, par lequel les simples peuvent être aisément surpris. Arius et Achiillas ont depuis peu conjuré ensemble, et ayant imité l'ambition de Collutus, ils sont devenus plus méchants que lui. Ce Collutus les condamne, et pour lui il avait quelque prétexte, dont il couvrait l'impiété de son entreprise. Quand ils ont vu le gain qu'il avait fait à vendre des Ordinations, ils n'ont pu demeurer soumis à l'Eglise, mais ont bâti des cavernes de voleurs, où ils se retirent, et où ils inventent jour et nuit des calomnies contre le 101 Sauveur et contre nous. Ils condamnent toute la doctrine des Apôtres, et ayant conspiré à la façon des Juifs contre le Sauveur, ils nient sa Divinité, et publient qu'il n'a rien au dessus du reste des hommes. Ils amassent avec soin tous les passages, où il est parlé du mystère de son Incarnation, et de la bonté qu'il a eue de s'abaisser pour notre salut, et s'en servent pour appuyer leur impiété, et éludent tous ceux où il est parlé de sa Divinité et de la gloire qu'il possède dans le sein de son père. Ils confirment les opinions désavantageuses que les Grecs et les Juifs ont conçues de Jésus-Christ, en supposant comme vrai dans notre Religion tout ce qui est le sujet le plus ordinaire de la raillerie de ces peuples. Ils excitent chaque jour des séditions et des persécutions contre nous, et nous traduisent devant les tribunaux par le moyen de certaines femmes déréglées qu'ils ont séduites. Ils déshonorent la Religion Chrétienne par la liberté qu'ils donnent à de jeunes femmes de courir par les rues. Ils ont la hardiesse de déchirer la robe du Sauveur, que ses bourreaux n'avaient pas voulu partager entre eux. Dès que nous avons connu le dérèglement de leur vie, et l'impiété de leur doctrine, bien que nous ne les ayons connus que trop tard, à cause du soin qu'ils ont pris de les cacher, nous les avons chassés tout d'une voix de l'Eglise, qui adore la Divinité du Fils de Dieu. Ils ont couru de côté et d'autre, pour faire des cabales contre nous, et ils se sont retirés vers nos Collègues qui sont dans le même sentiment que nous, sous prétexte de leur demander leur communion et la paix, mais à dessein en effet de les attirer par de belles paroles à l'erreur. Ils leur demandent aussi de longues lettres pour les lire à ceux qu'ils ont trompés, et pour empêcher qu'ils ne se détrompent, en leur faisant accroi- 102 re qu'il y a des Évêques dons leur sentiment Ils se gardent bien de reconnaître devant eux qu'ils ont enseigné parmi nous une mauvaise doctrine, et fait de mauvaises actions, pour lesquelles ils ont été retranchés de notre communion. Mais ou ils les passent absolument sous silence, ou ils les déguisent par des discours artificieux, et par des attestations supposées. Ils cachent le poison de leur doctrine corrompue sous une fausse douceur qu'ils font paraître dans la conversation, surprennent par ce moyen ceux qui ne se défient point de leur fourberie, et n'omettent aucune occasion de parler à notre désavantage. De là vient que plusieurs se sont laissé tromper, signent leurs lettres, et les admettent à leur communion. Ceux de nos Collègues qui se sont portés à une action si téméraire ont donné lieu, à mon sens, à une accusation très importante qu'on peut intenter contre eux, parce qu'ils ont en effet violé le Canon des Apôtres et favorisé les actions que le démon fait en eux contre Jésus Christ.
Voila pourquoi, mes chers frères, au lieu d'user d'aucune remise, je me suis hâté de vous déclarer l'infidélité de ces personnes qui disent qu'il y a eu un temps auquel le Fils de Dieu n'était point, et que n'ayant point été auparavant, il a commencé, et que quand il a été fait, il a été fait de la même sorte que chaque homme naît. Dieu, disent-ils, a fait toutes choses de rien, et comprennent le Fils de Dieu, dans le nombre tant des créatures qui ont de la raison, que de celles qui n'en ont point. Pour parler conséquemment, ils disent qu'il est sujet 'au changement, et capable du bien et du mal. En supposant ainsi que Jésus Christ a été tiré du néant, ils ruinent les témoignages que l'Ecriture sainte rend de l'Eternité, de l'Immutabilité et de la Divinité du Verbe, qui est Jésus Christ même. 103 Nous pouvons, disent ces insolents, être Fils de Dieu aussi bien que lui. Car il est écrit, j'ai engendré des enfants, et je les ai élevés. Quand on leur oppose les paroles qui suivent ; mais ils m'ont méprisé, ce qui ne peut convenir au Sauveur, puisque de sa nature il est immuable, ils renoncent à toute sorte de respect, et répondent impudemment, que Dieu ayant prévu que son fils ne le mépriserait point, l'a choisi entre tous les autres, qu'il ne l'a point choisi pour aucune excellence qu'il eût naturellement au dessus des autres fils de Dieu, car Dieu, ajoutent-ils, n'a naturellement aucun fils, ni pour aucune autre raison particulière qu'il eût avec lui, mais parce que bien qu'il fût sujet au changement, il ne s'était point porté au mal. Que si Pierre et Paul avaient pris le même soin, et avaient fait le même effort, leur Filiation n'aurait rien au dessus de la sienne. Ils abusent des paroles de l'Ecriture sainte, pour confirmer l'extravagance de cette doctrine, et citent ce verset d'un Psaume, Vous aimerez, la justice et haïrez l'iniquité, c'est pourquoi le Seigneur votre Dieu vous sacrera d'une huile de joie, en une manière plus excellente que tous ceux qui participeront à votre gloire.
Saint Jean l'Evangéliste enseigne clairement que le Fils de Dieu n'a point été tire du néant, et qu'il n'y a jamais eu de temps, auquel il n'ait point été, quand il dit : le Fils unique de Dieu qui est dans le sein de son Père. Car ce divin Docteur ayant dessein de faire voir que le Père et le Fils sont inséparables, a dit que le Fils est dans le sein du Père. Il déclare ailleurs très ouvertement que le Verbe n'est point renfermé dans le nombre des créatures, quand il assure que toutes choses ont été faites par lui, et il exprime précisément sa subsistance particulière par ces paroles. Au commencement était le Ver- 104 be était avec Dieu, et le Verbe était Dieu. Toutes choses ont été faites par lui, et rien de ce qui a été fait, n'a. été fait sans lui. Car si toutes choses ont été faites par lui, comment celui qui a donné l'être aux choses, ne l'a-t-il pas eu lui-même eu un certain temps ? Car il est clair que le Verbe qui fait les choses, n'est pas de même nature que les choses qu'il fait. Il faut nécessairement que cela soit, puisqu'il était au commencement, que toutes choses ont été faites par lui, et qu'il les a faites de rien. Car ce qui est avant toutes choses, paraît fort différent et fort éloigné de ce qui est fait de rien. Cela fait voir encore qu'il n'y a point de distance entre le Père et le Fils, et que l'esprit ne saurait seulement concevoir qu'il y en ait. Or ce que le monde à été fait de rien, découvre que son origine n'est pas fort ancienne, et que tout ce qu'il renferme, a reçu son être du Père par le Fils. Saint Jean considérant la grandeur de la Nature du Verbe, et de combien elle est élevée au dessus de toutes les créatures, n'a osé se servir du terme, ni de génération pour l'exprimer, ni donner le même nom à l'Auteur et à l'Ouvrage. Ce n''est pas que le Verbe n'ait point été engendré. Car il n'y a que le Père qui ne l'ait point été. Mais c'est que la manière, dont il est produit, ne peut être exprimée par aucun langage, ni comprise par les Evangélistes, ni peut-être même par les Anges. C'est pourquoi je ne crois pas qu'on doive mettre au nombre des personnes de piété, ceux qui, au lieu de suivre cet avis : Ne cherchez point ce qui est trop difficile pour vous, et n'examinez point ce qui est au dessus de vous, sont si téméraires que d'entreprendre de pénétrer un sujet si caché. Car si plusieurs autres connaissances moins sublimes que celles-là sont au dessus de l'esprit de l'homme, comme ce que 105 saint Paul dit : que l'œil n'a point vu, ni l'oreille entendu, ni le cœur conçu ce que Dieu a préparé à ceux qui l'aiment, ou comme ce que Dieu dit à Abraham : qu'on ne saurait compter le nombre des étoiles, et comme ce qui est dit ailleurs : qu'on ne saurait compter les grains de sable du rivage, ni les gouttes d'eau de la mer. Comment quelqu'un, à moins que d'avoir perdu le sens, aura-t-il la présomption de vouloir comprendre la nature du Verbe de Dieu ? L'Esprit saint dit de lui, par la bouche d'un Prophète, Qui racontera sa naissance ? Le Sauveur voulant favoriser ses Disciples, qui sont comme les Colonnes, qui soutiennent le monde spirituel de l'Eglise, les a délivrés du soin de rechercher cette connaissance, quand il leur a dit que c'était un mystère impénétrable à leur esprit, et réservé au Père seul. Il n'y a que le Père leur a-t-il dit, qui connaisse le Fils, et que le Fils qui connaisse le Père. C'est peut-être sur le même Sujet que le Père a dit: Mon secret est pour moi et pour les miens.
II est clair que c'est une extravagance de s'imaginer que le Fils de Dieu ait été tiré du néant, et ait eu une existence temporelle, bien que ceux qui se l'imaginent, ne soient pas capables de reconnaître cette extravagance. Car ces paroles, qu'ils disent : il n'était point, se doivent entendre ou d'un temps déterminé, ou d'un espace compris dans l'étendue des siècles. Or s'il est vrai que toutes choses aient été faites par lui, il est clair que tous les siècles, tous les temps, et tous les espaces dans lesquels ce qu'on entend par ces termes, il n'était point, doit être compris, ont été faits par lui. N'est-il pas ridicule de dire, que celui qui a fait le temps et les siècles, dans lesquels l'espace où l'on prétend qu'il n'était point, est nécessairement compris, n'a pas toujours été ? Car on ne saurait dire sans une ignorance qu'on 106 aurait peine à comprendre, que l'Auteur de quelque chose que ce soit, ne soit pas avant la production de cette chose. L'espace de temps, auquel ils disent que le Fils n'avait point été produit par le Père, est plus ancien que la Sagesse de Dieu, qui a crée toutes choses. Ainsi ils démentent l'Ecriture sainte qui déclare, qu'il est le premier-né de toutes les créatures, et ce que saint Paul crie conformément au langage de cette Ecriture : Dieu l'a établi héritier de toutes choses, et a fait le monde par lui. Tout a été créé par lui dans le ciel et dans la terre. Les choses visibles et les invisibles, soit les trônes, soit les dominations, soit les principautés. Tout a été créé par lui et pour lui., et il est avant toutes choses.
Puisque c'est une impiété manifeste de dire que le Fils de Dieu a été fait de ce qui n'était point auparavant ; il faut nécessairement avouer que le Père est toujours Père. Le Père est Père, parce qu'il a un Fils sans lequel il ne serait point Père, Mais ayant toujours un Fils, il est un Père parfait, sans qu'il lui manque rien. Il n'a point engendré son Fils unique dans le temps ni avec quelque distance, ni de ce qui n'était point auparavant. Comment ne serait-ce pas une impiété de dire que la Sagesse de Dieu n'a pas toujours été puisqu'elle parle d'elle-mê me en ces termes : J'étais avec lui, et je réglais toutes choses. J'étais chaque jour dans les délices, me jouant sans cesse devant lui ; Comment ne serait-ce pas une impiété de dire que la puissance de Dieu,, n'a pas toujours été, que le Verbe a été séparé de lui, ou d'avancer quelque chose qui ruine les notions, qui servent à découvrir le Fils, et à désigner lnt color="#008080">la substance de Dieu, on efface en quelque sorte la substance même qui est si fidèlement exprimée dans sa figure. Ce que je viens de dire fait voir très-clairement} que la Filiation de notre Sauveur n'a rien de commun avec la Filiation du reste des hommes. Car comme sa Substance, que nul langage ne peut exprimer, surpasse incomparablement l'excellence de toutes les choses, auxquelles elle a donné l'être, ainsi que nous venons de le voir, sa Filiation qui est une Filiation divine, surpasse aussi incomparablement la Filiation de tous les enfants qu'il a bien voulu adopter. Il est d'une nature immuable, très-parfaite, et qui n'a besoin de rien, au lieu que ses enfants adoptifs sont sujets au changement, et ont besoin de son secours. Quel progrès pourvoit faire la Sagesse de Dieu ? Que pourrait apprendre la Venté ? Quel surcroît de vigueur ou de clarté pourrait recevoir la Vie et la lumière éternelle ? Mais n'est-il pas encore plus impossible et plus contraire à la nature, que la Sagesse, soit susceptible de folie, que la puissance de Dieu soit sujette à la faiblesse, que la raison soit obscurcie par de faux raisonnements, et que les ténèbres se mêlent avec la lumière, puisque l'Apôtre dit qu'il n'y a rien de commun entre la lumière et les ténèbres, ni aucun rapport entre Jésus Christ et Belial ; et que Salomon témoigne qu'il est impossible de reconnaître sur la pierre la trace du serpent qui est Jésus Christ selon saint Paul ? Les Hommes et les Anges qui ne sont que ses Ouvrages, ont reçu la bénédiction pour craître en vertu, en s'exerçant à la pratique des commandements, et pour éviter le péché; et c'est pour cela que notre Maître étant Fils naturel de Dieu, est adoré par tous les autres, qui ayant été délivrés de l'esprit de la servitude, reçoivent l'esprit de l'adoption, comme une ré- 108 compense du progrès qu'ils ont fait en la vertu, et deviennent enfants de Dieu.
Saint Paul déclare sa Filiation véritable, propre et naturelle, quand il dit : Il n'a pas épargné son propre Fils, mais il sa livré à la mort pour nous, qui n'étions pas ses fils naturels. Car il l'a appelé propre fils pour le distinguer de ceux qui ne le sont pas. Nous lisons encore dans l'Evangile : Voila, mon fils bien-aimé, dans lequel j'ai mis toute mon affection ; Et dans les Psaumes : Le Sauveur dit, le Seigneur m'a dit, vous êtes mon Fils. En disant qu'il est le Fils légitime et naturel, il déclare qu'il n'y en a point d'autres que lui qui le soient. Mais que signifient ces paroles, je vous ai engendré dans mon sein avant le jour, ne signifient-t-elles pas qu'il a été engendré naturellement par le Père, et qu'il est Fils, non par la pureté de ses mœurs ni par le progrès qu'il a fait dans la vertu, mais par l'avantage de sa nature ? De là vient que le Fils unique du Père ne peut perdre sa qualité de Fils, au lieu que les adoptifs qui ne la tiennent, que de la sainteté de leur vie, et de la grâce de Dieu, la peuvent perdre. L'Ecriture sainte le témoigne quand elle dit : Les enfants de Dieu ayant vu les filles des hommes, les prirent pour femmes. Dieu a dit dans un autre endroit par la bouche du Prophète Isaïe : J'ai engendré des enfants et les ai élevés, et ils m'ont méprisé.
Je pourrais, mes très chers frères, dire beaucoup d'autres chose, que je passe sous silence, de peur de me rendre importun en entreprenant d'enseigner des hommes aussi savants que vous, et qui sont dans mon sentiment. Vous avez puisé la science dans Dieu, qui en est la source, et vous n'ignorez pas que cette doctrine qui s'est élevée depuis peu de temps dans l'Eglise contre la piété, est la doctrine d'Ebion et d'Artemas, et une imitation de celle de Paul de Samosate Evêque d'Antioche, 109 qui a été retranché de l'Eglise par le jugement de tous les Evêques. Lucien lui ayant succédé, demeura durant plusieurs années séparé de la communion de trois Evêques. Ceux qui disent que le Fils de Dieu a été fait du néant, ont bu la lie de leur impiété; ce font Arius et Achillas, leurs rejetons, qui le sont élevés parmi nous. Trois Evêques qui ont été ordonnés en Syrie, par je ne sais quel moyen, les autorisent dans le mal qu'ils font, par l'approbation qu'ils leur donnent. La cause de ces Evêques vous est référée. Ils apprennent les passages de l'Ecriture, où il est parlé de la passion du Sauveur, de son humilité, de sa bassesse et des misères, dont il s'est chargé pour notre salut, et s'en servent pour prouver qu'il n'est point d'une nature divine et éternelle. Mais ils ne retiennent point du tout, ceux où il est parlé de sa gloire, et de sa demeure dans le sein du Père, comme celui-ci : Mon Père et moi sommes une même chose. Ce n'est pas que le Sauveur veuille dire qu'il soit le Père, ni faire croire que les deux personnes ne soient qu'une. Mais c'est qu'il a dessein de donner à connaître que le Fils est une image fidèle du Père, et qui le représente très-parfaitement. Et c'est ce qu'il dit à Philippe: Car ce Disciple lui ayant demandé à voir son Père, il lui répondit : Celui qui me voit, voit mon Père, c'est-à-dite qu'il le voit dans le Fils, comme dans un miroir pur et vivant de la nature Divine.
Les Saints disent quelque chose de semblable dans les Psaumes, quand ils disent : Nous verrons la lumière dans la lumière. C'est pourquoi quiconque honore le Fils, honore le Père, et quiconque honore le Père, honore le Fils. Toute parole impie qu'on avance contre le Fils, retombe sur le Père.
Après cela personne ne s'étonnera des calomnies qu'ils ont inventées contre moi, et 110 contre le peuple. Ils nous attaquent par des injures, après avoir attaqué la Divinité du Fils de Dieu par leur impiété. Ils tiennent à injure qu'on les compare aux Anciens, ou qu'on les égale à ceux qui ont été nos Maîtres dans notre jeunesse. Ils ne croient pas qu'il y ait aucun de nos Collègues, qui ait acquis seulement une capacité médiocre. Ils se vantent d'être seuls Sages, seuls dégagés de la possession, et de l'affection des biens du monde, seuls inventeurs de la véritable doctrine, dont les autres, qui sont sur la terre, n'ont jamais eu la moindre connaissance. Renversement étrange d'esprit, folie excessive, vanité sacrilège, orgueil diabolique ! Ils n'ont point de honte de s'opposer à la clarté des anciens livres, et au consentement général avec lequel tous nos Collègues s'empressent de témoigner leur piété envers le Sauveur. Les démons mêmes détestent leur impiété. Aussi s'abstiennent-ils d'avancer aucun blasphème contre l'honneur du Fils de Dieu.
Voila ce que j'avais à dire, selon le peu que j'ai de capacité, contre ceux qui s'étant engagés trop avant dans une matière qu'ils ne sauraient pénétrer, tâchent de décréditer la piété que nous avons envers le Sauveur. Ces imposteurs ridicules disent que nous autres, qui condamnons l'impiété et le blasphème contraire à l'Ecriture sainte, par lequel ils soutenaient que le Fils de Dieu a été fait de ce qui n'était point auparavant, reconnaissons deux êtres qui ne sont point engendrés. Car ces ignorants prétendent qu'il faut nécessairement avancer l'une de ces deux choses, ou que le Fils de Dieu a été fait de ce qui n'était point auparavant, ou qu'il y a deux êtres qui n'ont point été faits, ils ne sauraient comprendre qu'il y a une vaste distance entre le Père, qui n'a point été engendré, et les créatures qu'il 111 produites de rien, tant celles qui ont de la raison, que celles qui n'en ont point, et que le Verbe est comme dans le milieu, parce que le Père l'ayant engendré, a tiré par lui les créatures du néant. C'est ce que le Fils-même témoigne par ces paroles : Quiconque aime le Père, aime aussi le Fils qui est sorti de lui. Nous croyons, comme croit l'Eglise Apostolique, un seul Père qui n'a point été engendré, qui n'a aucun Auteur de son être, qui est immuable, et qui demeure toujours dans le même état, sans faire de progrès, ni souffrir de diminution, qui a donné la Loi, les Prophètes, et l'Evangile, qui est le Maître des Patriarches, des Apôtres, et de tous les Saints. Et un Seigneur Jésus Christ Fils unique de Dieu, qui n'a point été fait de rien, mais qui a été engendré de son Père, non à la façon des corps par incision, par division, par écoulement comme il a semblé à Sabellius et à Valentin, mais d'une manière inexplicable, selon ces paroles du Prophète, que nous avons déjà rapportées, Qui raconttra.sa génération? II n'y a point d'esprit créé qui le puisse comprendre, non plus qu'il n'y en a point qui puisse comprendre le Père. Mais les personnes qui sont conduites par l'Esprit de la vérité, n'ont pas besoin d'apprendre de moi des choses, puisque les paroles que le Sauveur a prononcées, il y a longtemps, frappent encore aujourd'hui à nos oreilles, personne ne connaît le Père que le Fils, et personne ne connaît le Fils que le Père. Nous avons appris que le Fils n'est sujet à aucun changement non plus que le Père, qu'il n'a besoin de rien non plus que lui, qu'il est parfait comme son Père, et qu'il n'est diffèrent de lui qu'en ce qu'il a été engendré, au lieu que le Père ne l'a point été. C'est une image très-fidèle du Père, et qui ne lui est en rien dissembla- 112 ble. Il est clair que cette image contient tout ce qu'elle représente, comme le Seigneur l'a déclaré, quand il a dit : Mon Père est plus grand que moi. Nous croyons suivant cela que le Fils procède toujours du Père, parce qu'il est la splendeur de sa gloire, et la figure de sa substance. Que personne ne s'imagine pouvoir conclure de ce que nous disons que le Fils procède toujours du Père, qu'il n'a point été engendré, comme croient ceux qui ont l'esprit aveuglé. Car dire que le Verbe était, dire qu'il a toujours été, dire qu'il a été avant tous les siècles, ce n'est point dire qu'il n'a point été engendré. L'esprit de l'homme ne saurait inventer aucun Nom, qui signifie ce que c'est que de n'avoir point été engendré, comme l'opinion que j'ai de la pureté de votre foi, me persuade que vous tenez tous. En effet tous ces autres Noms semblent ne signifier rien autre chose que la production du temps. Mais ils ne peuvent exprimer dignement la Divinité du Fils de Dieu, ni son Antiquité, s'il est permis de parler ainsi. Il est vrai que les Saints Pères s'en sont servis, quand ils ont taché d'expliquer ce mystère le moins imparfaitement qu'il leur était possible; et ils s'en sont excusés en même temps, en reconnaissant franchement qu'ils ne pouvaient aller plus avant. Que si quelqu'un, sous prétexte que les connaissances imparfaites sont abolies, et prétend qu'une bouche mortelle peut prononcer des paroles, qui soient au dessus de la portée de l'esprit humain, il est clair que celles-ci, il était ou toujours, ou avant les siècles, ne sont pas de cette nature ; et qu'elles ne signifient pas la même chose que non engendré. Il faut donc conserver au Père qui n'a point été engendré, sa dignité, en avouant qu'il n'a aucun principe de son être, et rendre au Fils l'honneur qui lui est 123 dû, en confessant qu'il est engendré par son Père de toute éternité, et en lui déférant le culte qui lui appartient ; Servons-nous de ces termes, en parlant de lui, il était, toujours, et avant les siècles. Ne nions point sa Divinité. Attribuons-lui une ressemblance parfaite avec son Père, comme à une image très-fidèle. Publions qu'il n'y a que le Père, qui n'ait point été produit, puisque le Sauveur a dit : Mon Père est pus grand que moi.
Outre cette doctrine pieuse touchant le Père et le Fils, nous confessons un seul Saint Esprit, comme l'Ecriture sainte l'enseigne, lequel a renouvelé les Saints de l'Ancien Testament, et les Docteurs du Nouveau : Nous confessons une seule Eglise Catholique et Apostolique, qui ne peut être abattue, quoi qu'elle soit attaquée par tout le monde, et qui dissipe toutes les entreprises impies des hérétiques, suivant cette promesse si magnifique de son Epoux, aie confiance, j'ai vaincu le monde. Outre cela nous savons la résurrection des morts, dont Jésus Christ nôtre Maître a été les prémices. Il a eu un corps véritable, et non un corps fantastique. Il l'a tiré de Marie Mère de Dieu, et il s'est incarné sur la fin des siècles, pour la destruction du péché. Il a été crucifié, et est mort, sans que sa Divinité ait rien souffert. Il est ressuscité et monté au ciel, et est assis à la droite de la Majesté du Père.
Je n'ai touché que légèrement toutes ces choses si importantes, et n'ai pas voulu les traiter plus amplement, parce que sachant que vous en êtes très-bien instruits, j'avais peur de vous ennuyer. Voila la doctrine que nous enseignons, et que nous prêchons. La dogme de l'Eglise Apostolique, pour laquelle nous sommes prêts de mourir, sans appréhender la violence de ceux, qui nous y veulent faire renoncer. Nous 114 mettons notre confiance dans cette doctrine, de quelques tourments, dont on use pour ébranler notre fermeté. Arius, Achillas, et les autres ennemis de la vérité, qui rejettent cette foi, ont été chassés de l'Eglise, selon ce que dit Saint Paul : Si quelqu'un vous annonce un Evangile différent de celui que vous avez reçu, qu'il soit anathème, quand il ferait semblant d'être un Ange du Ciel. Que si quelqu'un vous enseigne autre chose, et qu'il n'écoute pas la parole de Jésus Christ notre Sauveur, et qu'il ne tienne pas la doctrine qui est conforme à la piété, il est enflé d'orgueil, et ne fait rien.
Que personne d'entre vous ne les reçoive, puisqu'ils ont été condamnés par tous nos frères, et que personne n'écoute ce qu'ils disent, ni ne lise ce qu'ils écrivent. Ce sont des imposteurs qui mentent toujours, et qui ne diront jamais la vérité. Ils courent de Ville en Ville, à dessein seulement de donner des Lettres, sous prétexte d'amitié et de paix, et d'en recevoir, afin de les montrer à des femmes, qu'ils ont trompées, et qui sont chargées de péchés, et telles que l'Apôtre les a décrites.
Evitez donc, mes très chers frères, ces personnes qui ont commis un si horrible attentat contre le Sauveur, qui se sont moqués publiquement de la Religion, qui ont trainé les Fidèles devant les Tribunaux des Juges, qui ont tâché de nous susciter une persécution au milieu de la plus profonde paix, qui ont affaibli le mystère ineffable de la génération du Sauveur. Joignez-vous à nous pour réprimer leur insolence, aussi bien que d'autres de nos Collègues s'y sont joints, qui étant remplis d'une juste indignation contre eux, nous ont écrit, et ont signé notre profession de foi. Je vous ai envoyé ces Lettres, et ces signatures par Apion Diacre, mon Fils. II y en a d'Egypte, 115 de la Thébaïde, de la Libye, de Pentapole, de la Syrie, de la Lycie, de la Pamphylie, de l'Asie, de la Cappadoce, et des autres Provinces voisines, dont je crois que vous suivrez l'exemple, pour m'envoyer aussi les vôtres. Ayant recherché toute sorte de remèdes pour guérir ceux qui sont blessés dans leur foi, je n'en ai point trouvé de plus efficace, pour attirer à la pénitence le peuple que les imposteurs ont séduit, que de lui faire voir le consentement unanime des Evêques qui condamnent l'erreur. Saluez-vous les uns les autres. Je souhaite, mes très-chers frères, que vous vous portiez bien dans le Seigneur, et que je puisse recevoir le fruit de vos prières. »
Voici les noms des hérétiques, qui ont été condamnés. Entre les Prêtres ; Arius. Entre les Diacres ; Achillas, Euzoïus, Acïtale, Lucius, Sarmate, Jules, Menas, un autre Arius, et Hellade. Il écrivit la même chose à Philogone Evêque d'Antioche, et à Eustate qui gouvernait alors l'Eglise de Bérée, et à tous les autres qui avaient entrepris la défense de la doctrine des Apôtres. Arius bien loin de demeurer de son côté en repos, écrivit à ceux qu'il crut être dans ses sentiments. II déclare lui-même dans sa Lettre à Eusèbe Evêque de Nicomédie, qu'Alexandre Evêque d'Alexandrie n'avait rien écrit de lui, qui ne fût conforme à la vérité. J'insérerai ici sa Lettre pour apprendre les noms des complices de son impiété à ceux qui ne les connaissent point.