V.
Du reste la théologie mystique, comme on sait, n'emploie pas seulement ce langage saintement figuratif, quand Il s'agit des ordres célestes, mais aussi quand elle parle des attributs divins. Ainsi , tantôt voilée sous les plus nobles substances , la divinité est le soleil de justice 1, l'étoile du matin dont le lever se fait au fond des coeurs pieux 2, ou la lumière spirituelle qui nous enveloppe de ses rayons : tantôt revêtant de plus grossiers symboles , c'est un feu qui brûle sans consumer 3, une eau qui donne la vie à satiété, et qui , pour parler en Figure, descend en nos poitrines, et coule à flots intarissables 4 : tantôt enfin, déguisée sous des objets infimes, c'est un parfum de bonne odeur 5, c'est une pierre angulaire 6. Même les Ecritures la présentent sous des formes animal 7, la comparant au lion, a la panthère, au léopard et à l'ours en fureur. Mais il y a quelque chose qui pourrai sembler plus injurieux et moins exact encore; c'est que le Seigneur s' est nommé lui-même un ver de terre 8 comme l'enseignent nos maîtres dans la foi. De la sorte tous ceux qui, pleins d'une divine sagesse, parlent le langage de l'inspiration sacrée, conservent aux choses saintes leur pureté originelle, au moyen de ces imparfaites et vulgaires indications; et ils usent tellement de cet heureux symbolisme que d'un côté, ni les profanes ne pénètrent le mystère, ni les hommes d'attention pieuse ne s'attachent rigoureusement à ces paroles purement figuratives, et que d'autre part, les réalités célestes brillent à travers des formules négatives qui respectent la vérité, et des comparaisons dont lajustesse se cache sous l'apparence d'un objet ignoble. Il n'est donc pas mal, pour les raisons qu'on a dites, de donner aux natures spirituelles des formes qui ne leur ressemblent que de si loin. Effectivement si la difficulté de comprendre nous a poussés à la recherche, et si une scrupuleuse investigation nous a portés jusqu'à la hauteur des choses divines peut-être le devons-nous aux méprisables apparences imposées aux saints anges; car ainsi notre esprit ne pouvant se faire à ces repoussantes images, était sollicité de se dépouiller de toute conception matérielle et s'accoutumait avec bonheur à s'élever du symbole jusqu'à la pureté du type. Ceci soit dit pour justifier les Écritures d'avoir déguisé les natures célestes sous l'emblème obscur des êtres corporels.
Maintenant il faut définir ce que nous entendons par la hiérarchie et quels avantages reviennent à ceux qui s'y font initier. Or, je supplie mon Jésus-Christ ( s'il m'est permis de l'appeler mien ), de me guider en ces discours, lui qui inspire tout bon enseignement sur les hiérarchies. Pour vous, mon fils, selon la loi sacrée de la tradition sacerdotale, recevez avec de saintes dispositions des paroles saintes; devenez divin par cette initiation aux choses divines; cachez au fond de votre coeur les mystères de ces doctrines d'unité , et ne les livrez pas aux profanations de la multitude. Car comme disent les oracles il ne ne faut pas jeter aux pourceaux l'éclat si pur et la beauté si splendide des perles spirituelles.