IV.
Je veux rappeler encore à votre science sacerdotale que les soins providentiels et l'absolu pouvoir de Dieu furent manifestés en songe à Pharaon par l'ange des Egyptiens 1 et à Nabuchodonosor par l'ange de Babylone 2, et que Joseph et Daniel , serviteurs du vrai Dieu, et qui égalaient presque les anges en sainteté, furent préposés à ces peuples pour expliquer les visions figuratives dont la divinité leur avait à eux-mêmes appris le secret par le ministère des célestes esprits : car il n'y a qu'un seul principe de tout et une seule Providence. C'est pourquoi on ne doit pas s'imaginer qu'une sorte de hasard ait fait échoir à Dieu le gouvernement de la Judée, et qu'en dehors de son empire, les anges ses rivaux ou ses adversaires, ou même quelques autres dieux, président aux destinées du reste du monde. Certes, si on les comprend bien, nos Lettres sacrées ne veulent pas dire que Dieu ait partagé avec d'autres dieux ou avec les anges l'administration de l'univers, tellement qu'en cette division la nation hébraïque fût devenue son lot ; mais elles veulent dire qu'une même et universelle Providence ayant spécialement désigné certains anges, commit à leur garde le salut de tous les hommes, et que, parmi l'infidélité générale, les enfants de Jacob conservèrent presque seuls le trésor des saintes lumières et la connaissance du Très-Haut. De là vient que l'Ecriture, présentant Israël comme voué au culte du vrai Dieu: Il est devenu la portion du Seigneur, ajoute-t-elle 3. Et à dessein de montrer qu'à l'égal des autres peuples Israël avait été confié à l'un des anges, pour apprendre sous sa conduite à connaître le principe unique de toutes choses, elle rapporte que Saint Michel est le guide sacré des Juifs 4. Par là, elle nous fait entendre qu'il n'y a dans l'univers qu'une seule et même Providence infiniment élevée par sa nature au-dessus de toutes puissances visibles et invisibles; que l'ange préposé à chaque nation attire vers la divinité, comme vers leur propre principe, ceux qui le suivent de tout l'effort de leur bonne volonté.