I.
Mais, si bon vous semble, enfin , donnons quelque relâche à notre entendement après cette contention qu'ont réclamée nos
considérations abstraites, sur les saints anges et abaissons le regard sur le riche et varié spectacle des formes nombreuses sous lesquelles apparaissent les natures angéliques, pour remonter ensuite de la grossièreté du symbole à l'intelligible et pure réalité.
Or, avant tout, je vous ferai observer que l'interprétation mystique des figures et des emblèmes sacrés nous montrera parfois les mêmes rangs de l'armée céleste tour à tour comme supérieurs et inférieurs, les derniers comme investis du commandement, et les premiers comme soumis à des ordres, tous enfin comme ayant des puissances de triple degré, ainsi qu'on a vu. Cependant il ne faut pas croire que ces assertions impliquent aucune absurdité. Car, si nous disions que certaines natures angéliques sont gouvernées par des esprits plus nobles qu'elles régissent néanmoins, et que ceux qui ont autorité reconnaissent l'empire de leurs propres subordonnés, il y aurait vraiment là confusion de langage et contradiction flagrante. Mais si nous affirmons, non pas que les anges initient ceux-là même dont ils reçoivent l'initiation, ou réciproquement, mais bien que chacun d'eux est initié par ses supérieurs, et initie à son tour ses inférieurs, personne sans doute ne prétendra que les figures décrites dans les saintes Lettres ne puissent légitimement et proprement s'appliquer aux puissances du premier, du deuxième et du troisième ordre. Ainsi l'intention fixe de s'élever vers le parfait, l'activité constante et fidèle à se maintenir dans les vertus qui leur sont propres, cette providence secondaire par laquelle ils s'inclinent vers les natures inférieures et leur transmettent le don divin, tous les esprits célestes participent à ces qualités, mais en des proportions qu'on a déjà indiquées : les uns pleinement et avec sublimité, les autres seulement en partie et d'une façon moins éminente.